GODSMACK – When Legends rise
Formé en 1995 à Lawrence dans le Massachusetts (le Met Ses Chaussettes, pour ceux qui ne parlent pas anglais), Godsmack a connu un line-up relativement stable autour de son fondateur et patron incontesté Sully Erna, chanteur et multi-instrumentiste qui a toujours pu compter sur la fidélité de son bassiste Robbie Merrill et de son guitariste lead Tony Rombola (et non pas Rony Tombola, comme certains contrepétistes invétérés se plaisent à le répéter) pour emmener Godsmack sur trois décennies et la réalisation de six albums. Côté batteur, c’est plus délicat mais le cogneur Shannon Larkin est dans les rangs depuis 2002.
Tout au long des albums « Godsmack » (1998), « Awake » (2000), « Faceless » (2003), « IV » (2006), « The oracle » (2010) et « 1000hp » (2014), le groupe a développé un hard rock alternatif complètement en règle de cotisation avec l’esprit grunge cher à Alice In Chains. Car c’est là où le bât blesse : Godsmack est un excellent groupe pris en tant que tel mais comparé au combo sulfureux du défunt Layne Staley, il n’est qu’une ombre, une touche ctrl-C – ctrl-V un peu trop répétée sur le clavier du grunge. Le premier album de Godsmack – de loin le meilleur – intervient en 1998, à une époque où les vers terminent de déguster les derniers morceaux de moelle séchée de Kurt Cobain dans sa tombe et où Layne Staley entame sa dernière ligne droite vers le tombeau. Autrement dit, il n’est qu’un bouche-trou qui fera illusion un petit moment, avant de se répéter à l’envi sur les albums suivants. Godsmack est ce qu’on pourrait appeler un épiphénomène américain, rencontrant un certain succès sur ses terres (ses cinq derniers albums ont tous fini dans les cinq meilleures places du Billboard) mais étant relativement discret dans les charts du Vieux Continent – 154e place ans les charts anglais pour l’album « Faceless » et une inexplicable 11e place pour « The oracle » dans le hit-parade grec en pleine crise économique, où on a apparemment encore les moyens de s’acheter des disques, il va falloir en parler à Angela Merkel.
Bon, tout ce qui vient d’être dit reste complètent valable pour le tout nouvel album de Godsmack, un « When legends rise » en tous points semblables à ses prédécesseurs et qui se place à nouveau assez haut dans les charts américains, avec une 8e place au Billboard. Du point de vue du contenu, pas de changement notable, Godsmack se fendant d’un post-grunge somme toute assez commun qui termine de démontrer que le grunge, c’était la période 1989-1994 et qu’après, le lait a tourné. Finalement, l’existence d’un groupe comme Godsmack a une certaine utilité puisqu’on se rend compte qu’avec lui, le grunge n’avait de toute façon qu’une durée de vie limitée et que si Kurt Cobain avait vécu, il serait maintenant ventripotent et milliardaire et commettrait des albums de hard FM nostalgiques ou des œuvres de folk americana défendant la protection de l’environnement et l’amour des chats.
Les nostalgiques du Nirvana décadent et déchirant vont donc aller voir ailleurs et les amateurs de Nickelback ou de Linkin Park trouveront ici des mélodies alléchantes, bourrées de refrains hymniques donnant envie de hurler dans les stades de football (« Bulletproof », « Every part of me », « Take it to the edge »). L’obligatoire ballade « Under your scars » permet de s’épancher sur du romantisme standard et de tenter d’emballer le samedi soir. Heureusement, la dernière partie de l’album réserve quelques bonnes surprises, avec « Someday » (énergie et mélodie vigoureuse), « Say my name » qui balance encore du gras, « Let it out » qui prend une tangente agressive bien négociée et le final « Eye of the storm » qui se veut résolument martial dans ses rythmiques et plus fin dans ses refrains.
Tout ceci s’annonce finalement moins pire que je ne le craignais et Godsmack signe ici sans doute son album le plus pertinent, toutes choses égales par ailleurs, depuis de nombreuses années. Mais je vais quand même aller me faire une petite cure de Slayer pour me remettre d’aplomb, tiens.
Pays: US
BMG
Sortie: 2018/04/27