MOTOROWL – Atlas

En quatre ans, les hommes de Motorowl ont accompli un chemin assez remarquable. Originaires de Gera en ex-Allemagne de l’Est, Max Hemmann (guitare et chant), Vinzenz Steiniger (guitare), Martin Scheibe (batterie), Tim Camin (basse) et Daniel Dettlev (claviers) sont passés du stade de petit combo admirateur de rock lourd à celui de groupe remarqué dès son premier album par le label Century Media et enfin à celui de groupe espoir chez la nouvelle génération stoner/doom/psychédélique lourd européenne.

Assemblant des influences héritées de Black Sabbath, Pentragram ainsi que des ancêtres du krautrock germain comme Guru Guru, Birth Control ou Grobschnitt, Motorowl ne met que deux ans à sortir son premier album « Om generator », en 2016. D’abord sorti sous forme digitale, le disque attire l’attention des chasseurs de têtes de Century Media qui signe un contrat avec le groupe pour commercialiser cette première œuvre. Pour la défendre, Motorowl part ainsi en tournée avec des groupes comme Sólstafir, Die Apokalyptischen Reiter, ’77, Grave Pleasures ou les tout-puissants High On Fire. Récemment, on a pu voir ces Allemands ouvrir pour le show d’All Them Witches à l’Ancienne Belgique en juin dernier.

Avec une renommée grandissante, Motorowl enclenche maintenant la vitesse supérieure avec un deuxième album, qui est habituellement celui où on attend les groupes au tournant. Le premier album « Om generator » était déjà prometteur, avec ses riffs nobles, ses compositions savamment travaillées et son épaisseur raffinée. On y sentait le rock lourd, le progressif bardé de piano intelligent et les rythmiques élaborées. Avec « Atlas », Motorowl affine davantage ses propos et incorpore de nouvelles données, glanées au fil d’expériences musicales récentes. On sent assurément la marque de l’expérience qui vient donner à cet album une patine solide et incroyablement travaillée. Le groupe a produit l’album avec l’aide précieuse de Charlie Paschen, batteur de Coogans Bluff, encore un excellent groupe stoner allemand. L’ardeur derrière la console est bien reflétée sur le disque, qui commence à séduire dès le premier titre « Infinite logbook » qui allie avec réussite un hard rock carré au niveau des rythmiques et une mélodie progressive dans les vocaux et les claviers. Mais les plats de résistance seront pour plus tard, avec « Atlas » et sa cérémonieuse introduction à l’orgue, la paire « To give » et « To take » qui occasionnent de superbes envolées progressives, ainsi qu’un « Norma Jean » final de plus de neuf minutes qui finit de démontrer tous les bienfaits de ce disque, dont aucun titre ne descend au-dessous de cinq minutes.

« Atlas » constitue donc le laissez-passer de Motorowl pour la cour des groupes sérieux et les combos jeunes qui pourraient sans doute monter assez haut à l’avenir. On pense à Porcupine Tree, avec une touche seventies à la Siena Root, avec l’ombre princière d’Opeth pour l’inspiration générale, du beau boulot. Tournons nos regards vers l’est, on ne sait jamais.

Pays: DE
Century Media
Sortie: 2018/06/27