AT THE GATES – To drink from the night itself
Nous n’allons pas revenir sur l’histoire d’At The Gates, déjà admirablement contée par l’ami Michel Serry sur sa chronique concernant « At war with reality« , le disque come-back des Suédois en 2014. En relisant cette chronique, j’ai trouvé les sentiments que je ressens moi-même à l’égard du death metal mélodique, une expression aussi ambiguë et antinomique que peut l’être un grand nain, un fasciste démocrate ou du metalcore excellent. Comment peut-on faire du death metal et être mélodique en même temps? Posez la question à In Flames ou Dark Tranquillity, eux, ils savent.
Pour ce qui est d’At The Gates, le parcours est plus tortueux puisque le groupe passe 15 ans dans les limbes de la séparation avant de revenir en 2011 et de reprendre une production discographique aboutissant ici à un sixième album en 28 ans. Fait notable depuis la sortie du précédent album, le guitariste historique Anders Björler a quitté le navire, laissant son frère Jonas Björler (basse), Tomas Lindberg (chant), Adrian Erlandsson (batterie) et Martin Larsson (guitare rythmique) choisir le nouveau guitariste Jonas Stålhammar en remplacement.
L’arrivée d’un petit nouveau dans une formation n’ayant jamais trop connu de changements de personnel peut aboutir à deux choses : soit le novice ne s’intègre pas et l’ambiance est minée, soit il apporte du sang neuf et fait bouger la vieille construction jusqu’alors gentiment ronronnante. Heureusement, c’est le deuxième cas de figure qui se présente pour At The Gates, qui retrouve ici une envie de mordre et d’être plus agressif. Si « To drink from the night itself » garde quand même de grosses caractéristiques death mélodique, il fait néanmoins jaillir une certaine colère et des gros riffs menaçants. Dans le style, des morceaux comme « The chasm », « In nameless sleep » ou « The colour of the beast » viennent pilonner les tympans dans la mauvaise humeur et éveillent l’intérêt de l’auditeur qui a surtout retenu le mot death dans l’expression death metal mélodique.
Sans apporter de grands bouleversements à l’histoire d’At The Gates, ce nouvel album montre néanmoins que le combo suédois en a encore sous le plancher et que les presque trente ans qui se sont écoulés depuis sa création n’ont pas encore entamé le potentiel énergétique de Tomas Lindberg et de ses sbires.
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2018/05/18