Entretien avec Ruyter Suys de Nashville Pussy
Quelques minutes avant d’assister pour nous à la prestation des Nashville Pussy à Rouen, le téméraire Alain Boucly et la charmante Sandrine Chatel étaient allés titiller les griffes acérées de la féline Ruyter Suys. Alain Boucly et Sandrine Chatel : Vous commencez aujourd’hui une nouvelle tournée européenne qui va durer un mois. Dans quel état d’esprit es-tu avant ce premier concert à Rouen ?
Ruyter Suys : Je me sens super bien. Prête ! Nous n’avons plus joué depuis trois semaines et nous allons voir combien de morceaux nous savons encore jouer ! Trois semaines, cela n’a pas l’air si long, alors cela devrait être facile, pas vrai ? Cela va être génial ! Il n’y a rien de tel que de remonter sur scène après avoir fait une pause. Pendant le soundcheck j’ai tout de suite pensé »Oh c’est trop bien ! C’est pour cela que je vis ! ».
A. B. et S. C. : Votre dernier disque « Ten Years Of Pussy » est sorti l’an dernier. Pourquoi avoir résumé seulement dix ans de carrière, et pas quinze ou vingt ?
Ruyter Suys : Cette compilation a été réalisée pour notre maison de disque SPV. Elle représente ce que l’on a fait de mieux pendant les dix années que nous avons passé en leur compagnie. C’est la relation la plus longue que nous ayons eue avec un label et donc il fallait que nous fassions quelque chose pour fêter cela. C’était aussi une manière de célébrer la fin de cette relation et de leur dire « merci et au revoir » !.
Mais c’est une bonne compilation et nous l’aimons beaucoup. Elle représente une bonne partie de ce que nous sommes, mais ce n’est pas un véritable best of. Elle ne représente que la moitié de notre carrière, car il y manque les meilleurs titres des trois premiers albums ! Dix ans ! Souvent, les gens nous demandent : « Vous êtes là depuis plus de dix ans ? » et ils sont surpris lorsque nous répondons « oui, cela va faire vingt ans ! »
A. B. et S. C. : Comment s’est passé la sélection des morceaux pour cet album ? Cela n’a pas été trop difficile de choisir ?
Ruyter Suys : Nous nous sommes disputés. Nous avons passé deux jours à crier les uns sur les autres et puis nous nous en sommes sortis. En fait, nous nous sommes installés devant un hôtel à Berlin. C’était le 6 novembre. Nous avions tous la gueule de bois car c’était le lendemain de ma soirée d’anniversaire. Nous étions assis devant l’hôtel avec lunettes de soleil et café, et nous avons écouté les albums. Nous avons écouté tous nos morceaux et les gens qui passaient nous entendaient discuter … « oui », ‘ »non ! », « oui ! », « c’est le meilleur morceau ! », « non ! ». Au fond, je crois que nous avions trop la gueule de bois pour pouvoir vraiment nous disputer et cela a été assez facile…
A. B. et S. C. : Quel est le bilan de ces dix dernières années pour Nashville Pussy ?
Ruyter Suys : Les dix dernières années étaient comme les dix premières : de vraies montagnes russes ! Rien du rock’n’roll. Nous ne savions pas vraiment ce qui allait se passer ensuite. La seule chose que nous savions, c’était que ça allait être super !
A. B. et S. C. : Peux-tu nous présenter Rob Hulsman, le batteur qui a remplacé Jeremy en 2014 ?
Ruyter Suys : En fait nous connaissons Rob depuis plus longtemps que Jeremy. Rob était le colocataire de Blaine (NDR : Cartwright, chant, guitare) quand ils avaient 18 ans et il était le premier batteur de Nine Pound Hammer, l’autre groupe de Blaine. C’est d’ailleurs de cette manière que j’ai rencontré Blaine, en le voyant jouer avec Nine Pound Hammer. Rob avait déjà été viré du groupe lorsque je l’ai rencontré. Il joue aussi dans certains des projets que nous avons en dehors de Nashville Pussy. Lorsque nous sommes en studio, il joue avec nous. Rob et moi, nous sommes des métalleux et lorsqu’ il a déménagé à Atlanta avec sa famille nous avons tout de suite commencé à jouer ensemble. C’est le seul mec du groupe à faire ce genre de musique avec moi. Jeremy ne l’aurait pas fait. Je me suis toujours dit »peut-être qu’un jour nous pourrons jouer ensemble ! Il est trop cool ! » Maintenant, nous jouons ensemble dans un autre groupe de Blaine, Kentucky Bridgeburners et nous avons un groupe de Rock Sudiste dans lequel il joue aussi. Et puis il y a tous les autres moments où nous jouons juste ensemble pour nous s’éclater !
Lorsque Jeremy a décidé d’arrêter de jouer, nous avons tout de suite demandé à Rob de le remplacer.
