STONEY CURTIS BAND – Acid Blues Experience
Si vous avez lu la chronique de Jizzy Pearl – « Vegas Must Die! », vous connaissez un peu Stoney Curtis, de son vrai nom Curtis L. Feliszak. Il y tenait la lead guitar sur quelques titres. S’il lui arrive de prêter main-forte à ses amis, il a aussi son propre groupe, composé de lui-même, « Stoney » Curtis, guitare, chant principal, Colby Smith, basse, et Charles Glover II, batterie.
Ils reçoivent un coup de main de Jesse Bradman aux background vocals, de Michael Lardie aux claviers et du producteur Mike Varney à la guitare et aux background vocals.
Faut-il prendre à la lettre le titre de l’album produit par Mike Varney ? En tout cas, il est speedé dans le jeu de Stoney Curtis, dont le surnom est tout aussi suggestif. Ce qui frappe d’emblée à l’écoute de cet opus, plus encore que la guitare du soliste, c’est le jeu de batterie de Charles Glover II, un black qui donnerait des leçons de batterie à Ginger Baker soi-même. Du coup, ça déménage tout au long de l’album. Cataloguée tantôt « blues général », tantôt « rock », ce qui ne veut plus dire grand-chose, la musique est en réalité un hard rock musclé teinté d’influences bluesy et psychédéliques. Elle puise son inspiration parmi les sixties et les seventies. C’est un peu différent.
Notre guitar hero s’en donne à coeur joie sur « Last Train To Chicago », joué à toute vitesse. La rythmique, c’est écrit plus haut, déménage grave. On dirait un vrai train. Colby Smith, un autre black, est décrit sur son site comme « bassman extraordinaire ». Même en faisant la part des choses entre éloge dithyrambique et réalité banale, il reste un excellent bassiste. Cela donne un trio dévastateur, d’autant plus que, manifestement, nos compères s’entendent comme larrons en foire et aiment cette musique.
Ils remettent ça avec la même ferveur sur « Evil Woman », un autre hard rock pas piqué des vers où Curtis Feliszak, qui compose tous les morceaux, s’en donne à coeur joie pour nous faire l’étalage de sa technique et, mais oui, de son feeling, même si le hard n’est pas précisément une musique qui s’y prête. Ce n’est qu’un paradoxe parmi d’autres. En tout cas, c’est de la musique de mecs avec des soli décoiffants qui valent le détour.
Notre Stoney Curtis, un mélange de Robin Trower et Jimi Hendrix, ne se fait pas prier pour remettre le couvert sur « Bullets », un long titre canon (faut oser l’écrire, celle-là !). Titillé par sa section rythmique sous influence, il cartonne grave et s’en va les rejoindre vers des sommets brumeux où il trouve sans doute l’inspiration. C’est à cet endroit précis (?) que l’on assiste alors à une débauche de riffs plus ravageurs les uns que les autres et qui font du bien par où ils passent. C’est un des meilleurs titres de l’album.
Assez de médisances, place à la musique. Et là, ils en connaissent un bout. « Mulholland Shuffle » en est une autre preuve évidente. C’est plutôt d’un blues rock qu’il s’agit ici mais par moments, on croirait entendre Booker T. and The MG’s, un groupe soul mythique des années 60. Le jeu de Curtis L. Feliszak semble se transformer à chaque morceau pour en faire l’inventaire et trouver le timing et le phrasé adéquats. Un grand bonhomme, aussi fort que d’autres guitar heroes dont la renommée est bien plus grande (non, pas de noms, pas de délation sur MiB).
« Crashin’ Down Like Thunder », autre morceau long, est un blues rock au tempo plus lent mais tout aussi agressif que les autres. Diable, le trio en veut encore, il n’a pas fini d’en découdre. On ne soulignera jamais assez la symbolique du tonnerre dans le besoin de puissance que ressentent certaines personnes. C’est un titre qui doit plaire à George W. Il trouvera ici de quoi satisfaire amplement son instinct de puissance débridé par personnes interposées, la voix rauque de Stoney Curtis et les distorsions de sa guitare en prime.
« (Take Off) Around The World » forme un tout pour certains, deux parties distinctes pour d’autres. CDDB le donne en deux parties, faisons-lui confiance. Le très court « (Take Off) » (appelons-le comme ceci) verse dans le psychédélisme le plus vaporeux pour céder la place à « Around The World » (appelons-le comme ça), un hard rock gonflé d’emphase et de muscles saillants qui parle de femmes sexy. Ben tiens ! Tout le monde sur le pont ! Décapant, à vous réveiller un mort !
« Colors » revient à plus de sagesse mais part dans un long solo de gratte bien calé au début, suivi par un festival de guitare dont le rythme est bien appuyé par une rythmique vraiment impeccable, qui souligne avec force les riffs agressifs de l’ami Stoney, littéralement déchaîné.
C’est ingrat mais « Free » a la lourde tâche de succéder à ce blues rock imparable. Grâce à nos trois comparses, la partie est gagnée, la guitare wah-wah en bandoulière. C’est le morceau psychédélique par excellence et le trio donne une fois de plus tout ce qu’il a, avec un savoir-faire éprouvé.
Avec le concours des claviers de Michael Lardie, « Soul Love » fait penser à une ballade chantée par Eric Clapton mais toujours avec la batterie implacable de Charles Glover II, qui frappe juste et n’en fait jamais trop. Sans être mièvre, c’est le morceau le plus doux de l’album et la voix de Curtis L. Feliszak s’y adapte fort bien, prouvant ainsi qu’il peut faire preuve de beaucoup de feeling.
« Like A Man » est un autre hard rock mais il se déroule sur un mid tempo saccadé dominé par la voix rauque de Stoney, meilleur que jamais. Il se réserve ensuite un jeu de guitare où il fait passer une technique longtemps éprouvée.
Plus bluesy. « Baby Needs Lovin’ » emboîte le pas et nous gratifie d’un autre solo aussi performant que tous les autres. Il parvient par la variété des titres et par son talent à faire oublier qu’il s’agit d’un album basé essentiellement sur la virtuosité du guitariste. Ce n’est pas un mince exploit.
Atypique, le très long « World Without You » commence sur le mode mineur et sur un tempo lent, avec la batterie métronomique de Charles Glover II, un mastodonte qu’on ne voudrait pas rencontrer au coin d’un bois, surtout qu’il est armé de baguettes. Il s’étire ensuite d’une manière un peu paresseuse, entrecoupé de longs soli à la guitare et d’une basse qui entrevoit enfin la lumière du jour tant elle est restée discrète pour mieux remplir son rôle. Un grand moment dans l’album mais avec des longueurs inhérentes à l’époque dont le trio s’inspire.
Si vous aimez Journey, Boston, Foreigner, Steppenwolf, Robin Trower, Jimi Hendrix et les guitar heroes en général, cet album est pour vous et vous allez vous régaler, c’est sûr. Ce groupe, c’est de la dynamite.
Pays: US
Blues Bureau / Provogue Records / Mascot PRD 7160 2
Sortie: 2005/07/18
Pas du tout d’accord avec vous !!!! Le batteur est très très mauvais !!
Aucune variété dans le jeu ! C’est basique de chez basique ! Comment peut-on comparer ce « musicien » à Ginger Baker ???? J’hallucine !!!!
Pour ce qui est de la musique proposée, c’est honnête, sans plus, et sans grande originalité, mais ça balance pas mal; du Blues Rock pas très inspiré, mais dans la moyenne de ce qui sort de chez Mike Varney.