RONAN ONE MAN BAND – A Piece Of Life
Depuis deux décennies, le bluesman Ronan One Mand Band erre en loup solitaire sur toutes les routes de France et d’ailleurs. Et lorsque tous les sept ou huit ans environ, il cesse de terroriser les mères grands et les petits chaperons rouges qui croisent son chemin, ce n’est pas pour aller paresser au fond de sa tanière, mais pour réapprovisionner son panier avec une nouvelle galette. Après « L’homme n’est rien » en 2010 et « Lonesome Wolf » en 2018, c’est aujourd’hui avec un « A Piece Of Life » que le carnassier solitaire tire sur notre chevillette en tentant de faire choir notre bobinette.
Grand, athlétique, blond, bien coiffé,… Ronan Le Quintrec n’a pas vraiment le physique de l’emploi. Sur sa photo promotionnelle, le musicien breton ressemble plus à Rocco Siffredi (NDR : sur les rares documents où on le voit porter des vêtements) qu’aux bluesmen ruraux en salopette auxquels sa voix rauque fait immédiatement penser.
Si l’on s’habitue rapidement au fait que Ronan ne soit pas le sosie maléfique de Seasick Steve ou le jumeau astral de Billy Gibbons, il est un peu plus difficile de se faire au sévère accent ‘frenchie’ du gaillard qui, malgré un timbre de voix rocailleux plus authentique que celui du plus redneck des yankees, a parfois un peu de mal à nous faire oublier que, dans l’Hexagone du 21e siècle, on croit encore que « The » et « That » doivent être prononcés « Ze » et « Zat » ou que la prononciation de la dernière syllabe du mot anglais « heartache » est identique à celle du ‘moustache’ français. Cependant, si la chose est parfois un peu douloureuse pour nos tympans délicats, elle n’a pas dérangé outre mesure le public de l’édition 2018 de l ‘International Blues Challenge’ de Memphis. Durant la fameuse compétition artistique, Ronan One Man Band a été le seul non-américain à atteindre le niveau de la finale (dans la catégorie ‘solo/duo’), ce qui en dit long sur la qualité et l’authenticité de sa musique.
Expliquer comment Ronan parvient à rester captivant durant plus de 37 minutes en se limitant aux sonorités intimistes du chant et de la guitare acoustique dépasse un peu nos compétences personnelles. Pourtant, le Breton y parvient sans peine. Nul doute que la voix profonde et éraillée, très similaire à celle de Billy Gibbons lorsqu’il interprète « La Grange » au sein de ZZ Top y soit pour beaucoup. Mais il y a aussi probablement le fait qu’en dépit du côté plutôt austère de l’instrumentation, Ronan One Man Band parvient à varier les plaisirs. Ainsi, ses explorations sonores naviguent elles des racines du Mississippi Blues (« I’m In Love » ) à la ballade Americana (« Our Little House« ), en passant par le Gospel carcéral (« Misery And Pain« ), l’hymne Country (« I Raise My Head« ), le blues pur et dur (« Trouble I’m In« ), le Boogie Blues entraînant (« C’mon Sugar« ) et, origines bretonnes obligent, la complainte marine (« Compagnons de Bordées« ). Cette dernière, chantée en français, apporte une couleur tout à fait particulière à l’album et pourrait très bien, si en lui en offre l’opportunité, conquérir un public bien plus large que celui du Blues.
Malgré sa grosse voix, Ronan One Man Band n’a rien du Grand Méchant Loup qui apparait sur sa pochette. Intimiste et plein de sensibilité, son nouvel album enchantera tous les amateurs de blues, qu’ils soient Mère Grand, petit chaperon rouge, chèvre de Monsieur Seguin ou membre d’un trio de petits cochons.
Le groupe
- Ronan – Chant, guitares électriques, guitares acoustiques, résonateurs, chœurs
- Sib / Ben Jacobacci / Christian Foucher / Cécile Perfetti – Chœurs
Pays: FR
Binaural production – Absilon / Promo Bruno Labati
Sortie: 2025/04/04