FOSTER, Evan – Instrumentals
Amoureux de la guitare, Evan Foster est impliqué dans pas moins de quatre cents projets. Pour mener à bien son projet solo, notre bonhomme (Boss Martians), chant, guitare, basse, claviers, percussions, compositions, s’est entouré de Dusty Watson (Dick Dale, Concrete Blonde, Agent Orange) à la batterie, avec qui il a travaillé d’arrache pied en studio, puis de Nick C. (Boss Martians) à l’orgue.
Sur la plupart des titres, le son rappelle les Shadows, ce qui devient pour le moins rare. Ses compositions très variées vont du surf rock de sa jeunesse illustré par les très rapides « Glass Packed & Fully Stacked » et « Surfer’s Anthem » au punk garage dans toutes ses déclinaisons, en passant par le western spaghetti de « Embrujada », qui nous rappelle les productions de Sergio Leone et la musique de film de Ennio Morricone.
On peut aussi parler des autres styles musicaux très imagés. Il y a le garage punk de « Drag The Dragon », remarquable par le dialogue démentiel guitare – batterie, la ballade de bande sonore « Venice, Late Night », avec la basse bien mise en valeur et une guitare jouée à la façon de Isaac Hayes et, arc-bouté sur une rythmique basique, le proto-punk minimaliste de « Mouthbreather ».
Evan Foster rend un hommage talentueux et mérité à Rory Gallagher, décidément plébiscité par les temps qui courent, sur « Meanstreak ». Dommage d’avoir attendu dix ans après sa mort pour rendre un semblant de justice à ce géant du rock. Opportunisme, quand tu nous tiens.
Les morceaux « Cann Of Electrodes », « Spy On Me », que l’on dirait tiré d’une fête foraine, « Slidin’ », où l’on croirait entendre Hank B. Marvin himself, « She Rides A Chopper » et « Werewolves International » évoquent ouvertement le son des golden sixties, période privilégiée où l’on parlait peu de terrorisme et de capitalisme sauvage sans alternative crédible, où les débats d’idées foisonnaient et où les intellectuels prenaient position face aux événements. C’était il y a très longtemps mais ne soyons pas passéiste car tout n’était pas rose : MiB n’existait pas.
Parmi les vingt titres que comporte cet album, une place est réservée aussi au rock façon mod survolté « Where Do I Stand? », qui rappelle les Kinks au début et le Who par la suite, au punk thriller lancinant qui évoque la science-fiction avec « Sequence Array » et « I.D. Crisis » et à l’art punk « A Familiar Unknown », le bonus track, qui se déroule sur un rythme obsédant qui, dans un autre registre, rappelle The Sensational Alex Harvey Band et son brillant guitariste Zal Cleminson.
Mentionnons aussi l’autre bonus track, « I Want Some Sex », le seul titre chanté, dont toutes les paroles sont contenues dans le titre, au point que cela semble tourner à l’obsession et que ça se termine par un orgasme. Très tendance. Les actes rejoignent-ils toujours les paroles dans la réalité ou s’agit-il de Méthode Coué utilisée par de petits coqs de pacotille faisant fi de conclusions scientifiques sans appel ? Ce débat pourrait avoir toute sa pertinence en dehors d’un site musical.
Bref, un CD presque complètement instrumental varié dans ses compositions, où Evan Foster excelle presque dans tous les styles de jeu. De plus, il n’a pas d’égal pour créer une atmosphère en quelques riffs. Cet album plaira sans doute aux nombreux amateurs de ce bel instrument qu’est la guitare et aux fans de guitar heroes.
Les titres :
- « Hearse Full Of Souls »
- « Drag The Dragon »
- « Glass Packed & Fully Stacked »
- « Venice, Late Night »
- « Mouthbreaker »
- « Meanstreak »
- « Cann Of Electrodes »
- « Spy On Me »
- « Where Do I Stand? »
- « Slidin’ »
- « She Rides A Chopper »
- « Surfer’s Anthem »
- « Embrujada »
- « Primitive Art »
- « Sequence Array (4-track demo version) »
- « I.D. Crisis (4-track demo version) »
- « Werewolves International »
- « Rattlesnake »
- « I Want Some Sex » (bonus track)
- « A Familiar Unknown (4-track demo version) » (bonus track)
Pays: US
MuSick Recordings / India Records / Rough Trade 471028-2
Sortie: 2005/08/03