ZOE (Emilie) – The very start
Ne vous fiez pas au titre «The very start» car cet album n’est pas le premier d’Emilie Zoé. Cette chanteuse suisse qui traîne du côté de Lausanne et de la Chaux-de-Fonds a en effet quelques œuvres derrière elle, antérieurement à ce dernier album «The very start». Elle commence sa vie de musicienne en quittant ses études pour suivre un certain Félicien Donzé, artiste suisse qui jouit d’une réputation flatteuse dans son pays. C’est donc un peu au hasard qu’Emilie Zoé débute une carrière musicale qui se structure peu à peu au fil de rencontres. L’une d’elle est importante puisqu’elle permet d’associer Emilie Zoé à Nicolas Pittet, batteur qui va accompagner la chanteuse sur ses albums.
Les albums, justement, sont au nombre de deux pour le moment, précédés par un EP «Empty» (2013). Viennent alors «Dead end tape» (2016), premier album produit par Louis Jucker, personnage désormais mythique de la scène underground suisse. Le même Louis Jucker intervient également sur le single «Leaving San Francisco» en 2017, produisant le disque à l’ancienne, en mode totalement analogique. Comme Louis Jucker est en liaison avec le label Hummus Records, les choses s’enchaînent et Emilie Zoé sort son nouvel album chez cette maison.
«The very start» poursuit la vision musicale d’Emilie Zoé, qui apprécie particulièrement les chansons douces et mélancoliques. Ici, les ambiances sont résolument calmes, parfois angoissantes tant elles sont calmes. Emilie Zoé se livre dans sa simplicité et sa sincérité. Aidée d’une seule guitare et des percussions feutrées de Nicolas Pittet (qui assure aussi les chœurs), la Suissesse égrène ses chansons dans des miaulements cassés de chatte fragile. Elle n’est pourtant pas dépressive de nature, si l’on en juge par les interviews que l’on peut voir sur son site, où ses immenses yeux et son air enjoué charment incontestablement. Mais ici, sur cet album, c’est le moment de la tristesse, du vague-à-l’âme et du recueillement.
Les titres passent doucement, parfois nonchalants («A fish in a net»), parfois chaotiques («Tiger song») ou frappés de gravité («Blackberries»). Fragilité et grâce sont au plus haut avec «Loner» et «Dead birds fly», cristallins et fragiles comme un voile de soie flottant dans l’air. Un sursaut électrifié intervient à la fin de «The barren land», contribuant à l’émergence de sons plus expérimentaux. On est ainsi mûr pour accueillir le dernier morceau «Sailor», litanie hypnotique de sept minutes peu à peu noyée dans une brume de guitare acide.
Emilie Zoé, voilà une jeune fille qui sait très bien transcrire les sentiments humains dans une musique venant du cœur. Son nouveau disque est certes un peu tristounet sur les bords mais il saura parler aux âmes de ceux qui veulent bien regarder cette musique avec un œil ouvert.
Pays: CH
Hummus Records
Sortie: 2018/11/09