GIN BLOSSOMS – Mixed Reality
Ils eurent une influence moindre en Europe mais aux Etats-Unis, le groupe Gin Blossoms a surfé sur une belle vague de succès, payée néanmoins avec le prix de la tragédie. Formé à Tempe en Arizona en 1987, Gin Blossoms est la création de Jesse Valenzuela (chant et guitare), Doug Hopkins (guitare), Bill Leen (basse), Richard Taylor (guitare) et Chris McCann (batterie), ces deux derniers étant rapidement remplacés, la batterie offrant une ribambelle d’occupants au cours des trente dernières années.
Ces trente années vont voir la fabrication de six albums, d’une période de séparation (1998-2002) et vont être marquées par le décès du guitariste Doug Hopkins, compositeur et tête pensante du groupe durant la première époque de son existence, responsable des hits « Hey jalousy », « Found out about you » ou « Lost horizons » qui émanaient du deuxième album « New miserable experience » (1992), arrivé 30e dans le Billboard américain et quadruple album de platine pour le groupe. Noyé dans d’insurmontables problèmes d’alcool et de dépression, Doug Hopkins se suicide exactement cinq mois avant Kurt Cobain, le 5 décembre 1993.
« New miserable experience » est le cheval de bataille de Gin Blossoms, qui va également connaître un petit succès avec « Congratulations, I’m sorry » (1996), numéro 10 aux Etats-Unis, puis « Major lodge victory » (2006, n° 159) et « New chocolate cake » (2010, n° 173). Cette année, le groupe toujours mené par Valenzuela, Leen et les désormais anciens Robin Wilson (chant et guitare) et Scotty Johnson (guitare), Gin Blossoms ajoute « Mixed reality » à sa discographie, avec son nouveau batteur Scott Hessell, en charge du kit depuis 2012.
Cet album rompt un silence de huit années et signifie pour les jeunes générations une découverte de Gin Blossoms. Huit ans, c’est long, d’autant que le groupe revient aux affaires par le biais d’un label d’importance économique intermédiaire, à savoir Cleopatra Records. Musicalement, Jesse Valenzuela et ses compagnons maintiennent le cap d’un rock mélodique que l’on peut aussi qualifier de power pop. C’est trop léger pour pouvoir être comparé à du Green Day mais c’est aussi trop énergique pour être du MGMT, en quelque sorte. Gin Blossoms aligne une quinzaine de chansons sur 53 minutes, prenant le risque de s’exposer à quelques remplissages de temps à autre. Les débuts du disque sont effectivement assez sympathiques, avec « Break », « Angels fly » et surtout l’excellent « New Mexico trouble » qui envoie du riff quasiment sauvage et qui sera le seul véritable accès de génie sur ce disque. Le reste déroule agréablement une petite décoction Tom Petty / Bryan Adams / Stereophonics qui va se répéter tout au long de l’album, pour le meilleur (« Here again », « Still some room in heaven ») et pour le… moins meilleur, à défaut de parler de pire, car on n’est quand même pas dans la catastrophe (« Girl on the side », « Wonder »). On sent un peu le coup de mou en milieu d’album mais Gin Blossoms semble redonner un peu de vigueur à sa course vers le dernier tiers avec davantage de rythme (« Shadow », « The devil’s daughter »). Et vient alors le dernier morceau, pour lequel il y a deux écoles de pensée. Il y a ceux qui aiment un dernier titre qui dévaste tout avant de pouvoir éteindre la chaîne hi-fi, et il y a ceux qui aiment une bonne petite ballade toute en douceur pour terminer l’album agréablement. Gin Blossoms choisit la deuxième solution, en se réservant une légère option pour un peu d’énergie avec un « Mega pawn king » très acceptable.
Gin Blossoms fait un retour qui semble assez discret au regard de ses performances commerciales passées mais il se montre ici capable de rester fidèle à sa ligne et de proposer encore quelques morceaux intéressants pour ses fans et pour les amateurs de pop rock finement troussé.
Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2018/06/15