Une soirée de ouf avec MUMFORD AND SONS
Après un petit sept kilomètres de bouchons, j’arrive enfin au Sportpaleis d’Anvers, et ce, vers 18h15. Je vais assister à un concert que j’attendais avec impatience, celui de Mumford and Sons. Il y a déjà pas mal de personnes qui font la queue devant l’entrée, le sourire est aux lèvres, les fans sont présents. Je me dirige vers le guichet, je reçois mon ticket et je vais m’asseoir tranquillement pendant que les fans se dépêchent dans la fosse pour être le plus prêt possible. C’est mon troisième concert d’affilée en trois jours. Il faut dire que ce concert était initialement prévu au Lotto Arena, salle voisine du Sportpaleis, mais les places se sont envolées en moins de dix minutes. Il a donc été déplacé au Sportpaleis et là, le reste des places est parti comme des petits pains. Alors le fan qui a obtenu sa place, il y tient. Il y a deux premières parties et pas des moindres : Half Moon Run suivi de Mystery Jets, deux groupes montants qui ont déjà un certain succès. La salle est décorée au plafond de nombreuses guirlandes lumineuses.
Half Moon Run débutera sa première partie à 20h précises. Je sais que Marie Lyn, une amie lilloise est au taquet et au premier rang pour supporter comme elle le dit si bien avec bon coeur ses doubitchous. Beh, les doubitchous, ils sont impressionnés au début par l’ampleur de la salle, mais en professionnels qu’ils sont, ils vont vite marquer le coup avec leur prestation de classe. La tâche est des plus ardue, car le son n’est pas au top au Sportpaleis.
Half Moon Run est une valeur montante du folk-rock. Le trio canadien originaire de Montréal connaît une ascension fulgurante depuis la sortie de son album « Dark Yes » porté en avant par le single « Full Circle ». À la barre, nous avons Devon Portielje qui chante et est à la guitare, Dylan Philips qui est batteur et claviériste et Conner Molander qui chante, est à la guitare et aux synthétiseurs. Ce groupe canadien fait une musique aux harmonies vocales recherchées aux accents folk soutenant les envolées vocales parfois psychédéliques et mélancoliques du groupe. Leur musique est un mélange subtil d’indie rock, pop, folk avec une touche classieuse d’électro. Leur musique est déjà très mâture (âge entre 21 et 25 ans) et en plus elle est harmonieuse et les compositions sont très léchées. Le groupe déploie ses compositions aux guitares atmosphériques, essentiellement basées sur une rythmique omniprésente exécutée généralement à deux batteries.
Nos trois Canadiens débutent avec « 21 Gun Salute » qui commence tout en douceur avec une montée en graduation et une superbe envolée vocale qui rend cette chanson assez harmonieuse. Je pense que Marie Lyn jubile déjà. C’est plaisant et de toute beauté, il faut le reconnaître. Après une ovation bien méritée, le trio passe à « Judgement » avec une réelle montée en puissance, la voix est magnifique. La musicalité est présente. Le prochain morceau est « No More Losing The War ». Là, je commence à apprécier. Nos Canadiens passent d’un instrument à l’autre sans problème et cela fait plaisir à voir. Ils sont vraiment à l’aise sur scène. Ils passent ensuite à je pense une nouvelle composition. S’ils continuent ainsi, ils vont mettre le feu à la scène. Le public un peu plus présent est très attentif. À la fin du morceau, le public conquis applaudit avec un réel enthousiasme. Le trio passe ensuite à « Call Me In The Afternoon ». La soirée va être longue, donc il faut un peu de douceur. Pas de dance floor à proximité pour exercer ses talents avec sa partenaire. L’écoute est quand même attentive, les jeunes prodiges ont du talent. Le set va se terminer par « Full Circle », morceau qui a lancé le groupe et qui est de toute beauté. On passe ensuite à « She Wants To Know ». Le bonheur devient réalité, le trio n’hésite pas à libérer les sons des guitares électriques. Ils remercient le public déjà nombreux et s’en vont après une prestation de 30 minutes. Il s’agit déjà d’une bonne mise en bouche pour préparer la venue des stars de la soirée.
Mais, avant leur venue, nous allons en avoir pour notre argent avec une seconde première partie : Mystery Jets, encore un groupe plein de potentiel. Ce groupe britannique de rock indépendant, formé à Eel Pie Island, nous vient du quartier de Twickenham à Londres. Le groupe est formé de Blaine Harrisson (chant, guitare et synthétiseur), de Kai Fish et William Rees (guitare, choeur et chant), de Pete Cochrane à la basse, de Keiran Morris au clavier et enfin de Kapil Trivedi à la batterie. Il faut dire que Mystery Jets n’est pas novice sur la planète rock et y est actif depuis 2004. Ils ont sorti quatre albums : « Making Dens » en 2006, « Twenty One » en 2008, « Serotonin » en 2010 et enfin « Radlands » en 2012.
On commence à 20h45 par une intro avec un son de guitare hawaïenne, juste avant que le groupe occupe l’avant-scène et débute « Someone Purer » qui commence le set des Anglais. Ce morceau est issu du nouvel opus « Radlands ». On débute tout en douceur, les trois guitares sont présentes. On passe ensuite à trois morceaux que je ne connais pas. Les musiciens ont sorti leurs belles vestes à frange, ce qui pourrait évoquer un look et une ambiance country, ce qui sera loin d’être le cas. Cette deuxième partie de soirée va prendre un véritable tournant beaucoup plus rock surtout lorsque les trois guitares vont véritablement s’emballer sur des titres plus efficaces les uns que les autres et qui sont d’une musicalité convaincante. Le chanteur Blaine Harrisson, qui est assis durant tout le set, a une voix très jolie et parfois haut perchée. Ils terminent leur concert par « ‘Radlands » qui est un peu plus calme et blues. Un petit peu de douceur avant d’attaquer le clou de la soirée.
