RUINS OF BEVERAST, The – The Thule grimoires
Si vous pensez que Rammstein est désormais tout juste bon à composer des mélodies de métal pompier qui donnent envie d’envahir la Pologne, si vous cherchez autre chose dans le métal allemand, The Ruins Of Beverast pourrait bien attiser votre curiosité. Ce groupe est effectivement suffisamment ancien (créé en 2003 à Aix-la-Chapelle) pour réunir une puissante expérience et suffisamment original pour relancer à nouveau la pompe du métal qui trouve toujours ainsi des moyens de se remettre en marche.
L’ancienneté est attestée puisqu’il y a même un précédent groupe qui existait depuis 1993 et qui a servi de fondement à the Ruins of Beverast. Ce groupe s’appelait Nagelfar et donnait sans vergogne dans un black metal qui parlait de paganisme, de nature et du défilé régulier des saisons. On y trouvait déjà Alexander von Meilenwald. L’homme est né en 1978 et a aussi joué comme batteur de session dans d’autres combos black comme Heemat ou Kermania durant les années 1990. Avec ses complices Zorn et Zingultus, von Meilenwald réalise dans Nagelfar de 1997 à 2001 trois albums, souvent encensés par la presse spécialisée.
Puis vient le temps où la tentation d’autres expériences se manifeste et Alexander von Meilenwald met fin à Nagelfar. Avec Zingultus, il tente un nouveau projet qui n’aboutit pas mais laisse la trace de quelques chansons qui vont être distribuées par Meilenwald à ses copains sous forme de CD-R. L’une de ces œuvres atterrit sur le bureau de Sven Dinninghoff, qui avait passé trois ans dans Nagelfarn et qui avait finalement fondé son propre label Ván. C’est lui qui pousse Meilenwald à se lancer dans un projet nouveau qui s’appellera The Ruins of Beverast (une déformation du nom Bifröst, qui est dans les légendes nordiques le pont séparant les terres de Midgard de celles d’Asgard). L’originalité intervient alors puisque The Ruins Of Beverast ne consiste qu’en l’unique membre Alexander von Meilenwald, qui s’occupe de tout.
De cette façon, The Ruins Of Beverast va éditer les albums ʺUnlock the shrineʺ (2004), ʺRain upon the impureʺ (2006, considéré comme le chef-d’œuvre), ʺFoulest semen of a sheltered eliteʺ (2009), ʺBlood vaults – The blazing gospel of Heinrich Kramerʺ (2013), ʺExuviaʺ (2017) et ce nouveau ʺThe Thule grimoiresʺ. La formule solo s’enrichit à partir de 2013 d’un line-up dédié aux prestations scéniques mais fondamentalement, The Ruins Of Beverast est l’œuvre d’un seul homme, qui assemble un mélange subtil entre black et doom metal. L’écoute de ce nouvel album nécessite patience et concentration, ne serait-ce que pour entrer pleinement dans les compositions longues et complexes représentées ici par ʺRopes into Edenʺ, ʺThe tundra shinesʺ, ʺAnchoress in fursʺ ou ʺDeserts to bind and defeatʺ, qui oscillent entre 9 et 14 minutes. Les atmosphères se multiplient, les voix aussi, passant de raclements black metal à des vocalises plus suaves, dans la veine regretté Peter Steele de Type O Negative. Alexander von Meilenwald enrobe son album de nappes de synthétiseurs qui contribuent à créer un black metal atmosphérique angoissant, qui s’accouple de temps à autres à des profondeurs doom metal. Tout cela a quelques réminiscences avec Type O Negative mais on pourrait aussi citer Strapping Young Lad dans les influences, pour le côté chaotique qui ne manque pas de venir titiller l’inconscient de temps à autre.
Avec près de 70 minutes de durée, cet album occasionne une grande chevauchée dans les terres brumeuses du doom metal, où la silhouette morbide du black metal vient nous effleurer le visage de ses mains décharnées. Un petit aspect gothique occupe aussi un strapontin, si bien qu’on peut voir dans ce disque le rendez-vous de Paradise Lost, Emperor et Candlemass. Ajoutez à cela une production ample et caverneuse à souhait et on n’est pas près de redescendre. Alors, toujours envie d’écouter les marches militaires de Rammstein, après ça ?
Le groupe :
Alexander von Meilenwald (tout)
L’album :
ʺRopes into Edenʺ (12:42)
ʺThe Tundra Shinesʺ (11:18)
ʺKromlec’h Knellʺ (8:33)
ʺMammothpolisʺ (6:22)
ʺAnchoress in Fursʺ (9:11)
ʺPolar Hiss Hysteriaʺ (7:13)
ʺDeserts to Bind and Defeatʺ (14:07)
https://theruinsofbeverast.bandcamp.com/album/the-thule-grimoires
https://www.facebook.com/The-Ruins-Of-Beverast-116265971848680/
Pays: DE
Ván Records
Sortie: 2021/02/05