OUTSHINE – 1313
Si vous organisez une fête chez vous ce weekend, n’invitez surtout pas Jimmy Norberg, le guitariste fondateur du groupe suédois Outshine. Il vous pourrirait probablement l’ambiance. Il faut dire, à sa décharge, qu’il a de bonnes raisons de se la jouer maussade. Imaginez qu’en 2013, son groupe avait tout pour réussir. Trois albums au compteur, un quatrième en boite et une tournée en compagnie de Paradise Lost. Tout frise la perfection… jusqu’au jour maudit du 13 septembre 2013 où tout bascule. Ce soir-là, en fracturant le tour bus d’Outshine, quelques misérables imbéciles déclenchent une série d’évènements infortunés qui auraient pu mener Norberg à sa perte. Disparus les instruments, les cachets du groupe emmagasinés durant la tournée, les documents importants et, surtout, les bandes enregistrées de la nouvelle plaque ! Aux soucis et aux disputes que ces ‘pertes’ occasionnent au sein du groupe, s’ajoutent d’autres problèmes plus importants encore : un procès avec les autorités suédoises au cours duquel Jimmy perd sa société, sa maison, sa petite amie et bon nombre d’illusions au sujet de sa famille et ses amis. Bref, la vie du musicien gothembourgeois est devenue un enfer ! Il faut attendre 2016 et la fin du procès au cours duquel le guitariste et sont groupe sont blanchis de toutes les accusations qui pèsent sur eux pour qu’Outshine puisse enfin reprendre du service. Ayant perdu son frontman dans le processus, le groupe recrute Tony Jelencovich (B-Thong, Transport League, ex-Mnemic) pour reprendre le flambeau.
Le nouvel album est fortement marqué par les événements qui ont suivi le 13 septembre 2013. De l’intitulé de la plaque (« 1313 »), qui rappelle cette date fatidique, aux titres des chansons qui semblent tous évoquer les étapes de ce sombre parcours (« Liar », « She Will Love Me When I’m Dead », « 1313 », « My Agony », « My Suicide », etc.), tout est fait pour évoquer la dépression, le découragement et l’amertume. La musique composée par Norberg convient parfaitement à cet état d’esprit puisqu’elle nous replonge dans les années les plus dépressives qu’ait connu la scène Metal ; cette période Gothique du milieu des années 90 durant laquelle certains groupes Metal tentaient un rapprochement quasi hérétique avec la scène Dark/New Wave des années 80.
Franchement réussi dans son genre, « 1313 » pourrait être considéré comme le chaînon manquant entre le génial Bloody Kisses de Type-O-Negative (1993) et le surprenant « One Second » de Paradise Lost (1997). On y retrouve des guitares plombées, des synthés dépressifs et des rythmiques semi-entrainantes similaires à celles qui caractérisent ces deux classiques du Metal Gothique. Le timbre de voix adopté par Tony Jelencovich pour l’occasion rappelle d’ailleurs souvent celui de Peter Steele (et aussi un peu celui de Glen Danzig).
Délicieusement tristounet, « 1313 » marque sans doute la fin des vaches maigres pour Outshine. Espérons que ce retour gagnant ne le fasse pas sombrer dans l’euphorie. La qualité des prochaines productions souffrait à coup sur d’un excès d’optimisme.
L’album (37’18) :
- Liar (4’01)
- She Will Love Me When I’m Dead (4’08)
- We Are Broken (3’49)
- The Were Too Young (3’40)
- My Agony (4’23)
- Already Dead (3’43)
- They Know Who You Are (8’54)
- My Suicide (4’36)
Le groupe :
- Tony Jelencovich : Chant
- Jimmy Norberg : Guitares
- Niklas Ingvarsson : Basse
- Alexander Lundgren : Batterie
Pays: SE
Gain Music/Sony
Sortie: 2018/02/23