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YUCK ou le revival grunge dans toute sa splendeur

Ambiance des grands soirs ce lundi 17 octobre à l’Ancienne Belgique. Cela faisait en effet bien longtemps que l’on n’avait plus vu une file aussi longue et disciplinée devant la salle bien avant l’ouverture des portes. La majorité de ces personnes avait réussi à commander un ticket pour le concert de reformation de New Order. En ce qui nous concerne, direction le Club en compagnie des prometteurs Yuck… Ce sont les Anversois de Deadsets qui avaient été choisis pour débuter la soirée. Il s’agit d’un groupe de six musiciens dont cinq jouent de front, laissant le seul batteur isolé à l’arrière de la scène. Ce dernier se la coule assez douce par moments (cela lui arrive même de taper la mesure avec des maracas), mais lorsqu’il attrape des baguettes, il installe une ambiance nerveuse, complémentaire à l’utilisation de trois guitares bien crasseuses.

La voix claire du leader (qui fait de loin physiquement penser à Damon Albarn) chapeaute des compositions que l’on dirait inspirées autant de dEUS que de Balthazar, avec des incursions furtives dans l’univers de Nirvana. Quoi qu’il en soit, l’ensemble parvient à rester cohérent et même à devenir prenant quand ce n’est pas tout simplement excellent. On pense notamment à l’impressionnant titre qui a clôturé trente minutes d’excellente facture. Une première partie qui valait clairement le détour.

Après leur passage à la Rotonde du Botanique fin février, on aurait dû revoir Yuck au Pukkelpop (ils étaient prévus au Club le samedi en début de journée). Mais les éléments en ont décidé autrement. Qu’à cela ne tienne, l’attente était d’autant plus forte puisqu’entre-temps, leur premier album éponyme est sorti et leur réputation n’a fait que grandir. Mentionnons que les deux guitaristes, Daniel Blumberg et Max Bloom, faisaient à l’époque partie de Cajun Dance Party, un groupe issu de la scène juvénile anglaise de 2007 et dont le seul album, « The Colourful Life », n’a absolument rien à voir avec la musique qu’ils plébiscitent aujourd’hui.

En effet, leurs influences sont clairement à chercher du côté de Seattle au début des années 90, à l’instar de Cage The Elephant (qui sont passés dans cette même salle en juin dernier). Ceci dit, la réédition de « Nevermind » à l’occasion du vingtième anniversaire de sa sortie n’est sans doute pas étrangère au regain d’intérêt pour le grunge, même si, dans le cas présent, on pense par moments davantage à Pavement qu’au groupe de feu Kurt Cobain.

Visuellement, ce qui frappe le plus, c’est la coiffure à la Marouane Fellaini de l’impressionnant batteur Jonny Rogoff dont les baguettes ressemblent à des allumettes entre ses paluches. Dans une moindre mesure, la bassiste Mariko Doi n’a peut-être pas la grâce de celle des Subways, mais son instrument ne se fond pas simplement dans la masse. Accrochée à l’arrière de la scène, une pancarte dessinée à la main précise la démarche do-it-yourself d’un groupe spontané qui va confirmer les bons espoirs placés en eux à l’époque.

Ainsi, ils vont débuter sur les chapeaux de roue avec « Holing Out », plaçant la barre d’emblée assez haut. Sans surprise, une bonne partie de l’album sera passée en revue et des titres comme « The Wall », « Georgia » et surtout l’excellent « Get Away » sont joués avec une conviction qui a décuplé en l’espace de huit mois. Et leur faculté de rendre accessible des titres qui ne le sont pas forcément à la base les range dans une catégorie proche de celle des Pixies, une autre de leurs influences majeures. Tout comme Sonic Youth, d’ailleurs, qui n’auraient certainement pas renié « Rubber » dont le final sera tout sauf mélodieux.

Mais la facette qui rend les Londoniens attachants se cache peut-être derrière des compositions plus calmes, un peu comme Teenage Fanclub pouvaient en composer à la pelle dans les années 90 (on pense ici au très bon « Shook Down » et à « Milkshake »). Résultat, ceux qui ont choisi de monter au premier étage de l’AB auront vu un groupe qui a encore pas mal de choses à accomplir alors que ceux qui se trouvaient dans la grande salle ont plutôt regardé dans le rétroviseur. Qui a fait le bon choix ?

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