La soirée d’ouverture des Nuits Botanique avec WE HAVE BAND et PIANO CLUB
Comme chaque année à pareille époque (en tout cas depuis 2004), les Nuits Botanique rythment durant une dizaine de jours l’actualité musicale bruxelloise. Cette année particulièrement, une affiche aussi pléthorique qu’intéressante et éclectique ravira les plus exigeants. Lors de la soirée d’ouverture ce vendredi 7 mai, direction l’Orangerie avec trois groupes au programme : Tanlines, Piano Club et We Have Band. C’est donc Tanlines qui avait l’honneur d’ouvrir ces Nuits, un duo de Brooklyn de passage pour la première fois en Belgique. Complètement inconnus par ici, ils pratiquent une sorte d’électro pop psychédélique expérimentale aux relents orientaux, ce qui nous amène à penser que leurs origines doivent provenir de nettement plus loin que New York.
Derrière une immense console aux appareils plus sophistiqués les uns que les autres, l’un (Jesse Cohen) s’amuse à lancer les beats préenregistrés tandis que l’autre (Eric Emm) s’occupe des riffs de guitare et des vocaux, que l’on pourrait assimiler à de la world music, un peu comme Fool’s Gold la popularise actuellement. Si ce n’est qu’ici, la voix (pas le physique) fait plutôt penser à Youssou N’Dour ou à Mory Kanté et qu’elle est malheureusement trop souvent noyée dans les beats. A la limite, c’est lorsque les titres sont exclusivement instrumentaux (comme celui avec lequel ils ont terminé leur set) qu’ils sont les plus réussis. Avec l’inconvénient majeur que l’ensemble manque cruellement de chaleur. Au rayon curiosités, pointons la voix de Jesse, véritable speaker radio lors de ses interventions entre les titres, interventions effectuées sur des nappes live dont on se demande bien l’utilité. Pour les curieux, ils seront de retour en Belgique le 23 mai au festival gratuit Sinxen Vlas Vegas à Courtrai.
Les seconds à monter sur scène, Piano Club, nous devaient une revanche. En effet, leur dernière visite dans cette salle, aux Nuits du Soir en septembre dernier, ne nous avait franchement pas convaincus. A leur décharge, il s’agissait à l’époque de leur premier concert avec le nouveau line-up (Julien Paschal, ex-Sharko, s’était rajouté à la batterie tandis que Gaëtan Streel, alias Mr Poulpy, avait pris possession de la basse). Depuis, pas mal d’eau a coulé sous les ponts puisqu’ils ont sorti leur premier album, «
Andromedia« , arrivé juste à temps pour les Nuits.
Un album surprenant, certes, mais truffé de moments de qualité qu’il faut apprendre à maîtriser (à ce propos, vous lirez bientôt l’interview que le groupe nous a accordée avant le concert). Cela dit, c’est bizarrement avec « Your Sadness », un titre issu du EP bonus téléchargeable gratuitement via leur site qu’ils vont débuter leur set. Mais à bien y réfléchir, il s’agit là d’un bon choix. Idéal en tout cas pour se mettre en place…
Suivra « Love Hurts », qui va véritablement lancer la machine, morceau pop (mais pas trop) au riff qui tue et à la voix modulable d’Anthony Sinatra, qui rendent le morceau irrésistible. C’est en tout cas une constante sur leurs singles car comme expliqué plus haut, certains extraits de l’album peuvent paraître bizarres (c’est d’ailleurs de cette manière que sera annoncé « Honeymoon ») et, ce soir, ils n’ont peut-être pas choisi les titres les plus évidents (on aurait préféré « The Great Enigma » à « The Lost Words » ou « Elephant In A Room » à « New Voices, New Visions » par exemple) mais la raison principale réside sans doute dans le fait que leur temps était limité à une petite quarantaine de minutes. Sans surprise, c’est avec le toujours aussi efficace « Girl On TV » et le dernier single « Not Too Old » que le groupe liégeois a recueilli le plus de suffrages. On a amorcé une réconciliation, mais c’est plutôt lors d’un concert sans contraintes que notre verdict définitif sera rendu.
Place ensuite à We Have Band, un trio londonien que l’on avait découvert en début d’après-midi aux Ardentes l’an dernier. Ils étaient ensuite repassés par la Rotonde en septembre et se produisaient donc en tête d’affiche ce vendredi soir. Leur premier album, «
WHB« , est également sorti récemment et c’était donc la première fois que l’on pouvait les juger en connaissance de cause.
La première chose qui frappe, c’est la ressemblance perturbante qui entoure les morceaux joués ce soir (par rapport aux versions studio). A de rares exceptions près, on remarque qu’ils ne prennent pas énormément de risques et sont loin de se lancer dans des improvisations. Cela dit, les titres tiennent la route, grâce surtout au surhomme qu’est Darren Bancroft, un type qui arrive à battre la mesure (debout) avec une demi-batterie tout en chipotant à un séquencer et en assurant les vocaux d’une justesse remarquable (on pense un peu à Kele Okereke de Bloc Party). A ses côtés, le bassiste (et seconde voix) Thomas WP dégage beaucoup moins d’aura, sauf quand il troque sa basse contre une guitare (pour notamment un excellent « WHB » qui fait très Jam). Ne parlons pas de son épouse DeDe WP, genre d’Els Pynoo (Vive La Fête) en moins extrême (en tout cas dans l’habillement) dont on se demande toujours son rôle au sein du groupe. En effet, elle ne chante qu’à de rares occasions et à part se dandiner et tapoter sur un clavier, on a l’impression qu’elle sert plus de mascotte qu’autre chose.
Musicalement, on se retrouve dans la pop synthétique des années 80 (on pense fréquemment aux Pet Shop Boys ou à New Order), mais cela fonctionne et ils ont réussi à mettre le feu et à transformer l’Orangerie en une grande piste de danse. Il est vrai qu’avec des titres comme « Divisive », « How To Make Friends » ou « Love, What You Doing? », on ne peut que se laisser emporter. D’ailleurs, une mini invasion de scène (orchestrée par le chanteur des Donnet’s) a bien failli dégénérer. Ils ont terminé le set principal avec « Oh! », une bombe électro dont ils ont le secret avant des rappels orientés dancefloors (« Honey Trap » entre autre et -enfin- la voix distincte de la miss) qui anticipaient l’after party dans le Café Bota. C’est parti pour dix jours de folie…
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Photos © 2010 Bernard Hulet