Les deux groupes ont très bien rempli leur contrat soit chauffer le public et faire monter la pression pour l’arrivée de la tête d’affiche. Le Sportpaleis est maintenant complet. Le groupe Mumford And Sons est un groupe de folk-rock anglais formé en 2007. Il est composé de Marcus Mumford (chant, guitare, batterie et mandoline), de Marschall (Country) Winston (chant, banjo et dobro), de Ben Lovett (chant, clavier et accordéon) et enfin de Ted Dwane (chant, contrebasse et basse). La tournée s’appelle Gentlemen Of The Roas Town. Ils sont là pour défendre et présenter leur très bon album « Babel » sorti en 2012. Toutes les chansons de cet opus sont tellement abouties que ce sont toutes des numéros un en puissance.
Les compositions sont toujours plus entraînantes et taillées pour enflammer les foules. Cet opus est la suite logique du premier, « Sigh No More », qui est sorti en 2009 et qui a fait leur succès aux USA et le buzz sur internet. À 21h55, le rideau rouge avec l’effigie de la tête au chapeau haut de forme présent sur le CD « Babel » s’éclaire enfin. Les ombres de nos quatre stars sont présentes. Le rideau tombe et ils entament en force « Babel ». Il ne faut même pas la moitié de la chanson pour que toutes les personnes assises se lèvent, mais bien toutes et ce sera une ambiance du tonnerre et des ovations jusqu’à la fin. Le public est chaud, les artistes aussi.
Marcus nous dit bonjour avant d’entamer avec brio « Little Lion Man ». Le public est très chaud et reprend en choeur la chanson. C’est fou et pas une fausse note. Pour le refrain, c’est dément. Le public est debout et frappe des mains. Toutes les guirlandes du plafond sont allumées comme pour inciter le public à continuer. Pour « Winter Winds », ils sont dix sur scène, soit la section des trois cuivres, un violoniste, un contrebassiste et un guitariste acoustique et nos talentueux compères. On est dans l’Irlande profonde. Les cuivres marquent le pas et c’est un premier point fort de ce concert qui a débuté en force. Les cuivrent terminent la chanson en beauté comme elle a commencé. On passe ensuite à « Whispers In The Dark ». Cette chanson, je l’adore. Winston Marshall prend quant à lui sa position de banjo hero et son instrument mène la danse. Le public recommence à frapper des mains, l’ambiance est repartie vers le haut. Marcus donne de la voix, de sa position arquée et si particulière. C’est magique.
C’est un début en douceur pour « White Blank Page » où Marcus reprend à capella avec le public murmurant, et en parfaite communion, les premières paroles. Ben fait envoler très haut les notes qu’il sort de son piano. J’en ai froid dans le dos. Les voix des quatre artistes sont fédératrices pour « Below My Feet ». Une belle ballade, il faut se reposer un petit peu, mais le public à point applaudit du début à la fin. Des croix de lumières s’allument en avant-scène. Avec « Timshel », on continue dans la tendresse et la musicalité. Marcus gratte délicatement sa guitare, les quatre voix sont là pour entamer cet hymne folk qui a fait leur succès. Marcus est toujours un niveau au-dessus des trois autres avec sa voix. On est reparti avec « The Cave » pour une communion complète entre le public et les artistes. Un nouveau moment fort en intensité dans ce concert plus que parfait. C’est quand même leur premier hymne fédérateur.
Marcus s’installe à la batterie pour « Lover Of The Light ». Cet instrument est assez peu utilisé par le groupe, mais il a tendance à servir de plus en plus. La version est plus pop et dansante. Le public suit et chante encore et toujours. Le folk survolté et super vitaminé de Mumford and Sons ne peut que plaire. Une introduction de cuivres divaguant sur un piano cabaret annonce « Thistle And Weeds », toutes les lumières sont bleues. Nous évoluons dans une atmosphère grave et pesante pour s’échapper dans un final enlevé et très électrique. La voix est grave et chevrotante. Encore une chanson qui peut être numéro un, soit « Ghosts That We Knew ». Elle vous donne des frissons dans le dos. Cette fois-ci, les solos de violon survolent la voix de Marcus, toujours bien présente. Celle-ci vous interpelle et vous donne des frissons. Une chanson pour les foules avec ce « Hopeless Wanderer » qui commence tout gentiment pour se terminer en envolée électrique.
« Awake My Soul » vous met les boules, il touche l’âme au plus profond. Encore une chanson country de derrière les fagots. « Holland Road » suit tout logiquement. Nous partons dans les grandes plaines des USA avec « Roll Away Your Stone ». Il s’agit de leur morceau le plus country où Winston, le banjo man, peut s’exprimer pleinement. Nouvel hymne fédérateur pour « Dust Bowl Dance », le public est debout et jumpe avec bonheur. C’est la fin du concert, mais pour moi le meilleur, car encore une fois les artistes font corps avec le public. Pour le rappel, nos quatre artistes quittent la scène pour venir interpréter dans la fosse près de la table de mixage deux chansons de toute beauté et sans électricité : « Reminder » et « Sister ». Marcus demande le calme et le groupe entame ces deux belles chansons. C’est rare de voir cela dans une salle aussi grande. Un moment intime pour un concert généreux. Retour sur la scène pour un final en beauté avec « I Will Wait ». Celui-là, je veux bien l’écouter en boucle pendant des semaines.
Ce fut un concert de ouf, riche en générosité et en intensité. La communion était parfaite du début à la fin entre les artistes et le public. J’ai apprécié, mon dernier concert d’une telle intensité était Coldplay au même endroit. Le son était parfait.