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Les Arctic Monkeys s’envoient Forest National


Avec « AM », leur cinquième N°1 anglais en autant d’albums, les Arctic Monkeys continuent à consolider leur statut de groupe indépendant au crossover réussi tout en conservant brillamment leur crédibilité. Ils étaient de passage dans un Forest National ultra complet ce samedi 9 novembre.

Pourtant, il s’en est fallu de peu pour que ce concert n’ait pas lieu. Alex Turner a en effet traîné jusqu’en début de semaine dernière une laryngite qui a conduit au report des prestations de Birmingham, Glasgow et Sheffield alors que celle d’Offenbach a purement et simplement été annulée. Ils étaient toutefois bel et bien présents à Bruxelles avec le groupe qui les accompagne à travers l’Europe, The Strypes.


Ces quatre gamins irlandais (ils ont entre 16 et 18 ans) semblent avoir été nourris au son du blues rock de leurs grands-parents qui devaient idéaliser les Rolling Stones à leurs débuts. Leurs sets sont d’ailleurs truffés de covers de l’époque qu’ils interprètent avec une étonnante maturité grâce à laquelle ils se sont extirpés du circuit des pubs locaux (où ils ne peuvent pas encore commander d’alcool). Ce soir, ils vont prendre un public déjà bien nombreux à la gorge.

C’est en effet la fougue qui va caractériser leur prestation. Coupes au bol dignes du début des 60’s, harmonica et son volontairement daté, on se croirait plongé cinquante ans en arrière. Même leurs compositions originales (ils ont sorti récemment un premier album, « Snapshot ») ont été créées dans la même veine, loin de tout instrument non analogique. Le problème, c’est que tout semble être dit après un quart d’heure et, mis à part des éclairs de génie (comme les reprises du « You Can’t Judge A Book By The Cover » de Bo Diddley et du « Heart Of The City » de Nick Lowe), on a l’impression de tourner en rond. Laissons-leur toutefois le bénéfice du doute en se rappelant que sur le premier album des Stones en 1964, on ne trouvait qu’une seule composition signée Mick Jagger et Keith Richards

Les Arctic Monkeys ont donc sorti « AM » début septembre, un solide cinquième album qui n’est pas loin d’être leur plus abouti, ou tout au moins leur plus équilibré. Alex Turner y peaufine sa plume alors que musicalement, les sonorités n’ont sans doute jamais été aussi variées, quitte à sortir des sentiers balisés. A titre d’exemple, le leader soutient mordicus l’influence de Dr. Dre sur certains titres et, à l’écoute du groovant (sexy ?) « Do I Wanna Know ? » qu’ils vont jouer d’entrée et au single « Why’d You Only Call Me When You’re High ? » un peu plus tard, on a tendance à lui donner raison.

Entre-temps, « Brianstorm » aura envoyé une partie du public au casse-pipe, « Dancing Shoes » rappellera l’énergique candeur de leurs débuts alors que « Don’t Sit Down ‘Cause I’ve Moved Your Chair » et « Crying Lightning » étaleront une assurance de plus en plus marquée. Résultat, en vingt minutes, ils se seront déjà arrêtés sur chacun de leurs albums. Derrière les musiciens, deux immenses lettres (A et M, bien entendu) vont illuminer la scène au gré des délires du préposé aux lumières.


Alex Turner, bad boy comme jamais (on le soupçonne tout de même de se donner un genre) arbore toujours cette houppette qu’il recoiffera notamment pendant « Arabella » (oui, il a un peigne dans sa poche…). Sans guitare durant l’une ou l’autre chanson, il en profitera pour faire le paon devant des spectatrices en furie (l’une d’entre-elles lui lancera même son soutien-gorge). Derrière lui, Matt Helders, le batteur devenu massif, apparait de plus en plus comme le ciment du groupe, bien que l’on se demande toujours la signification des chiffres 0114 inscrits sur sa grosse caisse.

Preuve qu’ils sont particulièrement fiers de leur nouvel album, ils vont en jouer dix extraits (sur douze) parmi lesquels « One For The Road » et « Fireside » dont les intenses versions sur scène vont aisément surpasser celles du disque. En revanche, on ne cautionnera pas les spectateurs qui formeront un cœur avec leurs doigts tout en balançant leurs bras de gauche à droite au son de « No.1 Party Anthem ». On était à un concert d’Arctic Monkeys, pas à un prime de The Voice, que diable !

A ce propos, si l’on excepte le toujours aussi efficace « Fluorescent Adolescent », la fin du set sera plus sage avec notamment une version ralentie de leur hymne « I Bet You Look Good On The Dancefloor » et une autre pseudo acoustique de « Cornerstone ». Les musiciens quitteront la scène une première fois au terme d’« I Wanna Be Yours », sans doute le titre aux paroles les plus bizarres de la plaque (« I wanna be your vacuum cleaner » et « Let me be your coffee pot » pour ne citer que les plus cocasses) mais à la profondeur bien réelle, renforcée par une pluie d’effets spéciaux lumineux dans l’antre de Forest National.

Mais la soirée n’était pas finie pour autant car les rappels allaient valoir le détour eux aussi avec une réinterprétation de « Mardy Bum » en slow crapuleux au milieu de deux dernières incursions au sein de « AM ». « Snap Out Of It », bien plus rugueux que sur le disque, et le furieux « R U Mine ? » qui va mettre la salle à genoux une dernière fois. Si certains regretteront l’absence de certains hits ou du classique final « 505 », il convient de d’insister sur le fait que les Arctic Monkeys sont enfin devenus captivants et convaincants sur scène alors que cela n’a pas toujours été le cas. Loin de là, même…

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Photos © 2013 Bernard Hulet

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