REIERSRUD, Knut BAND – Heat
On l’aura compris rien qu’en entendant son nom, Knut Reiersrud n’est pas congolais, ni paraguayen. Le type vient effectivement de Norvège, où il occupe solidement un gros pan du blues rock local depuis une trentaine d’années. Né en 1961 à Oslo, il est repéré en 1991 sur un disque commis en collaboration avec le légendaire claviériste Iver Kleive. Cette association s’est poursuivie durant une quinzaine d’années et s’est concrétisée par quatre albums dont le dernier est paru en 2006.
En solo, Knut Reiersrud est responsable d’une dizaine d’albums depuis 1993 et est aussi un grand amateur de collaborations avec d’autres musiciens. On le retrouve ainsi en 2000 sur le projet 4G, avec Frode Alnæs, Knut Værnes et Bjørn Klakegg, puis il enchaîne « Night sky day dream » en 2003 avec Henry Kaiser, « Himalaya blues » en 2004 avec Hans Fredrik Jacobsen, « One drop is plenty » en 2011 avec Mighty Sam McClain, « Infinite gratitude » en 2012 avec le Trondheimsolistene, « Som den gyldne sol » en 2013 avec Iver Kleive et Povl Dissing, « Blues detour » en 2014 avec Eric Bibb et Ale Möller, « Tears of the world » en 2015 avec à nouveau Mighty Sam McClain, « Trails of souls » en 2015 avec Solveig Slettahjell et « Jazz at Berlin Philharmonic VI – Celtic roots » en 2016 avec Ale Möller, Eric Bibb, Aly Bain, Fraser Fifield, Tuva Syvertsen et Olle Linder.
On voit donc que Knut Reiersrud est un homme occupé et c’est son nouvel album « Heat » qui fait aussi comprendre à ceux qui ne le connaissaient pas encore que c’est un musicien de talent. Ce nouvel album est réalisé avec le concours de Nikolai Hængsle (basse), David Wallumrød (claviers), Andreas Bye (batterie) et Bjorn Holm (guitare), et il voyage dans les terres d’un blues rock seventies bien teinté de funk, à la manière de ce que faisait le grand JJ Cale. Tous les titres sont composés par Knut Reiersrud (à l’exception d’un petit bout de cantate finale signé d’un certain Jean Sebastien Bach) mais le bon Knut reconnaît que la plupart des titres sont inspirés de chansons écrites par de grands ancêtres. Ainsi, « Wood » est inspiré de Benjamin Britten (compositeur britannique classique du milieu du 20e siècle), « April March » est dérivé d’un classique du folk norvégien de la région de Setesdal et « The heat » est inspiré par St Louis Jimmy Oden (1903-1977), un bluesman du Tennessee qui a aussi eu une influence sur Joe South puisque ce morceau ressemble à s’y méprendre au fameux « Hey Joe », attribué à Joe South. Outre le folk traditionnel norvégien et le blues, Knut Reiersrud se tourne également vers le folklore traditionnel iranien avec « Monstermaster », un morceau qui est allé piquer quelques idées sur la chanson « Chahar Pare ».
Le tout donne d’excellents résultats, au cours de 43 minutes d’une musique alliant avec habileté blues, tradition norvégienne ou orientale et où on découvre la finesse du style de guitare de Knut Reiersrud. L’interaction entre les musiciens se déploie au mieux sur des morceaux longs (« Sacred Mama », « The heat », « Monstermaster », « This was meant to be a sad song ») qui laissent la part belle à des solos subtils et fermes de la part de Kunt Reiersrud. Alliant la souplesse du jazz, le feeling du blues et une petite pointe de rock, cet album se révèle une belle douceur pour les oreilles.
Pays: NO
Jazzland Recordings Norway
Sortie: 2018/04/13