KERA : tout est relatif
Les Parisiens de Kera trouvent le temps long et le tuent en jouant du Death Métal Progressif. « Il est possible que le temps soit une notion relative ; un concept abstrait qui ne serait pas perçu par tout le monde de la même manière ». J’en vois déjà parmi vous qui s’étonnent de trouver des considérations scientifico-philosophiques dans la prose d’un gougnafier dont l’esprit ne vole généralement pas plus haut que la planche du bar sur laquelle est posée sa bière.
Blâmez Kera et les rares traces laissées sur la grande toile par son étrange patronyme pour avoir désengourdi (provisoirement, nous l’espérons tous) quelques-uns de mes neurones. Comment ne pas s’interroger sur la relativité de la perception temporelle lorsque l’on apprend :
1. qu’« il a fallu beaucoup de temps aux membres du groupe pour monter ce projet »
2. que la durée qui sépare la formation du Kera (NDR : en novembre 2014) et la sortie de son premier EP éponyme (fin février 2015) est de quatre mois à peine.
« Quatre mois = Beaucoup de temps » : voici un concept révolutionnaire qui risque carrément de foutre les boules à Axl Rose.
Le plus surprenant dans cette histoire, c’est que pour un ‘bébé’ de quatre mois, Kera (le groupe) est plutôt mature et que « Kera » (l’EP) est loin d’être bâclé.

Dooweet Records, qui soutient le projet, définit le style de Kera comme du ‘Progressive Death Metal’. Death Métal, il l’est sans conteste. Les vocaux gutturaux de Flo Hetfield (NDR : si c’est bien son vrai nom) lui assurent une affiliation immédiate au club fermé des héritiers de Chuck Schuldiner. Comme celui du ‘temps’, le concept du ‘progressif’ est tout à fait relatif. Kera n’a pas grand chose de Dream Theater, de Porcupine Tree ou même d’Opeth. Décider si des titres longs et des structures changeantes sont suffisants pour qualifier un groupe de ‘Progressif’ dépendra de l’appréciation de chacun.
Les trois titres proposés ici, en tout cas, sont de qualité supérieure. Rythmiques complexes, riffs acérés, ambiances changeantes, soli fluides et vocaux hargneux se combinent pour former un ensemble riche et captivant. Une réussite qui, elle, n’a franchement rien de relatif !
Il ne nous reste qu’à espérer une sortie plus consistante. Gageons qu’avec rythme auquel Kera avance, nous ne devrons plus attendre trop longtemps !
L’EP (19’01) :
- Masters Enslaved (7’03)
- Architect Of Chaos (4’29)
- Silence (7’33)
Le groupe :
- Kevin Gastaldi : Basse, Chœurs
- Klem Baler : Batterie
- Flo Hetfield : Chant
- Thibal François : Guitares
- Arthur Heim : Guitares, Choeurs