PERDOMO, Fernando – Out to sea
Depuis une petite vingtaine d’années, Fernando Perdomo mène à un train d’enfer une carrière extrêmement fournie de producteur, musicien, artiste solo, membre de groupe, propriétaire de label (Forward Motion Records) et tout et tout. Son CV est incalculable de par la liste des groupes auxquels il a participé (Dreaming In Stereo, Records And Tapes, Stones, Reseda, Encino Evil, Black Galaxy), la liste des artistes qu’il a produits (Andy Pratt, Jorge Moreno, Ed Hale, Rachel Goodrich, Sylvia Emmerson, Jason Masik, Kim Drake, Jim Camacho, Robert Avellanet, Little Dove…) ou les sessions qu’il a effectuées (pour Jennifer Lopez, Benny More, Cristian Castro, Elsten Torres, Kany Garcia, Tego Calderon, Paulina Rubio…). Beaucoup de noms hispaniques ici, car Fernando Perdomo fait partie de la communauté hispanique de Miami, bien qu’il ait déménagé à Los Angeles en 2012.
A 37 ans, Fernand Perdomo a aussi, bien entendu, un gros dossier d’artiste solo, avec plusieurs albums à son actif, environ une dizaine, EPs compris, depuis 2010. Et j’allais oublier les musiques pour les publicités, parce qu’il y a aussi de ça, figurez-vous. Bref ce personnage gagne à être connu et son nouvel album « Out to sea » va nous donner cette occasion.
Fernando avoue lui-même être dingue de musique depuis l’âge de trois ans, être fan accompli des Beatles à huit ans et avoir commencé sa collection de vinyles de rock progressif dès onze ans. Le rock progressif est effectivement une des grandes obsessions musicales de Fernando Perdomo et il témoigne ici de son amour pour la cause prog avec cet album entièrement orienté vers ce style musical.
« Out to sea » se veut alléchant dès le premier contact visuel avec la pochette, où sont alignées à l’intérieur une douzaine de guitares en photo, avec la marque. On trouve ainsi une Guild S-100 rouge, une Fender Mustang, une Shabat Lion, une basse Rickenbacker 4001, une autre basse Squier P, une sitar électrique Rogue Coral, et des guitares sèches Gibson Country Western, Regal Nashville Parlor, William Ziegler Classical, Ovation Balladeer ainsi qu’une pedal steel Sho-Bud Maverick. Ce goût de la précision technique, cher à nos amis progueux, annonce un festival de guitares. Et c’est précisément ce à quoi on a droit au cours de ces neuf morceaux instrumentaux qui vont rendre hommage aux grands du rock progressif, c’est-à-dire à des musiciens anglais parce que le rock progressif, c’est anglais. Et peut-être aussi un petit peu néerlandais puisqu’il y a un titre dédié à Focus (« De boerderij »). Sinon, « The architect » cite Peter Banks, « The future according to Roye » fait référence à Roye Albrighton (guitariste du groupe Nektar, décédé en 2016), « Sonja » est évidemment un clin d’œil à Sonja Kristina de Curved Air et « Starless » n’est ni plus ni moins que la reprise du morceau de King Crimson, composé par le regretté John Wetton.
Fernando Perdomo a tout composé lui-même à part cette reprise et il a joué de tous les instruments, batterie comprise, sauf sur « The dream » où c’est Eddie Zyne qui vient frapper les peaux. On découvre ainsi un guitariste efficace, qui nous met dans un bain électrique dès « The architect », joué dans une veine très Yes (normal, c’est un hommage à Peter Banks). Perdomo continue de briller sur « Out to sea » et réitère ses forfaits de guitar-hero sur chacun des morceaux, dont le plus impressionnant est ce « Dreaming in stereo suite » qui nous tient en haleine pendant plus d’un quart d’heure. Le final « Starless » est là pour ajouter une touche d’une infinie tendresse à cet album musclé et acrobatique.
Résolument prog rock dans le meilleur sens du terme, cet album nous renvoie directement dans les années 70. Ici, pas de Genesis, du King Crimson, c’est-à-dire le grand prog, le seul, le vrai!
Pays: US
Forward Motion Records
Sortie: 09/02/2018