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Interview de Chalice


Chalice incendie les scènes belges depuis 18 ans. Pourtant, le sud du pays ignore presque tout de son existence. Une grossière erreur que nous tentons de réparer en compagnie de Chris Lagrange, son bassiste/fondateur. Music in Belgium : Pourrais-tu présenter Chalice à nos lecteurs ?


Chris Lagrange : CHALICE, chers lecteurs, est un groupe Metal belge né en 1998. Et comme nos premières répétitions se sont déroulées en mars de cette année-là, le groupe a exactement 18 ans. Dix-huit années de Metal, cela signifie (pour nous en tout cas) des line-ups différents jouant différents styles de Metal. Cependant, il y a toujours eu de l’agression, de la colère, de l’intensité, de l’émotion, de la misanthropie, de la haine et de la mélancolie dans tout ce que nous avons fait.

Nous avons enregistré deux albums (« Inner Torment » en 2006 et « There Is Nothing » en 2013), un EP (« Disentangled » en 2002) et deux CD promo. Tous nos enregistrements ont été autoproduits. Bien que toutes les chroniques consacrées à notre travail aient été prometteuses, nous ne sommes jamais parvenus à décrocher de contrat discographique.

En 2016, notre line-up est constitué de Pieter Dewulf (chant) Tim de Smedt et Nicolas Bruggeman (guitares), Niels Verbeke (batterie) et Chris Lagrange (basse). Nos répétitions ont lieu dans la région de Waregem, une ville située entre Gand et Courtrai.

MiB : J’écoute votre album « There Is Nothing » depuis plus d’une semaine et je ne suis toujours pas parvenu à y coller une étiquette. Thrash Metal, Death Metal, Death Metal Mélodique, parfois même Doom Metal. Vous semblez toucher à de nombreux styles différents. Quel est, à ton avis, le meilleur terme pour décrire votre style musical ?

C.L. : Je considère ta question comme un compliment. Jouer du Metal, cela signifie ‘briser les limites’ et pas les accepter ; ‘enfreindre les règles’ et pas leur obéir aveuglément. Jouer du Metal, c’est exprimer sa personnalité musicalement et lyriquement. Se limiter à un sous-genre, c’est se limiter en tant que groupe et en tant que musicien. Et ce n’est pas pour nous fixer des limites que nous avons démarré tout cela ! Généralement, je dis que nous jouons du Metal et que ce terme englobe une grande variété de choses. Notre musique est parfois déprimante, parfois mélodique, parfois rapide, parfois directe. Certains passages tendent vers le Thrash, d’autres vers le Doom ou le Sludge, d’autres encore vers le Black Metal. Dans notre processus d’écriture, l’une des questions importante a toujours été : ‘Est-ce que nous aimons tous les cinq ce que nous sommes en train de jouer ?’ Si la réponse est ‘oui’, alors nous continuons.

MiB : Chris, comme tu l’as dit en répondant à la première question de cette interview, le groupe à connu de nombreux changements de line-up depuis sa formation en 1998 et il semble que tu sois le dernier membre de la formation originale. Es-tu le leader/le preneur de décision/l’âme du groupe ou bien considères-tu Chalice comme une démocratie ?

C.L. : Je ne suis définitivement pas le seul preneur de décisions. Je considère Chalice comme une démocratie. Dans le processus d’écriture de nouveau matériel, c’est le compositeur qui prend les décisions, s’il y en a à prendre. Pour les autres choses, comme le merchandising, l’artwork, les enregistrements, toutes les décisions sont prises en commun. Faire partie d’un groupe exige parfois de se montrer capable de mettre sa vision personnelle de côté. Mais cela peut aussi démontrer que, parfois, 1 + 1 = 3 et c’est vraiment intéressant.

MiB : Qui est en charge de la composition de la musique ? Quelles sont ses/leurs principales influences musicales.

C.L. : L’écriture de nouvelles chansons est un effort de groupe. Généralement, l’un d’entre nous (principalement Tim, Nicolas ou moi-même) vient aux répétitions avec une idée de départ ; des riffs, des arrangements, etc. et nous travaillons dessus ensemble. Pour nous, composer une chanson, c’est un peu comme faire la cuisine. Il y a un chef cuisinier (qui peut varier en fonction de la composition) et chacun d’entre nous vient ajouter ses propres ingrédients. Cependant, lorsque le plat est prêt, chacun d’entre nous doit pouvoir être capable d’apprécier sa saveur !

