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Fat White Family à la Rotonde : Sex & drugs & rock ‘n’ roll


Prévu au début du mois d’octobre dernier et annulé pour raisons de santé, le concert de Fat White Family a finalement eu lieu ce vendredi 13 février dans une Rotonde chaude comme la braise. Il est vrai que la réputation scénique des Anglais a depuis longtemps dépassé les frontières britanniques. Autant dire que l’on n’a pas été déçus…

Il s’agissait également d’une bonne nouvelle pour la première partie, The Voyeurs, qui se sont retrouvés par deux fois sur le carreau en l’espace d’autant de mois. Déjà prévus pour la date d’origine, ils ont également subi de plein fouet les conséquences de l’annulation du concert de The Horrors au Depot de Leuven le mois suivant.


Ceci dit, on avait déjà eu l’occasion de les voir à l’œuvre avant Toy à Gand voici presqu’un an. A l’époque, ils s’appelaient encore Charlie Boyer & The Voyeurs mais le leader a décidé de mettre son ego de côté avant la sortie du deuxième album, « Rhubarb Rhubarb », à l’automne dernier. Ou plutôt d’officialiser un processus de création collectif plutôt que d’un seul homme comme cela avait été le cas sur « Clarietta », le premier effort du groupe en 2013.

Plus riche musicalement, il ne comporte plus uniquement des influences psyché ou krautrock, bien que celles-ci soient toujours présentes en filigrane, grâce notamment à un clavier sixties entêtant. En effet, il emprunte des directions surprenantes qui mènent vers le glam rock (« Train To Minsk »), la soul (la plage titulaire) ou la dream pop (« England Sings Rhubarb Rhubarb » à l’excellente ligne de basse) en variant les plaisirs.

Mais il a également aidé les cinq Londoniens au look disparate (et sérieusement androgyne dans le chef du guitariste et du claviériste) à durcir leur son sur scène. Le bémol sera que malgré une énergie évidente, le tout paraîtra finalement assez brouillon ce soir, d’autant que la voix sera trop souvent noyée dans la masse. Gageons que tout se mettra en place le jour où ils se produiront en tête d’affiche…

« The most dangerous band in Britain » selon le NME qui les a placés en couverture de leur édition consacrée aux groupes à surveiller en 2015, « They’re chaotic and out of control » d’après Sean Lennon qui les a accueillis à New York après leur visite au festival SXSW d’Austin et qui coproduira leur deuxième album prévu pour l’été prochain. Autant dire que le caractère bad boys de Fat White Family n’est plus à démontrer.


Le public est en tout cas prêt à en découdre et au léger round d’observation que constituera « Auto Neutron » vont déjà succéder les premier pogos dans une Rotonde transformée en chaudron. Il faut dire que l’imparable « Is It Raining In Your Mouth? » a tout d’un hymne indie. On vous laisse imaginer la métaphore qui est passée par la tête du déjanté leader Lias Saoudi au moment de composer le titre en question… Celui-ci exhibe déjà un torse imberbe sur lequel est maladroitement tatoué un cœur. Intenable et habité, il va intensément vivre le concert (imaginez un Jim Morrison épileptique défoncé au speed) devant une banderole arborant le logo du groupe rassemblant une tête de cochon, une faucille et un marteau.

Ses cinq compères ne sont pas mal dans le genre non plus (Sean Lennon les décrit comme « des personnalités extrêmes »), à l’instar du guitariste qui plongera dans la foule avec son instrument et qui, entre les coups, videra le pichet de vin qui se trouve sur son ampli. Le leader, lui, préfère le boire au goulot et varier les breuvages (on aurait dit qu’il avait un bar à disposition sur le côté de la scène).


Musicalement, cela reste somme toute basique et on pense souvent aux compilations Nuggets (« Heaven On Earth », « Wild American Prairie ») grâce à un esprit garage omniprésent, même si des variations apparaissent ça et là (le psyché « Cream Of The Young », le possédé « Wet Hot Beef »). D’une manière générale, les compositions prennent une couleur rugueuse qui n’a plus rien à voir avec les versions enregistrées (le premier album, « Champagne Holocaust » date de 2013). S’ils n’ont pas la prétention de détenir l’avenir de la musique entre leurs instruments, il n’empêche que l’esprit rock ‘n’ roll extrême qu’ils cultivent empêche le show de tomber dans la monotonie.


Le public va également y aller de son côté rebelle, bravant à tout va l’interdiction de fumer (on surprendra même un spectateur en train d’allumer la cigarette du chanteur). Pendant les morceaux, cela joue des coudes dans un moshpit de plus en plus imposant. A ce propos, « Bomb Disneyland » va se transposer à la Rotonde dans un final frisant le chaos au terme duquel le groupe quittera la scène après 45 minutes de prestation.

Contre toute attente, ils ne reviendront pas et le déluge de sifflets qui accompagnera le retour des lumières sera proportionnel aux gobelets de bières qui atterriront sur la scène. Profitant d’une seconde d’inattention de la part du service de sécurité, des groupies fileront même en direction des backstages avant une évacuation en règle de la salle. Même si Lias paraîtra moins fier au bar en toute fin de soirée, les Fat Whites auront fait honneur à leur réputation.

Photos © 2015 Denoual Coatleven

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