A. B. et S. C. : A-t-il intégré définitivement le groupe ?
Ruyter Suys : Non ce n’est pas définitif. Jeremy est toujours notre batteur. Mais nous n’avons aucune idée de ce qu’il fait pour l’instant ! Il ne vient pas aux concerts lorsque nous jouons à Atlanta.
Il vit dans une ferme, il a une grosse barbe et un âne ! Il s’est marié il n’y a pas très longtemps. Nous étions invités à la cérémonie. Ce n’est pas son premier mariage. Nous pensons qu’il essaye de réussir celui-ci de le faire durer ! Il se concentre peut-être sur les choses les plus importantes.
A. B. et S. C. : Votre musique est un mélange de rock sudiste, de country et de rock australien. Quels sont les groupes qui vous ont le plus influencé ? Et lesquels écoutes-tu en ce moment ?
Ruyter Suys : Rock australien ? Intéressant ! AC/DC et Rose Tattoo font forcément partie de nos influences, mais, j’écoute aussi beaucoup Lynyrd Skynyrd, qui est un pur groupe rock sudiste. J’écoute aussi de la country car c’est un peu mes racines. J’adore écouter Johnny Cash. Je réécoute du rock classique aussi… c’est un peu par périodes. Par exemple, je n’ai pas écouté AC/DC pendant quelques années et là je réécoute la période Bon Scott. C’est ma préférée ! J’aime beaucoup Brian Johnson, mais les albums enregistrés avec Bon Scott restent les meilleurs. Cela fait du bien, parfois, de faire une pause puis de réécouter et se dire « c’est toujours trop bien » !’
A. B. et S. C. : Quel est ton album préféré de Nashville Pussy et pourquoi ?
Ruyter Suys : Je pense que c’est notre troisième album « Say Something Nasty ». Sans doute parce que personne ne le connaît ! Il n’a pas été très populaire pourtant, à mon avis, tous les morceaux sont super forts ! Je ne suis pas toujours douée pour me souvenir si tel morceau figure sur tel album ou sur tel autre, mais je sais qu’il y a de très bons morceaux sur celui-là ! On pourrait même le jouer dans son intégralité sur scène et ça serait un super show !
A. B. et S. C. : Après avoir tourné avec ZZ Top, avec quel autre groupe aimeriez vous partager l’affiche ?
Ruyter Suys : D’abord je voudrais avoir une machine à remonter le temps ; revenir dans le passé pour jouer avec AC/DC. Ensuite, reculer encore un peu plus pour jouer avec Led Zeppelin et un peu plus loin encore pour jouer avec les Rolling Stones. Mais cela implique forcément une machine à remonter le temps car je ne ne pense pas que j’aimerais jouer avec ces groupes à l’heure actuelle.
Je ne sais même pas si j’ai vraiment envie d’aller voir un concert d’AC/DC aujourd’hui. J’aimerais garder intact le souvenir que j’ai d’eux. Je sais qu’ils jouent encore, qu’ils sont super, mais je sais déjà comment sera le concert et donc je n’ai plus besoin d’y aller. Mais je veux bien rejouer avec ZZ Top !
A. B. et S. C. : Quel est ton meilleur souvenir depuis la création du groupe ?
Ruyter Suys : Pas simple comme question ! Nous avons tellement de bons souvenirs. Comme, par exemple, lorsque nous avons présenté Jello Biafra, le chanteur du groupe punk californien Dead Kennedys, à Billy Gibbons de ZZ Top, c’était phénoménal ! Ou encore, lorsque nous avons rencontré Motörhead et sommes devenus amis avec Lemmy ! Je n’aurais jamais pensé que cela arriverait, car il était mon héro au lycée. Mais nous l’avons connu pendant vingt ans et c’était super. Il est même devenu fan de notre groupe !
A. B. et S. C. : Quels sont les projets de Nashville Pussy en 2016 ? Y a t-il un nouvel album en préparation?
Ruyter Suys : Bien sûr, nous préparons un nouvel album. Nous écrivons en permanence et nous devrions normalement l’enregistrer cette année. Enfin, si tout va bien et que nous arrêtons de tourner, nous pourrons enregistrer !
En plus de cela, nous remixons l’album « High As Hell ». Ce disque est paru il y a quinze ans. Le 2 mai, nous allons le ressortir pour fêter cet anniversaire ! Toutes les informations à ce sujet sont sur notre page facebook. C’est Dave Barrick, qui avait produit « Say Something Nasty », qui se charge du remix, ce qui est plutôt cool car c’est mon producteur préféré !
Nashville Pussy se produira en Belgique le 5 avril prochain, au
Magasin 4 de Bruxelles.
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Réalisation et traduction : Alain BOUCLY & Sandrine CHATEL
Photos © 2016 Alain Boucly