INWOLVES – Color in the zoo
Derrière Inwolves se cache la curiosité musicale insatiable de Karen Willems, qui avait déjà légué à l’humanité l’EP « Air + » (2014) et l’album « Inwolves« (2016), où les génies de l’anti-son, les intrépides de l’expérimentation astrale, les laborantins déments et les psychanalystes de l’atonalité avaient trouvé matière à leurs fantasmes les plus fous.
Karen Willems réitère ses forfaits ambient avec ce nouvel album « Color in the zoo » qui continue d’explorer de nouvelles terres sonores. Alors qu’elle était accompagnée de Jürgen De Blonde à la guitare et de Ward Dupan aux synthétiseurs sur son premier album, Karen Willems renouvelle son accompagnement avec l’invitation de Nils Gröndahl (au violon sur « All construction »), Barkin Engin (électronique en tous genres sur « She needs air »), Stijn Dickel (enregistrements en extérieur, guitare, scie musicale et rires), Glen Steenkiste (harmonium et guitare acoustique sur « Faith ») et Maarten Flamand (basse et mandoline). Les percussions sont exécutées par Karen Willems, puisque c’est sa spécialité. Mais elle a aussi mis au point toutes les parties de guitare, basse, synthé et autres effets.
C’est d’ailleurs la percussion qui sert de trame à cet album, construit sur des collages sonores sur lesquels les percussions vont se greffer. On n’a évidemment pas affaire ici à de la simplicité pour punk rockers décérébrés et il va falloir s’accrocher à la corde à linge pour appréhender cette œuvre touffue et complexe, élaborée sur neuf morceaux assez déconcertants. Il y est question d’improvisations autour d’enregistrements de bruits divers, captés dans la nature ou fabriqués électroniquement. Nous voilà donc confrontés à du mambo cosmique et inquiétant (« All construction »), irrités par des vociférations cacophoniques de flûte (« She needs air »), promenés dans l’hyper-espace (« Attack of the tumbleweed », « Faith »), envoutés par des mélopées bruitistes (« To Louis Hardin », ce musicien étant un des pionniers du bruitisme), plongés au milieu de la jungle luxuriante (« In paradiso ») ou pris en tenaille entre grincements mécaniques et arpèges entêtants (« Heen en weer »).
Karen Willems, lâchée dans un laboratoire géant, s’en est donné à cœur joie dans l’expérimentation et les collages sonores. On sent ici un gros travail de composition, d’assemblage et d’imagination débridée. Les fans de Status Quo savent déjà qu’ils n’ont rien à faire dans cet univers mais les amateurs d’avant-garde inclassable vont se régaler.
Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2018/04/23