NEGATIVE SELF – Control the fear
Dès les premières notes bien vivifiantes de « Control the fear », une association d’idées se met tout de suite en place, portant à conclure que les Suédois de Negative Self ont lourdement subi l’influence de Suicidal Tendencies. Et en effet, l’évidence se forme rapidement de façon aveuglante : Tor Nyman (guitare et chœurs), Andreas Sandberg (chant), Frank Guldstrand (basse), Viktor Svensson (guitare) et Jakob Strand (batterie) vouent un culte à Mike Muir et à son groupe Suicidal Tendencies, fer de lance de la scène crossover trash des années 1980 et 1990.
Allez, ayant toujours été un fan enthousiaste de Suicidal, comme on l’appelait à l’époque, je ne vais pas résister au plaisir de dire quelques mots sur ce groupe mythique à l’attention des jeunes générations qui, par la plus grande des malchances et du fait d’une étourderie quand même difficilement pardonnable, en seraient venues à faire l’impasse sur Suicidal Tendencies. Ce groupe formé par Mike Muir en 1981 (déjà!) a connu une première phase punk hardcore avec son premier album éponyme de 1983 avant de signer la référence absolue en matière de fusion entre hardcore et thrash metal, « Join the army », sorti en 1987. Les albums suivants (notamment « How will I laugh tomorrow when I can’t even smile today » en 1988, « Light, camera, revolution » en 1990 et « The art of rebellion » en 1992) montreront un Suicidal plus posé mais néanmoins toujours mordant. Depuis, le groupe sort régulièrement de phases de sommeil, publie des albums régulièrement et vient de temps en temps incendier les scènes d’Europe ou d’ailleurs.
On comprend qu’un combo aussi influent ait généré des clones un peu partout dans le monde. Negative Self reproduit les sonorités de Suicidal Tendencies avec néanmoins une touche personnelle versant dans une mélodie efficace et nerveuse. Le premier album sorti en 2015 avait une pochette ne permettant aucun doute sur l’adoration de Suicidal Tendencies, avec un crâne coiffé du fameux bandana bleu descendu jusqu’aux yeux, signature de Mike Muir. Le groupe Negative Self est en fait un side-project qui a fini par devenir projet principal, mis en place par des musiciens évoluant auparavant dans Dr Living Dead (pour Andreas Sandberg) ou Oppression (pour Tor Nyman et Viktor Strand).
Les affaires fonctionnant bien, Negative Self met sur le marché ce deuxième album, avec le même crâne à bandana, davantage camouflé dans une ambiance rougeâtre. Le contenu nous propulse immédiatement en 1988, au point qu’on se demande si on n’a pas affaire à un album inédit de Suicidal Tendencies oublié à l’époque ou si on a effectivement franchi une faille spatio-temporelle qui nous aurait enfin redéposé à l’âge d’or du crossover thrash. Pour le détail de l’album, eh bien, c’est du Suicidal quasiment conforme à l’original, pour ceux qui n’auraient pas encore compris. On saute sur le skate-board et on se fixe une casquette à l’envers sur la caboche en bondissant gaiment au son de titres savoureux, comme « Underneath the wave » (le single), « Drawing blood », « Never leave », « No common ground », « Control the fear » ou « Curse of life ». L’énergie est présente à tous les étages, que ce soit au niveau des rythmiques de guitares pulsées et nerveuses, des chœurs secs et virils, des assauts de batterie ou du chant clair et classieux, bien sûr proche de celui de Mike Muir.
J’ai déjà une petite caisse avec une poignée de disques dedans, prête à être attrapée en vitesse lorsqu’il faudra évacuer la Terre envahie par les cloportes transgéniques géants de la planète Zorg. Dans cette caisse, il y a « Join the army ». Je ne suis pas sûr que « Control the fear » y sera ajouté mais une chose est sûre : on peut s’éclater tranquillement à écouter ce sympathique album en attendant l’apocalypse.
Pays: SE
Beatdown Hardwear Records
Sortie: 2018/03/16