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WOLVES IN THE THRONE ROOM – Primordial arcana

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Année après année, et cela depuis près de vingt ans, Wolves In The Throne Room construit un univers musical d’une étonnante originalité et d’une aptitude à l’évolution positive qui force l’admiration. Les frères Aaron et Nathan Weaver, à force d’arpenter les forêts profondes de la région des Cascades dans leur État de Washington natal, ont fini par devenir les pionniers de ce qu’on appelle le Cascadian black metal, un dérivé de black metal qui abandonne les thèmes diaboliques pour vénérer davantage les forêts, la nature et le paganisme ancestral. Chef de file du genre (avec des groupes comme Agalloch, Boreal ou Skagos, originaires du Canada ou de l’Oregon), Wolves In The Throne Room s’est constitué un solide noyau d’adorateurs inconditionnels au travers de ses premiers albums ʺDiadem of 12 starsʺ (2006) et ʺTwo huntersʺ (2007). Ces disques se caractérisaient par de longues plages très atmosphériques, propices à la contemplation et à la rêverie en communion avec les grands espaces.

Puis le groupe a évolué avec ses albums ʺBlack cascadeʺ (2009) et ʺCelestial lineageʺ (2011), qui étaient encore plus introspectifs, plus méditatifs et plus mélancoliques que les précédents, avec des constructions alambiquées de dix à quinze minutes qui envoyaient l’auditeur dans les profondeurs de son propre subconscient. Les frères Weaver ont toujours mené leur barque en toute souveraineté et ces premiers albums ont vu passer des guitaristes qui faisaient office de troisième larron. Après Rick Dahlin (sur ʺDiadem of 12 starsʺ et ʺTwo huntersʺ), puis Will Lindsay (sur ʺBlack cascadeʺ), les frères Weaver ont procédé officiellement en duo, ayant recours pour les concerts à Kody Keyworth, qui finit par être titularisé en 2017 comme troisième membre du groupe.

Entretemps, les frères Weaver avaient eu l’occasion de se ramasser un petit peu avec leur album ʺCelestiteʺ (2014), reçu assez fraîchement par les fans en raison d’une déviation vers le dark ambient et l’électronique progressive. Le tir est corrigé sur ʺThrice wovenʺ (2017), un album qui entame une évolution ou plutôt un retour à de saines valeurs atmosphériques et éthérées.

Mais avec ʺPrimordial arcanaʺ, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre dans le parcours de Wolves In The Throne Room, le groupe optant ici pour un black metal toujours aussi forestier mais plus ramassé et plus direct. Pour la première fois, une majorité de titres courts (cinq minutes environ) occupe l’espace, ne laissant aux amateurs de morceaux de plus de dix minutes qu’un unique ʺMasters of rain and stormʺ, qui reste néanmoins la pièce maitresse de l’ensemble. Le groupe produit le disque lui-même, comme il l’avait fait pour le précédent ʺThrice wovenʺ, après plusieurs années de collaboration avec le producteur Randall Dunn. Autre nouveauté, Wolves In The Throne Room fait son entrée chez Century Media (et Relapse pour la marché américain), qui vont sans doute récolter ici quelques lauriers de gloire pour avoir embauché le groupe au moment où il se renouvelle avec un album exceptionnel.

Car, effectivement, ʺPrimordial arcanaʺ est exceptionnel. Wolves In The Throne Room a dégraissé le mammouth et s’est concentré sur l’essentiel, revigorant un black metal assis de manière équitable sur les riffs de guitare, la rythmique tempétueuse, les déchirements vocaux et l’apport soigné des synthétiseurs. Des morceaux comme l’introductif ʺSpirit of lightningʺ ou ʺUnderworld aurora” épousent parfaitement cette optique black metal, entre violence du chant et majesté instrumentale. On est aussi capté par la puissance évocatrice de ʺPrimal chasm (Gift of fire)ʺ, prélude au grand titre de ce nouvel album, le long et épique ʺMasters of rain and stormʺ, qui multiplie les changements d’atmosphères et déferle dans un tourment d’agressivité céleste. Un instrumental aérien et diaphane dédié à la déesse du crépuscule (ʺEostreʺ) ajoute de la grâce à un album déjà bien pourvu en émotion. Un titre supplémentaire (ʺSkyclad passageʺ) existe sur le pressage américain de l’album mais ne se trouve par sur la version européenne distribuée par Century Media. On force le destin avec une écoute sur YouTube qui permet de conclure que cet autre instrumental n’aurait pas démérité de figurer sur toutes les versions, mais peut-être pas juste après un autre instrumental, ce qui a un peu tendance à délayer l’atmosphère dramatique qui présidait à l’esprit de l’album. Mais ceci est un petit détail qui n’ôte rien à la qualité de cet album qui a deux mérites : redonner confiance aux fans anciens de Wolves In The Throne Room et convertir de nouveaux arrivants avec une nouvelle approche qui fait du combo américain un groupe entièrement rechapé à neuf.

Le groupe :

Nathan Weaver (guitare et chant)
Aaron Weaver (batterie)
Kody Keyworth (guitare et choeurs)

L’album :

ʺMountain Magickʺ (5:55)
ʺSpirit of Lightningʺ (6:24)
ʺThrough Eternal Fieldsʺ (5:54)
ʺPrimal Chasm (Gift of Fire)ʺ (5:01)
ʺUnderworld Auroraʺ (7:29)
ʺMasters of Rain and Stormʺ (10:43)
ʺEostreʺ (3:05)

https://www.facebook.com/wolvesinthethroneroom

Pays: US
Century Media
Sortie: 2021/08/20

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