WASP, la piqûre de rappel
L’acronyme W.A.S.P. pour White Anglo-Saxon Protestant désigne l’archétype de l’Anglo-Saxon, descendant des immigrants protestants d’Europe du Nord-Ouest, dont la pensée et le mode de vie ont structuré une partie de la nation américaine. Les théories autour de la suprématie auto-proclamée des WASP sont à l’origine de la création de mouvements anticatholiques, antisémites, ségrégationnistes et racistes, comme le Ku Klux Klan aux États-Unis ou l’Ordre d’Orange en Irlande-du-Nord et au Canada. Pour nous les métalleux, W.A.S.P. est aussi et surtout le nom d’un groupe de métal américain qui fait partie du mouvement glam né à Los Angeles. C’est donc bien à un concert de métal et pas à un rassemblement du KKK que je me suis rendu à Courtrai le 26 octobre dernier.
La salle De Kreun était bondée. En première partie, le groupe flamand de Speed/Thrash/Heavy Metal Evil Invaders déchire la scène avec un show hyper-vitaminé d’excellente facture. Je dois bien reconnaître que cette prestation n’a rien à voir avec celle du Olenfest que j’avais fort peu appréciée. Ici, le son est excellent et les chevelus déjantés s’en donnent à cœur joie pour chauffer la salle avant la venue tant attendue du groupe W.A.S.P. Comme Evil Invaders est à l’affiche de l’AB ce vendredi 13 novembre, je m’en voudrais de déflorer le sujet et je laisse à mes collègues qui couvriront l’événement le soin de vous en dire plus sur les prestations de ce groupe bien de chez nous qui est en pleine ascension.
C’est donc en 1982 que fut fondé le groupe W.A.S.P. célèbre pour la personnalité charismatique et anticonformiste de son leader Blackie Lawless. Toujours à la manœuvre plus de 30 ans après, Blackie (guitare et voix) est aujourd’hui accompagné de Mike Duda à la basse, Doug Blair à la Lead Guitar et Patrick Johansson (Yngwie Malmsteen) derrière les fûts. Le groupe assure la promotion de son nouvel opus intitulé «Golgotha», sorti le 2 octobre dernier.
Le mystère reste entier sur la signification de l’acronyme W.A.S.P. D’après les informations que j’ai pu glaner sur la toile, certains pensent que W.A.S.P. signifie «We Are So Perfect» ou même «We Are So Powerful». D’autres rumeurs sont allées jusqu’à avancer que cet acronyme signifie «We Are Satan’s People» ou «We Are Satan’s Preachers». Selon une autre rumeur, W.A.S.P. signifierait «We are sexual perverts». Jamais les principaux intéressés n’ont fait quoi que ce soit pour lever ne fût-ce qu’un coin du voile sur cette énigme, préférant laisser planer le mystère.
Au-delà des rumeurs et autres polémiques, revenons-en à l’essence même du groupe, c’est-à-dire sa musique. W.A.S.P. a fourni au monde du hard rock plusieurs albums de très haut niveau, à commencer par leur tout premier opus «Wasp» en 1984, et plus tard les excellents «The Last Command» (1984), «The Headless Children» (1989) et surtout le légendaire «The Crimson Idol» (1992). Suivra ensuite une période de baisse de régime avec des albums un peu moins bons. Mais le groupe ne cessera jamais de composer et d’enregistrer. Après le très bon album «Babylon» de 2009, W.A.S.P. nous revient donc en 2015 avec un opus intitulé «Golgotha» qui vient de sortir.
La scène comporte 3 écrans, un à gauche, un à droit et un à l’arrière-plan, sur lesquels seront projetés des vidéoclips du temps de la splendeur du groupe. Sur scène, le spectacle est centré sur la personne de Blackie, cheveux noirs longs, maquillage, T-shirt à l’effigie du groupe, legging avec genouillères kitch et bottes beiges à franges. L’excentricité reste de mise. Les musicos ont une tenue plus rock. Ce qui me frappe, c’est la mine sérieuse qu’ils affichent tous. Ils ne sourient guère et ne donnent pas vraiment l’impression de déborder d’enthousiasme de se trouver sur scène, tout à l’opposé du groupe précédent. Il faudra attendre quasiment les rappels pour voir le groupe se dégeler un peu. Un set humainement assez froid, assez court aussi à l’américaine. Pourtant, Blackie a toujours une très bonne voix et les musiciens sont loin d’être manchots! De plus le public était venu nombreux au rendez-vous pour les acclamer et faire la fête…
Pour vous donner une idée de la teneur musicale de ce concert, voici la liste des morceaux joués à Courtrai, dans l’ordre:
1) «On Your Knees» (extrait de l’album «Wasp», 1984)/ «Inside the Electric Circus» (extrait de l’album «Inside The Electric Circus», 1986)
2) «The Real Me» (cover des Who) (extrait de l’album «The Headless Children», 1989)
3) «L.O.V.E. Machine» (extrait de l’album «Wasp», 1984)
4) «Last Runaway» (extrait de l’album «Golgotha», 2015)
5) «Crazy» (extrait de l’album «Babylon», 2009)
6) «Arena of Pleasure» (extrait de l’album «The Crimson Idol», 1992)
7) «Miss You» (extrait de l’album «Golgotha», 2015)
8) «Hellion» (extrait de l’album «Wasp», 1984) / «I Don’t Need No Doctor» (extrait de l’album «Inside The Electric Circus», 1986)
9) «Golgotha» (extrait de l’album «Golgotha», 2015)
10) «Wild Child» (extrait de l’album «Wasp», 1985)
11) «I Wanna Be Somebody» (extrait de l’album «Wasp», 1984)
Musicalement, la plupart des albums de ce groupe atteignent des sommets du genre. Il n’y a donc rien à redire. C’était un réel bonheur pour tous les fans présents de réentendre en «live» quelques-uns des plus grands tubes du groupe et de découvrir trois morceaux extraits du nouvel opus.
Deux points négatifs sont cependant venus ternir quelque peu cette belle fête métallique:
1. Certains morceaux étaient vraiment très proches de la version originale. Quand on écoute un groupe en live, on apprécie un peu de variation.
2. Blackie surfe sur la musique qui a fait son succès dans les années ’80 et c’est bien normal. Mais la diffusion de 4 ou 5 clips le montrant du temps de sa splendeur passée donne l’impression que l’homme (au visage apparemment botoxé) accepte mal de vieillir, ce qui a un côté un peu pathétique. Conséquence: une interdiction absolue de faire des photos ou de filmer après les 3 morceaux réservés aux preneurs d’images professionnels. Aucune photo, pas même avec les GSM…
En conclusion, un bilan musical globalement positif et une salle bondée et aux anges d’avoir pu réentendre des morceaux qui resteront inscrits à tout jamais au panthéon des grands de l’histoire du hard rock.
Photos © 2015 Hugues Timmermans