En ce qui concerne les influences musicales, disons que pour en arriver à faire du ‘CHALICE-Metal’ nous avons écouté Testament, Pantera, Watain, Dissection, Opeth, Solefald, Meshuggah, Death, Rage Against The Machine, Trust, et même du vieux Hardcore et du Sludge !

MiB : Le mot ‘Chalice’ a une connotation religieuse. La religion est-elle l’un des thèmes de vos lyrics ou pensez vous simplement que ce nom sonnait bien pour un groupe Metal ? Au fait, quels sont les thèmes principaux de vos lyrics ?


C.L. : Le nom du groupe se rapporte au
‘Weltschmerz’
et à toutes ces choses de la vie que nous devons supporter ou accepter, que cela nous plaise ou non. La métaphore vient de la bible (La Passion du Christ) lorsque Jésus-Christ, en pleine agonie, montre quelques signes de faiblesse et implore son père d’éloigner de lui le ‘calice de souffrance’ tout en sachant très bien qu’il devra quand même aller jusqu’au bout du chemin…
C’est de cette manière que je vois la vie. Il y a des choses que nous pouvons contrôler ou changer, pour le bien ou pour le pire, mais il y a (beaucoup) trop de choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle. Que nous le voulions ou non, nous devons boire le vin qui est dans notre calice… et la plupart du temps, son goût est amer !
Pieter écrit la plupart des lyrics. Ses sources d’inspiration sont la laideur de l’existence, l’humanité décevante, les comportements déviants, les doutes sur le sens de la vie, la religion et les expériences personnelles. Nous ne faisons pas dans l’exhumation, le satanisme, le cannibalisme, l’exposition de nichons ou l’abus de bière.

MiB : Je suppose que chaque membre du groupe a ses propres goûts musicaux. Cependant, en tant que compositeur, pourrais tu me citer cinq albums influents sans lesquels la musique de Chalice n’aurait pas vraiment été la même ?

C.L. :

  1. Death : « The Sound Of Perseverance »
  2. Dissection : « The Somberlain »
  3. Testament : « The Gathering »
  4. Black Sabbath : « Paranoid »
  5. In Flames : « The Jester Race »

Je suis forcé d’admettre que c’est une question difficile. Si tu devais poser la même question à un autre membre du groupe, la réponse serait tout à fait différente… et c’est plus que bien pour moi !

MiB : En jetant un coup d’œil sur votre
Site Web
, je constate que vous avez joué à peu près partout en Flandres, mais que vous n’avez donné qu’un seul concert en Wallonie (NDR : à Liège en 2007). Est il difficile de jouer dans le Sud pour un groupe du Nord ? À votre avis, que pourrait-on faire pour changer cela ?

C.L. : Pour commencer, je pense qu’il est tout simplement difficile de trouver un endroit pour jouer. Nous avions beaucoup plus d’opportunités de jouer il y a 15 ans. D’un autre côté, je dois t’avouer pour être honnête que nous nous focalisons un peu trop sur la Flandre lorsque nous recherchons des concerts. Nous pourrions certainement faire mieux sur ce coup là. La scène underground wallonne nous est relativement inconnue. Mais si vous avez des suggestions, nous aimerions beaucoup traverser les ‘frontières’ et venir bruler quelques scènes en Wallonie ! Il y a une scène Belge, une ‘communauté métallique’ que l’on peut rencontrer à l’AB de Bruxelles, au Biebob de Vosselaar, au Trix d’Anvers ou au Graspop lorsque de grands groupes internationaux visitent notre pays, mais la scène underground est un peu différente, à mon avis.

MiB : L’autre chose que j’ai notée en consultant votre site, c’est que sur certaines photos, vous apparaissez sur scène avec des masques de hockey (NDR : comme le personnage de Jason Voorhees dans les films « Vendredi 13 »). Utilisez vous fréquemment ce genre de déguisements sur scène ou était-ce un ‘one-shot’ ?

C.L. : Ces photos ont été prise durant la Release party de notre album « There Is Nothing » en mai 2013, et ces masques étaient effectivement un ‘one-shot’. Mais je t’avoue que nous essayons de développer quelque chose de nouveau afin de rendre nos shows un peu plus intéressants au niveau visuel. Vous devriez venir nous voir jouer un de ces jours.

