EPOXIES – Stop the Future
A peu près un an après les avoir découvert via la compilation politico-punk Rock Against Bush, c’est avec beaucoup d’impatience que j’attendais l’album des Epoxies. « Need More Time » m’avait déjà séduit avec la voix chaude de Roxy Epoxy et son énergie débordante doublée de ces parties synthé carrément improbables. Du synthé-punk-new wave, disent ils. Vrai: guitares rentre-dedans, look futuristico-ringard (ai-je pensé new wave?) à mourir de rire, en effet. Et puis, ces couches de synthétiseurs qu’on aurait bien entendu dans je ne sais quel groupe dance/pop de la fin des années 80. Il faut avoir un sacré humour pour assumer tout ça à la fois. Et j’aurais du mal à en douter, le cocktail est peut-être original mais tellement parfait!
L’album commence à toute allure, c’est du punk, il faut dire… D’ailleurs, 34’16 pour 13 chansons, on imagine difficilement autre chose qu’un groupe punk pour être capable pour pondre des chansons aussi directes. « Radiation » inaugure, donc. Les paroles simples, anti TV, vont droit au but, comme la chanson. Pas droit à une trève sur cet album. Ces 34 minutes-là, elles sont à avaler en un coup, c’est pop, frais et facile, mais sans oublier d’être crédible. On dansera dessus sans avoir à se demander si, comme beaucoup de mauvais groupes soi-disant punk d’aujourd’hui, ils n’auraient pas à refaire leur culture musicale avant de se proclamer punk.
« This Day » est particulièrement pop, tout comme « Synthesized » qui suit, d’ailleurs. Cette dernière a d’ailleurs été choisie comme premier single. Un coup d’oeil à la vidéo permet de réaliser à quel point ces gars (et cette fille) ne se prennent pas au sérieux. C’est les déguisement archi-kitsch de la couverture de l’album, mais avec l’attitude déjantée en plus. « Robot Man » montre tout le talent du groupe: arriver à transformer à ce point là une chanson des insupportables Scorpions, ça tient de l’improbable! Au moins aussi étonnant et inattendu que quand Gary Jules avait magistralement repris « Mad World » de Tears For Fears (pas beaucoup plus supportables que les Scorpions, si vous voulez mon avis!). Bon, d’accord, on est dans un tout autre registre…
Ah, je me rends compte que j’ai oublié de vous présenter le groupe! Pas que je tienne absolument à vous bourrer le crâne de noms que vous ne retiendrez sans doute pas, mais ici, ça vaut le détour. S’ils ont pas trouvé leurs pseudos dans le manuel du synthé cheap qu’ils utilisent, ça ne doit pas en être très loin, voyez plutôt: Roy Cathode, Shock Diode, Viz Spectrum, FM Static, et bien sûr, Roxy Epoxy, la chanteuse. Et alors?
L’album défile sans se fatiguer d’un chouya, chaque chanson est meilleure que les précédentes. A noter l’instrumental éponyme « Stop the Future », où le synthé excelle encore plus qu’à son habitude, l’hypnotique « Struggle Like No Other » balancée en moins de 2 minutes sur un rythme plus que binaire, puis le retour aux mélodies ultra-pop avec « You Kill Me ». Les secondes voix, comme sur « At the Seams », sont complètement possédées, la musique des Epoxies n’a donc pas d’effet euphorique que sur nous… Dernier exploit avant de nous laisser, « Toys » semble être l’ultime preuve qu’ils sont capables de dépasser 3 minutes au compteur (on approche des 5, incroyable!). Le genre de piste qui termine un album en laissant sa trace et ne donnant aucune autre envie que de rejouer l’album dès le début. Très bon album, donc. Les Epoxies n’ont peut-être pas inventé un genre, mais leur marque est reconnaissable entre mille, et leur sens de la dérision ne les ont pas empêchés de nous livrer 13 petites perles, au contraire!
Pays: US
Fat Wreck Chords FAT689-2
Sortie: 2005/05/17