Stuck In The Sound, le plus ricain des groupes français
Le business a repris au Bota comme ailleurs avec une attention particulière accordée à la sécurité. Il convient désormais de montrer patte blanche avant de pénétrer dans le complexe de la rue Royale qui accueillait ce jeudi 31 mars Stuck In The Sound, entre militaires et forces de l’ordre armés jusqu’aux dents. Les Parisiens sont de retour avec le tout chaud « Survivor », un nouvel album qui arrive quatre ans après « Pursuit » et qui est leur première sortie sur une major, à savoir Sony Music. On y découvre une production léchée qui tranche avec la rugosité de leurs débuts. Mais lorsque l’on connaît leur réputation sur scène, c’est confiants que l’on s’est rendus à la Rotonde.
Surtout qu’ils allaient entamer les débats en force avec « Ouais », leur hit de 2009, trois guitares et une ligne de basse ronflante en avant. Une entrée en matière tonitruante, d’autant que la version proposée ira droit au but, faisant fi de tout round d’observation. « Let’s Go », dans la foulée, nous renverra vers les meilleurs moments de Nada Surf, à la fin des nineties, lorsque leur ambition n’était pas de plaire au plus grand nombre.
Emmené par Emmanuel Barichasse, un chanteur barbu (le sosie de Jérôme Colin) dont le visage restera emmitouflé dans son survêtement quasi en permanence à l’instar d’Ethan Kahn de Crystal Castles, le groupe se produit devant un logo interactif dans un environnement sobre. Il peut compter sur des musiciens hors pair parmi lesquels on retiendra un batteur impliqué et surtout un bassiste surdoué sur lequel repose l’ossature et le groove de leurs compositions (« Bandruptcy » et « Shoot Shoot » aux contours grungy).
On l’a dit, l’écoute de leur nouvelle plaque nous a laissés sceptiques et la présentation scénique des extraits ce soir va malheureusement confirmer cette impression. Au mieux pastiche des Killers (« Miracle », « Her »), c’est au rock FM américain appelé AOR (Adult Oriented Rock) de l‘autre côté de l’Atlantique qu’elles vont nous faire penser. « Lady Of The Night » et « Brother » renvoient en effet à Toto et Foreigner lorsque ceux-ci étaient les rois des radios US dans les années 80.
Ceci dit, leur énergie va compenser cette relative faiblesse (tout à fait subjective) malgré des interventions candides entre les morceaux. Ainsi, « Feelings » combinera la marque des Arctic Monkeys et des Pixies alors que le final de « Tender » sera tout bonnement excellent, au même titre que les deux titres avec lesquels ils vont clôturer le set principal, « Toy Boy » (très Shins dans la voix) et « (It’s) Friday » à la rage retenue.
On ne parlera pas de rappel car le groupe ne quittera pas la scène au moment d’entamer les deux dernières compositions indiquées sur la set-list. Un dispensable « Eyes Like Ice » précédera un « Pop Pop Pop » au final puissant malgré son titre, un peu comme si Rage Against The Machine avait répété avec des synthés plutôt qu’avec des guitares. Un sentiment assez mitigé donc, mais qui n’a visiblement pas été partagé par le reste d’un public enthousiaste à défaut d’être nombreux.
Photos © 2016 Denoual Coatleven