ROOTWORKERS (The) – Don’t Beat A Dead Horse
En recevant cet album promo, nous d’abord cru que The Rootworkers était une formation activiste désirant mettre fin actes de violences perpétrées ‘post-mortem’ sur les représentants de la race chevaline. Mais au final, il n’en est rien, puisque la phrase « Don’t Beat A Dead Horse« , qui a servi de titre à leur premier album est, semble-t-il, une expression américaine signifiant qu’il est inutile d’insister sur quelque chose qui est déjà perdu et qui, à notre avis, décrit plutôt bien l’état d’esprit de ce groupe Blues pas comme les autres.
Né en 2019 dans la commune d’Appignano dans la région des Marches en Italie centrale, le quatuor semble bien décidé à élever le Blues traditionnel à un autre niveau, quitte à sortir des sentiers battus. Le communiqué de presse accompagnant le CD promo décrit sommairement l’affaire par les mots suivants : […] Racine Delta Blues et contaminations contemporaines […]. Si par cette explication, vous aviez cru comprendre que le quatuor italien suivait les traces d’artistes tels que Gary Moore ou Joe Bonamassa et contaminait son Blues traditionnel, façon Hard Rock, avec démonstrations de technique guitaristique et des arrangements soignés, vous vous êtes fourré le doigt dans l’œil. Car le Blues de The Rootsworkers n’a rien d’un tutoriel pour guitar-hero en herbe ; c’est un blues sale, gras, rugueux, hypnotique et, forcément, intense.
Pour créer leur style particulier, les Rootsworkers imbibent leur Blues de sonorités diverses et variées, allant du Garage Rock au psychédélique en passant par le Hard Rock classique et le Rock Sudiste.
L’album démarre en douceur avec « Love Don’t Pay The Rent« , un blues langoureux, très ‘Led Zeppelinien’ dans l’âme, mené par une basse lourdingue, une guitare volubile et un chant râpeux et nasillard à la fois. L’ambiance se fait plus rageuse avec « Unstoppable Pleasure« , qui marie les sonorités roots de l’harmonica à un son de guitare aussi gras et distordu que celui qu’utilise Billy Gibbons (ZZ Top) depuis le début des années ’90 (NDR : sur les albums « Antenna » et « Rhythmeen« , par exemple). « Catfish Blues » est la cover d’un classique du Delta Blues (NDR : enregistré à l’origine par le bluesman afro-américain Robert Petway en 1941) que le quatuor transalpin a l’habitude de jouer sur scène. « Desert » pour suivre, plonge l’auditeur dans un univers psychédélique torturé, fait de voix déformées et de notes hypnotiques d’un piano Rhodes. Nous restons dans le psychédélique (mais bien plus musclé cette fois) avec « It’s Gone And It’s Alright » qui mélange une basse écrasante et une batterie énergique à une ligne de guitare lancinante. Franchement plus énergique, « Proud Of My Life (Don’t Ask Me Why) semble tenir autant du Hard Rock classique d’un Led Zeppelin que du style énergique de formations associées au revival Garage Rock des années 2000 (NDR : comme The Hives ou The Strokes). « Not My Cup Of Tea » démarre comme un Blues plutôt traditionnel, sublimé par la voix rocailleuse d’Enrico Palazzesi et se transforme peu à peu en un brûlot Boogie Rock aussi acéré que jouissif. Mené par la guitare, « Devil On My Bed » nous offre l’assaut ultime de pédale Fuzz et le dernier véritable brûlot décapant de l’album. Pour clôturer sa plaque, le groupe nous embarque dans un sombre rituel avec ce « Dead Flower Blues« , teinté de blues traditionnel et d’ambiances psychédéliques qui illustre parfaitement son étrange patronyme (NDR : un ‘Rootworkeri est un guérisseur de la tradition Hoodoo, cette pratique de magie populaire afro-américaine basée sur l’utilisation d’éléments naturels comme les herbes et les racines).
Tout en restant fidèles à l’esprit du genre, The Rootworkers cassent les codes et démontrent que tout n’est pas aussi figé qu’on le pense dans l’univers du Blues. « Don’t Beat A Dead Horse » est sorti le 17 octobre chez Bloos Records. Jetez y une oreille curieuse, vous ne serez pas déçus.
- « Love Don’t Pay the Rent » (4’07)
- « Unstoppable Pleasure » (2’52)
- « Catfish Blues » (4’33)
- « Desert » (5’54)
- « It’s Gone (And It’s Alright) » (3″29)
- « Proud of My Life (Don’t Ask Me Why) » (3’42)
- « Not My Cup of Tea » (2’22)
- « Devil on My Bed » (3’13)
- « Dead Flower Blues » (4’48) (Alt. Take) «
Le groupe
- Enrico Palazzesi – Chant, guitares
- Andrea Ballante – Guitares
- Lorenzo Cespi – Basse
- Enrico Bordoni – Batterie, claviers
Pays: IT
Label : Bloos Records / Promo Peyote
Sortie: 2025/10/17
