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WISHBONE ASH – Twin barrels burning

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Le label Cherry Red a récemment réédité « Twin barrels burning » et « Raw to the bone », deux albums de Wishbone Ash qui ne figurent pas forcément dans le haut du panier de la florissante discographie de ce groupe anglais qui fêtera bientôt ses cinquante ans en octobre 2019. L’amateur de rock progressif musclé connaît bien sûr Wishbone Ash et citera avantageusement les légendaires albums « Wishbone Ash » (1970), « Pilgrimage » (1971), « Argus » (1972) et « Wishbone four » (1973). Ce quarté d’albums fondamentaux mettait en lice une dream team composée des fondateurs Steve Upton (batterie), Martin Turner (basse), ainsi qu’Andy Powell (guitare et chant) et Ted Turner (guitare, sans rapports familiaux avec le bassiste). L’histoire raconte qu’Upton et Martin Turner, incapables de choisir entre deux candidats guitaristes tout aussi excellents l’un que l’autre, ont pris les deux, aboutissant ainsi à créer le fameux style des guitares jumelées, marque de fabrique de Wishbone Ash pour les siècles des siècles.

Puis, après le départ de Ted Turner, Wishbone Ash entre dans l’ère Laurie Wisefield, fin bretteur en provenance de Home qui contribuera à faire des albums « There’s the rub » (1974), « Locked in » (1976), « New England » (1977), « Front page news » (1977) ou « No smoke without fire » (1978) de petits joyaux d’un hard rock fin, précis et pour ainsi dire progressif. Ici, pas de sidérurgie balancée à fond de train par des chevelus décérébrés, mais du travail d’orfèvre ciselé par des mécaniciens de la guitare.

Nous en arrivons ainsi aux années 1980, une décennie âpre pour les dinosaures du classic rock qui avaient prospéré gentiment à l’époque sans anticiper l’émergence de la nouvelle vague du heavy metal des années 80, concrétisée à partir de 1983 par l’invasion thrash metal des furieux et invincibles Metallica, Slayer, Megadeth, Anthrax et autres joyeusetés cloutées. En 1982, le hardeux de base n’a pas encore entendu parler de ces groupes et ce qu’il connaît de plus violent à l’époque, c’est Judas Priest et Iron Maiden. En pleine tempête de la New Wave Of British Heavy Metal, les vénérables hard rockers anglais du genre Rainbow, Status Quo, Uriah Heep ou Wishbone Ash commencent à sentir le moisi. Quant à Led Zeppelin ou Deep Purple, ils ont eu la bonne idée de se séparer juste avant pour préserver leur part de mythe, ce qui fonctionnera d’ailleurs assez bien avec le recul du temps.

Donc, Wishbone Ash en 1982, c’est la sortie de l’album « Twin barrels burning ». Steve Upton et Andy Powell évoluent alors toujours avec Laurie Wisefield à la seconde guitare et le groupe est maintenant appuyé à la basse par Trevor Bolder (ex-Spiders From Mars, Uriah Heep) qui succède à John Wetton, passé brièvement chez Wishbone Ash après le départ du bassiste Martin Turner en 1980. « Twin barrels burning » sera le seul album de Wishbone Ash sur lequel joue Trevor Bolder et il sera aussi le dernier album du groupe à connaître une présence dans les charts anglais, avec une 22e place étonnamment bonne quand on considère la faiblesse de ce disque par rapport à ses prédécesseurs.

Car on ne peut pas dire en effet que ce douzième album du groupe fait des merveilles, en comparaison du glorieux passé musical de Wishbone Ash. En 1982, le hard rock mélodique de cet album est déjà sur le point d’être balayé par le heavy metal naissant. Mais 36 ans plus tard, le côté un peu vieillot de cette musique est encore plus accentué. On ne jette pas la pierre sur les musiciens, qui sont toujours extrêmement affutés (notamment les solos de Laurie Wisefield, et d’Andy Powell, auquel il faut ajouter le jeu de basse très souple et percutant de Trevor Bolder) mais les compositions sont relativement convenues, ne sortant du lot qu’à l’occasion de quelques saillies intéressantes, comme « Can’t fight love », « Hold on » ou « No more lonely nights ». Le groupe pratique un hard feutré un peu FM, pas éloigné de Foreigner ou du Rainbow post-Ronnie James Dio. C’est gentil, posé mais plus aussi aventureux que ce que faisait Wishbone Ash dans les années 70. Le paradoxe est que les morceaux en bonus livrés dans cette réédition de Cherry Red, inédits à l’époque, sont souvent meilleurs que les titres de l’album (notamment le solide « Night hawker »).

Cherry Red nous livre aussi un second CD qui est la version américaine de l’album, avec un mixage et un ordre des morceaux différents. Le livret bien fourni en informations est toujours un gage de qualité pour le travail de réédition fait par Cherry Red.

J’avoue que « Twin barrels burning » n’a pas beaucoup quitté les rayonnages vinyles de ma discothèque. Sa redécouverte en CD permet de repenser, toujours avec plaisir, à la carrière de Wishbone Ash mais il n’est pas certain que cette réédition sortira également assez souvent des étagères, toujours concurrencée par les indispensables albums des années 1970-74.

Pays: GB
Cherry Red Records
Sortie: 2018/02/02 (réédition, original 1982)

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