Le phénomène MUMFORD & SONS à l’AB
Qui aurait cru au mois d’octobre dernier, lorsque l’album de Mumford & Sons est sorti, qu’ils allaient soulever un tel engouement. En à peine six mois, ils ont réussi à non seulement remettre un folk traditionnel au goût du jour, mais aussi à le rendre accessible à tout un chacun. Souverains sur les ondes, ils n’ont eu aucun mal à remplir l’Ancienne Belgique ce mardi 27 avril, comme chacune des autres salles au programme de leur tournée…
En tout cas, la soirée s’annonçait sous les meilleurs auspices, surtout que le groupe avait réservé une petite surprise en proposant un pré avant-programme, qui n’a été annoncé qu’en dernière minute. En effet, Albatross, représenté ce soir par le seul Adam Stockdale, est monté sur scène à 19h35 pour un set d’une vingtaine de minutes. Il s’agit d’un des roadies de Mumford & Sons qui a ainsi pu goûter au plaisir d’ouvrir la scène, devant une petite poignée de spectateurs.
Armé de sa simple guitare acoustique au son limpide, le bonhomme aux cheveux mi-longs et à la petite moustache très 70’s aura d’abord l’air assez impressionné par la grandeur de la salle. Il mettra également un temps fou à accorder son instrument entre les morceaux, des compositions calmes mises en valeur par une douce voix qui fait penser à Paul Simon. Cela dit, ce n’est pas évident de capter l’attention d’un public relativement dissipé à ce moment de la soirée.
En revanche, lorsque la première partie officielle, Johnny Flynn, est montée sur scène, l’accueil réservé sera surprenant. Il y avait clairement des fans dans la salle. Peut-être parce que son leader, Joe Flynn mène parallèlement une carrière d’acteur (il a notamment joué dans « Crusade In Jeans » en 2006 avec une B.O. signée Ozark Henry). Nul ne peut dire s’il existe un lien de cause à effet, mais ce type dégage une classe naturelle perturbante et son look de jeune premier y est sans doute pour quelque chose.
En plus, il chante bien (et d’une voix assurée, ce qui ne gâche rien) et ses parties de trompette tiennent la route également. D’un autre côté, il faut mentionner ses musiciens qui assurent à la perfection leur rôle de support rythmique. A ce propos, d’un point de vue musical, on se retrouve dans les parages de Calexico et les atmosphères dégagées semblaient marcher sur les plates-bandes de Mumford & Sons (banjo, mandoline et accordéon sont légion). C’est du moins ce que l’on pensait à la fin de leur set, ponctué par un triomphe mérité. Mais on avait faux sur toute la ligne… Pour l’anecdote, ils n’ont pas vu le temps passer et ont été priés de débrancher leurs amplis avant même de pouvoir chanter leur dernier morceau.
C’est qu’à l’AB, on ne badine pas avec les horaires, surtout lorsque le show est diffusé en direct sur le site Internet via ABTV. Après un détour par le saloon, nous étions donc fin prêts à plonger dans le phénomène folk du moment. Celui qui va plus loin que Noah & The Whale ou Laura Marling, en y ajoutant des influences country qui apportent un son plus « américain » à leurs compositions (un peu comme Midlake, mais avec plus de punch et de magie).
C’est avec « Sigh No More », la plage titulaire de leur premier album qu’ils se lancent dans le bain. Limite gospel au début, le titre s’étoffe petit à petit et finit par exploser dans une ambiance mariachi festive. Les musiciens jouent sur le devant de la scène, tous de front et devant une batterie qui ne sera utilisée qu’à de rares moments (et par trois musiciens différents qui échangeaient leur instrument contre le kit du batteur). En effet, nul besoin de percussion lorsque le leader, Marcus Mumford, non content de chanter et de jouer de la guitare, s’amuse également à battre la mesure avec une mini grosse caisse à ses pieds. Ce type est tout simplement impressionnant, surtout qu’en plus, il dégage un truc qui ne laisse personne indifférent.
« Awake My Soul » se base sur la même structure mais à partir de « The Cave » et de la première réelle ovation, le concert va prendre une direction intense qui ne descendra plus jusqu’à la fin des rappels. Entre titres prenants (« White Blank Page ») voire envoûtants (« I Gave You All ») ou carrément nouveaux (« Untitled », qui est en fait la face B de « The Cave ») qui tombent dans l’oreille dès la première écoute. Mais c’est le cœur du concert qui va clairement toucher la corde sensible avec l’efficace single « Little Lion Man » repris en chœur par la foule, rapidement suivi du tout nouveau « Lover Of The Night » et de l’excellent « Thistle & Weeds » à l’émotion troublante grâce à son instrumentation parfaite.
En tout cas, le groupe recevra un accueil chaleureux et des applaudissements nourris au terme de chaque titre. Un groupe qui a l’air heureux de se retrouver sur scène et de communier avec un public manifestement aux anges. C’est « Dust Bowl Dance » qui va clôturer le set principal avant un rappel composé uniquement de nouveaux titres. Coup de poker, mais coup de génie vu la qualité évidente de ces nouvelles chansons. Il aurait de toute façon été impossible que cela se passe autrement, vu la manière dont le groupe a construit son set ce soir.
Pour être honnête, on était relativement sceptiques au départ. On s’attendait à de la country tendance square dance mais il n’en a rien été. Bien au contraire, après la prestation de ce soir, on est clairement tombé sous le charme du quatuor londonien. Et on n’est pas les seuls, visiblement. Inutile de vous dire qu’on les recommande chaudement. Rendez-vous au Pukkelpop le 20 août.