NIGREDO – Flesh torn/Spirit pierced
En Grèce, on ne fait pas que de prélasser au soleil en sirotant un verre d’ouzo, en dégustant quelques olives et en dansant le sirtaki. Il y a des forces maléfiques qui ont des choses plus importantes à faire que de se commettre dans ces aimables clichés au sujet du pays d’Aristote. Dans les caves et les grottes du Péloponnèse, quelques groupes de black metal fourbissent leurs armes nocives et commettent des attentats sonores afin d’effrayer les evzones et les fabricants de feta. Nigredo est un de ces combos d’une scène black metal grecque quand même assez riche.
Quand on regarde le pedigree des deux membres de ce groupe créé à Athènes en 2013, on s’aperçoit que le batteur Maelstrom doit représenter à lui seul la totalité de la scène black metal grecque, vu le nombre impressionnant de combos dans lesquels il a joué depuis plus d’une vingtaine d’années. Matez un peu le CV du Sieur Maelstrom, alias John Votsis : Dephosphorus, Disharmony, Ectoplasma, Embrace of Thorns, End, Fadom, Mentally Defiled, Principality of Hell, Profane Prayer, Saboter, Thou Art Lord, Vacantfield, Violent Definition, Nergal, Slaughtered Priest, ex-Cross Denied, ex-Heavensore, ex-Hordes of Decay, ex-Plaguendgraves, ex-Abyssgale, ex-Dødsferd, ex-Mortal Torment, ex-Nadiwrath, ex-Necrochakal, ex-Ravencult, ex-Stillborn Virtue, ex-Thy Darkened Shade… On se demande si ce type a encore l’occasion de dormir ou d’aller aux toilettes de temps en temps. L’autre membre de Nigredo, c’est un certain Aleksis Papatheophanou, dit A (c’est plus simple à retenir) et qui a œuvré dans Ravencult (où il sévit toujours) et Exarsis (de 2010 à 2013).
Rien que ces deux personnages résument un énorme pan de ce qui se passe en Grèce en matière de black metal (il sera intéressant de se pencher sur tous ces noms précités) et le moins que l’on puisse dire, c’est que le black metal grec ne fait pas dans la douce plaisanterie, à entendre les terribles accès de furie qui hantent l’album « Flesh torn – Spirit pierced », premier album long format du duo athénien, après un EP « Facets of death » sorti en 2015. D’ailleurs, le black metal de ces charmants éphèbes est aussi serti de quelques rivets death metal et hardcore. Par exemple, on comprend ce que raconte le chanteur, ce qui n’est pas toujours évident dans un pur groupe de black metal. Dans le black metal traditionnel, le chanteur pourrait nous réciter la recette de la moussaka à grands renforts de borborygmes ulcérés, on pourrait prendre cela pour des poèmes sur Satan. Ici, on saisit un peu le message assez révolutionnaire et colérique des thèmes chéris par Nigredo.
Musicalement, la production assez sèche fait sonner les morceaux comme des coups de fouet qui viennent vous lézarder les tympans. Le batteur canarde à 4000 coups/minutes sous un déluge de riffs de guitare hyper-violents et plus rapides qu’une balle de Mauser. On se plaît à se chahuter le cervelet à l’écoute d’élégies fines comme « Ten repellent antiforces », « Choronzon possession », « Mental glimpses at cosmic horrors », « Saturnian death cult » ou « Raging tides of times ». Si vous en avez assez d’écouter Demis Roussos pendant vos vacances à Mykonos, vous savez vers qui vous pouvez tourner vos tympans.
Pays: GR
Transcending Obscurity Records
Sortie: 2018/04/15