DEFECAL OF GERBE – Discolocauste 2005-2018 – The full sh*t so far
Amis de la poésie, bonjour. Nous allons nous plonger aujourd’hui dans la finesse parnassienne, dans le romantisme fragile et attendrissant de ces esthètes du verbe et de la mélodie que sont les Français de Defecal Of Gerbe. Vous l’aurez compris, rien que le nom amuse dans ce trio qui s’adonne au genre musical feutré qu’est le goregrind. Le goregrind, c’est très simple, est un mélange de gore (mais plutôt tendance WC) et de grindcore, le genre métallique le plus brutal connu à ce jour. Et quand on associe ces deux concepts, on tombe dans le cul de basse-fosse de l’horreur, avec zombies qui se mangent eux-mêmes, accès subits de putréfaction spontanée ou cannibalisme au pays des psychopathes typhiques.
C’est fin, ça se mange sans fin, c’est délicat comme une épidémie de poliomyélite chez des trisomiques soudainement pris de fringales anthropophages. Et pour illustrer cette grâce que peut revêtir un abcès purulent léché par des lépreux morts-vivants, un groupe comme Defecal Of Gerbe sait parfaitement y faire. Formé à Montargis en 2005 autour des frères Dave « Hourmen » Chaigne (guitare et hurlements), Mike « Ron Maiden » Chaigne (basse et grognements) ainsi que d’Hervé « To Heaven » Motté (batterie et gargouillis), ce charmant trio a jusqu’à présent commis une démo en 2007 et deux EPs partagés en 2008 et 2009. Mais ça pourrait évoluer puisqu’un premier album long format est annoncé pour bientôt.
En attendant, le groupe lâche dans la nature cette guillerette compilation « Discolocauste 2005-2018 – The full sh*t so far », qui reprend les œuvres essentielles de Defecal Of Gerbe, soit une quinzaine de morceaux dont on ne comprend pas comment on a pu s’en passer jusqu’à présent. Quoi de plus rassurant en effet pour l’équilibre mental que cette succession de chansonnettes dépassant rarement les deux minutes et qui ont pour titres « Ass of ped », « Once upon the crotte », « Sublime inspecteur Derrick decomposition », « Règles in blood », « Leffe for dead », « In-trouduc-fion », « Camembert nécrophile », « Diarrhée mousseuse » ou « Orgasmic abortion »?
Les paroles laissent une immense part à l’imagination puisqu’on ne comprend absolument rien aux borborygmes ultra-gras qui font office de chant. De quoi peut bien parler Defecal Of Gerbe? De philosophie cartésienne? De spiritisme taoïste? D’astronomie, de chimie organique ou de littérature norvégienne? Oui, ça doit être ça… De chimie, c’est à peu près sûr, vu les bruits de pets, de gargouillements intestinaux ou de rots pestilentiels qui viennent émailler les effets sonores de cet album. Quelques extraits de films (pas d’Orson Welles, je vous rassure tout de suite) servent souvent d’introduction à ce qui devient rapidement une avalanche de guitares informes, de brouhahas ursidés et de batterie envoyée à 4000 coups/minute.
Bref, à côté de Defecal Of Gerbe, des combos comme Gronibard ou Ultra Vomit mériteraient d’entrer à l’Académie française sans autre forme de procès. Il n’en reste pas moins que l’humour absurde et potache de cet exercice en fait un moment bien jouissif pour ceux qui ont un humour à 28 degrés et qui savent apprécier la plaisanterie fine ainsi que le calembour charcutier. On attend impatiemment la sortie du premier album officiel.
Pays: FR
Xenokorp
Sortie: 2018/08/27