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Drenge au Bota : the power of three

Forts d’un deuxième album très réussi et désormais accompagnés d’un bassiste à temps plein, les frangins de Drenge ont repris le chemin des salles de concert pour colporter leur bonne parole. C’est à la Rotonde du Botanique qu’ils ont posé leurs amplis ce vendredi 24 avril. Une salle qu’ils avaient déjà fréquentée en septembre 2013 devant une assistance somme toute maigrichonne. En revanche, ce soir, on n’est pas loin du sold out, preuve du bien-fondé de leur obstination. Ceci dit, La Jungle, le groupe qui allait assurer la première partie, n’y est peut-être pas étranger non plus. On parle en effet abondamment des Montois et une équipe de Télé Mons Borinage était même présente sur place pour capturer leurs faits et gestes.

La Jungle (à ne pas confondre avec le groupe de soul londonien ni le collectif de rap français), c’est le projet parallèle d’un des membres de Petula Clarck. Mais l’urgence qui est de mise au sein de ces derniers fait place à un développement sonore extrême tout en conservant les contraintes imposées, à savoir une batterie furieuse et une guitare triturée.

Essentiellement instrumental, leur math rock mélodieux à l’intensité ahurissante et aux riffs entêtants dégage une énergie communicative à laquelle il est difficile de résister. Surtout que l’usage judicieux de stroboscopes et de loops apportent par moments une vibe disco aux fausses pointes électro tout en restant purement rock ‘n’ roll (la caisse claire est abondamment utilisée). Dommage ce souci technique qui leur imposera un break forcé de deux minutes et fera retomber l’ambiance. Car le lendemain, au PacRock festival, ils ont donné une énorme claque à un public sidéré.

Avec « Undertow », leur deuxième album, Drenge ont non seulement confirmé tous les espoirs placés en eux, mais ils ont surtout franchi plusieurs paliers en parvenant à étoffer leur son. Si l’arrivée d’un bassiste (leur ami Rob Graham, ex-guitariste de Wet Nuns) parmi le line-up peut expliquer certaines choses, il ne s’agit que d’une raison partielle puisque celui-ci ne participe qu’à trois extraits de la plaque. Le rythme soutenu des tournées et leur relocalisation à Sheffield (en provenance du bled de Castleton) en sont deux autres. Et si c’était tout simplement le talent des frères Loveless qui était à la base de ce surprenant élan de maturité.

Rassurez-vous, ils n’ont rien perdu de la rugosité qui les caractérise, comme vont le témoigner d’emblée « Running Wild » et l’excellent « Side By Side », deux titres d’intro travaillés qui vont déjà nous démontrer combien la basse additionnelle apporte du relief à l’ensemble. Un bassiste qui va également s’improviser choriste de temps à autre, comme sur le très couillu single « We Can Do What We Want ».

Si les frangins limitent la communication au strict minimum, ce n’est que pour mieux laisser s’exprimer leurs instruments. Ainsi, Rory (le batteur géant) prend littéralement son pied derrière un kit qu’il ne ménagera à aucun moment tandis qu’Eoin (le guitariste à la coiffure d’écolier) s’en donne à cœur joie sur ses pédales à effets. Mais l’enseignement le plus pertinent est que ce dernier a intensivement travaillé sa voix ces derniers mois.

Ainsi, des titres comme « The Snake » ou l’impeccable « Never Awake » (à la fibre Sonic Youth marquée) n’auraient certainement pas donné aussi bien au Pukkelpop l’an dernier, par exemple. En revanche, on n’est pas trop fan lorsqu’il force un peu trop sur son organe vocal, à l’instar du bluesy « Standing In The Cold » malgré un final enlevé très réussi.

Un environnement sobre constitué de rampes verticales de mini spots permet d’essentiellement se concentrer sur le groupe en action. Pour la petite histoire, celles entourant le batteur tanguaient dangereusement à chaque coup de baguette, notamment sur le très brut « Favourite Son ». Ceci dit, n’oublions pas non plus les extraits du premier album, plus crasseux mais tout aussi bonifiés par la nouvelle configuration du groupe. On aura particulièrement apprécié le stoner « Gun Crazy », le puissant « Backwaters » et le toujours aussi efficace « I Wanna Break You In Half ».

La fin du set sera d’ailleurs exclusivement consacrée à des extraits de « Drenge ». Un « Face Like A Skull » bien ficelé introduira un salace « Fuckabout » derrière des airs romantiques qu’un allongé à l’extrême « Let’s Pretend » viendra supplanter dans un déluge de décibels. Pas besoin de rappels dans pareilles circonstances. La Last Arena risque de trembler sur ses bases le 17 juillet prochain au Dour Festival.

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