MiB : Nous avons la chance d’avoir des groupes très talentueux en Belgique. Quel groupe belge (présent ou passé) considères-tu comme le meilleur ?

C.L. : J’ai toujours aimé Channel Zero (les deux premiers albums), Ancient Rites, Amen Ra, La Muerte et Jason Rawhead. Mais il y a aussi des artistes ‘non-metal’ belges que j’aime : Jef Neve (« It’s Gone »), Customs (« Enter The Characters » et Het Zesde Metaal (« Ploegsteert »).

MiB : Penses-tu que le récent succès d’un groupe tel qu’Evil Invaders, par example, pourrait ouvrir des portes à d’autres groupes belges ?

C.L. : Ce serait bien, mais, malheureusement, il n’y a pas que le talent qui apporte le succès. Tu as aussi besoin d’un réseau étendu de connaissances, d’un bon management, d’un agent de booking et de beaucoup d’économies et de temps libre pour te consacrer pleinement à la musique. Tourner, par exemple, est quelque chose de très difficile à combiner avec un travail à plein temps et une vie de famille.

MiB : Votre dernier album en date (« There Is Nothing ») est sorti en 2013. Depuis, vous avez publié un EP promo intitulé « Closure ». Avez vous l’intention d’enregistrer prochainement un nouvel album ?

C.L. : Nous sommes en train d’écrire de nouvelles chansons. Nous avons déjà joué certaines d’entre-elles sur scène. Nous espérons faire quelques pré-enregistrements sérieux vers la fin de l’année et entrer en studio en 2017 pour enregistrer le prochain album.

MiB : L’EP « Closure » est téléchargeable gratuitement sur votre
Bandcamp
. Offrir gratuitement de la musique est il le meilleur moyen pour promouvoir un groupe de nos jours ?

C.L. : Pour nous, le groupe est un hobby. Nous sommes passionnés par la musique que nous faisons, mais nous avons tous un boulot à plein temps. Nous n’avons pas à payer nos factures avec l’argent que pourrait rapporter Chalice et donc nous partageons (gratuitement) notre musique pour toucher l’audience et les promoteurs, ce qui pourra peut-être nous permettre de jouer dans de meilleures salles. Nous gagnons un peu d’argent en donnant des concerts et en vendant des t-shirts et des CDs. Nous essayons de promouvoir notre musique en jouant live, en tenant notre
Facebook
à jour et en créant un réseau avec les autres groupes, les fans, les salles et les promoteurs.

MiB : Sur cette page Bandcamp, il est également possible d’écouter l’album « There Is Nothing » en streaming, mais pas vos sorties les plus anciennes comme l’album « Inner Torment » de 2006 ou l’EP « Disentangled » de 2002. Cela signifie t’il que vous n’êtes plus très satisfaits de ces enregistrements ? En jouez vous encore quelques extraits sur scène ?

C.L. : Nous ne jouons plus aucun titres de « Disentangled » ou « Inner Torment ». Je chéris ces chansons, les enregistrements et les mémoires qui vont avec, mais le line-up actuel (à part Pieter) n’a que très peu d’affiliation avec elles. Les deux enregistrements ont capturé ce que le groupe représentait à l’époque, en fonction du line-up, des compositions et du temps de studio qui était disponible. Nous devons également aller de l’avant. Nous continuons à jouer les compositions que nous pensons être les plus fortes et la création de la setlist est vraiment le résultat d’une procédure démocratique.

MiB : Quels seraient, pour terminer, vos plus grands souhaits pour l’avenir du groupe ?

C.L. : Nous avons défini quelques buts à atteindre. Pour 2016, premièrement : beaucoup plus de concerts… et définitivement quelques-uns un Wallonie ! Nous souhaitons aussi pouvoir bénéficier d’un processus d’écriture inspiré. Pour 2017 : des enregistrements live des meilleurs titres que nous avons composés.

MiB : Merci Chris. Chalice se produira le 9 mai prochain à
Lille
(La Rumeur, 57 rue de Valenciennes, 59000 Lille France) en compagnie de Death Control et In Purulence et
et le 23 avril à Kuurne dans le cadre du festival
Locals Metalnight
(NDR : avec Wizz Wizzard, Eternal Breath, Speed Queen et Darker It Gets).

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