GLASVEGAS – Euphoric///Heartbreak
En septembre 2008, les Écossais de Glasvegas (originaires de… Glasgow évidemment) sortaient un premier album éponyme qui allait mettre tout le monde d’accord. Les professionnels du milieu s’enthousiasmeront devant leurs compositions prenantes et sensibles alors que les consommateurs de musique amèneront le disque jusqu’à la deuxième place du classement des albums en Angleterre (c’est le « Death Magnetic » de Metallica qui leur barrera la route du bonheur suprême). Il faut dire que leurs compositions mêlant la mélancolie des Smiths, le mur du son de Phil Spector et la froideur de The Jesus & Mary Chain auxquels on aurait confisqué les guitares saturées avaient de quoi séduire un public curieux et exigeant. Quelques mois plus tard, le groupe emmené par James Allan (un ancien footballeur professionnel reconverti dans la musique) sortira un EP de Noël enregistré dans une église en Roumanie (« A Snowflake Fell (And It Felt Like A Kiss) ») avant de tourner intensivement et de notamment assurer des premières parties de prestige (U2 et Oasis pour ne citer qu’eux).
Une différence notoire par rapport au premier album se remarque au niveau de la batterie puisque les baguettes ont changé de main. Jonna Löfgren a en effet pris la place de Caroline McKay (chez Glasvegas, on ne jure que par des batteuses). En revanche, le guitariste Rab Allan (le cousin de James) et le bassiste Paul Donoghue sont toujours fidèles au poste pour « Euphoric///Heartbreak », un deuxième album produit par le célèbre Youth et majoritairement enregistré en Californie. On ignore si l’environnement paradisiaque du coin a influencé leur moral mais une chose est sûre, leur son s’est drastiquement illuminé. Les atmosphères plombées et sombres ne sont plus systématiquement mises en avant, bien que la plage d’intro (« Pain Pain Never Again ») a du mal à le démontrer. Elle pourrait même servir de générique à un film d’épouvante. En passant, signalons que les paroles récitées en français lui confèrent un certain charme (on ne peut s’empêcher de penser au « Fade To Grey » de Visage, d’autant plus que le chanteur répète ces paroles dans sa langue natale).
C’est toutefois avec « The World Is Yours » que l’album prend réellement une direction intéressante, avec la voix de James Allan qui a l’air tout à fait épanouie. Il donne l’impression d’être libéré d’un poids, ce qui accentue encore l’intensité du titre sans toutefois réduire à néant l’émotion que l’on en attend légitimement. Pointons également une basse hypnotique qui donne une vision groovante assez inattendue. Cela dit, n’hésitons pas à affirmer que le début d’« Euphoric///Heartbreak » se révèle tout simplement tonitruant. Il est effectivement difficile de ne pas se laisser séduire par la construction enivrante de « You », l’euphorique rythme dansant de « Shine Like Stars » ou encore la mélancolie presque hantée de « Whatever Hurts You Through The Night ».
La bonne nouvelle, c’est que cela continue dans la même veine, en un registre un rien plus familier. Ainsi, l’écorché « Stronger Than Dirt (Homosexuality Pt.2) » répond au profond « I Feel Wrong (Homosexuality Pt.1) » alors que « Dream Dream Dreaming » présente une voix envoûtante qui occupe plus que jamais le devant de la scène. Preuve de l’énorme potentiel de cet album, le single « Euphoria, Take My Hand » apparaît même comme une des plages les moins convaincantes du lot. En revanche, l’impeccable et parfaitement construit « Lots Sometimes » (sur lequel plane l’ombre de Pulp) gagne en puissance au fur et à mesure de son avancement pour devenir un des meilleurs moments de l’album. Un album qui se referme sur un morceau tout doux, « Change », avec la participation vocale de la maman de James Allan pour un moment particulièrement émouvant. Mature, direct, prenant, « Euphoric///Heartbreak » ne peut que vous séduire. Ah si toutes les ruptures sentimentales pouvaient générer un moment d’euphorie aussi agréable…
Pays: GB
Columbia 88697851202
Sortie: 2011/04/04