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THEODORE WILD RIDE – Theodore Wilde Ride

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Voici le premier album d’une association entre trois musiciens aux identités bien marquées. Celle qui a le plus d’expérience parmi eux est sans doute Christine Ott, une Alsacienne médaillée d’or du conservatoire de Strasbourg et spécialiste des ondes Martenot, le premier appareil de musique électronique mis au point en 1928 par l’inventeur du même nom. Elle a participé à des enregistrements pour une foule d’artistes : Yann Tiersen, Dominique A, Jonny Greenwood, Jean-Philippe Goude, Syd Matters, Stuart Staples, Tindersticks, Têtes Raides, Noir Désir, DAAU, Narcophony, Loic Lantoine, Radiohead, Oiseaux-Tempête, etc. Elle est également active dans la composition de musiques de films ou dans la participation à certaines d’entre elles (dont ʺLe fabuleux destin d’Amélie Poulainʺ, pour le plus célèbre). Elle a réécrit des musiques pour des films classiques, comme ʺTabouʺ de Murnau (1931) ou ʺNanoukʺ, de Robert Flaherty (1922). Elle a aussi une petite discographie solo de quatre albums, sortie à partir de 2009 et dont le dernier album ʺTime to dieʺ est sorti en 2021. Mathieu Gabry (piano, Mellotron, claviers) et Ophir Levy (oud) sont plus jeunes mais ont déjà quelques lettres musicales, Mathieu Gabry étant membre de Snowdrops et Ophir Levy partageant son temps entre la musique et une carrière universitaire d’historien.

À eux trois, ils forment Theodore Wild Ride. Ne me demandez pas d’où vient ce nom, ce n’est pas le plus important. Ce qui compte ici, c’est la musique expérimentale mise au point par le groupe, rencontre entre l’Occident et l’Orient, le classicisme et le modernisme, le féminin et le masculin. On pourrait dire aussi entre le temps et l’espace, tant la musique de Theodore Wild Ride semble transcender ces limites et planer au-dessus des contingences matérielles. Le trio compose une musique de chambre qui n’a pas de murs, effectue un voyage immobile multidimensionnel, convoque des forces naturelles enfermées dans des boîtes synthétiques.

Du souffle désertique de ʺLittle houseʺ au tango futuriste de ʺPaohaʺ en passant par les nébulosités planantes de ʺSquirrel creekʺ jusqu’au minimalisme perlé de ʺZeppelinsʺ, Theodore Wild Ride nous emmène dans ce qui pourrait être une musique de film, celui d’un voyage dans des régions oubliées de l’homme, celui d’une tristesse épanchée au bord d’une fenêtre, à regarder passer des vies qui dont l’énergie nous échappe. L’oud et les ondes sonores du procédé Martenot se rencontrent dans un choc entre sagesse orientale et angoisse post-moderne. Les deux mondes se jaugent mais préfèrent s’envoler dans un tourbillon aérien plutôt que dans une étreinte terrestre.

On peut aussi mentionner la pochette de l’album, où la dimension visuelle est exacerbée par le travail technique de Jeroen de Wandel, qui a photographié des canyons du Parc Yosemite avec un vieil appareil Kodak de 1935, comme un nouveau choc entre Anciens et Modernes, cette fois à destination de l’œil. Il en résulte un moment fort d’errance dans des territoires musicaux peu communs, qui peuvent consolider une méditation dédiée à des mondes supérieurs dont nous avons juste l’intuition.

Le groupe :

Christine Ott (ondes Martenot, piano, Mellotron et effets)
Mathieu Gabry (piano, Mellotron, claviers et effets)
Ophir Levy (oud)

L’album :

ʺLittle Houseʺ (04:16)
ʺSquirrel Creekʺ (04:57)
ʺPaohaʺ (06:25)
ʺAppalachesʺ (06:23)
ʺClearwaterʺ (05:11)
ʺZeppelinsʺ (07:13)

https://theodorewildride.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/theodorewildride

Pays: FR
Consouling Sounds
Sortie: 2021/10/01

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