THOR – Electric Eyes
Note à nos futurs lecteurs : cette chronique a été rédigée avant le passage de la loi belge visant à interdire les ‘fake news’.
Ça y est ! C’est fait. Thor, l’antique super-héros du Metal canadien a fait son coming out : ‘Je le cachais à mes fans (et à Maman) depuis 39 ans, mais aujourd’hui, le secret est devenu trop lourd à porter. Alors voilà, je l’avoue sans honte et sans regret : en 1979, …j’ai enregistré un album de Glam Rock’… a t’il déclaré en fondant en larmes.
Bien sûr, tout cela reste entre nous. La version officielle avancée par le label Dead Line Music (NDR : une division du label californien Cleopatra Records) est que l’album « Electric Eyes » avait été perdu peu de temps après son enregistrement et que l’ex-bodybuilder (qui, rappelons le, fut élu Mr. Canada et Mr. America, avant d’entamer sa carrière musicale) aurait retrouvé les bandes originales par hasard, il y a quelques mois, en donnant un petit coup de plumeau dans le sous-sol de sa habitation.
Enregistré en 1979, « Electric Eyes » devait, en principe, succéder à l’album « Keep The Dogs Away », sorti en 1977 alors que l’ami John Mikl Thor hésitait encore sur la direction musicale à prendre (Punk ? Hard Rock ? Metal ? Tout était envisagé). Ce n’est qu’à la fin de la session d’enregistrement que le géant blond avait découvert sa véritable passion : le Heavy Metal. Les bandes magnétiques étaient alors passées directement de l’enregistreur aux rayonnages d’une une étagère d’archives, pour finir, quelques années plus tard, au fond d’un coffre poussiéreux oublié dans un recoin du cimetière d’altères et d’appareils de musculation que notre ami Thor appelle ‘sa cave’.
Dead Line qui, au cours des dernières années, a réédité la plupart des albums Heavy Metal enregistrés par Thor durant les Eighties (NDR : avec, notamment, le classique « Only The Strong« injustement (?) descendu dans nos pages par l’ami Hugues) nous propose aujourd’hui de découvrir pour la toute première fois « Electric Eyes » et ses dix titres inédits.
Ne vous fiez surtout pas à la pochette Manowaresque réalisée par Ken Landgraf (NDR : un dessinateur de comics qui a jadis travaillé pour DC et Marvel). « Electric Eyes » n’a absolument rien d’un album de Heavy Metal. Difficile d’imaginer, lorsque l’on écoute pour la première fois ce Rock entrainant, à peine plus musclé qu’une plaque des Stones et truffé de vocaux délicieusement naïfs, que l’on a affaire au guerrier destructeur qui, au milieu des Eighties, avait fait headbanger la planète en beuglant « Let The Blood Run Red » ! Les chansons, ici, sont souvent plus proche de ce que proposaient Alice Cooper, les New York Dolls et T-Rex au début des seventies, que du Heavy Metal simple et classique (mais efficace) qui a fait la réputation de notre Musclor canadien.
Après avoir encaissé cette petite surprise, nous devons nous résoudre à admettre qu’« Electric Eyes » n’est pas du tout un mauvais album et que si (comme les albums Metal de Thor d’ailleurs) il ne brille pas toujours par son originalité, il possède quand même un certain charme. Nous ne serions d’ailleurs pas étonnés s’il touchait un autre public que celui des nostalgiques des Eighties. Il suffirait, par exemple, d’échanger le dessin du super-héro de la pochette avec la photo d’un quatuor de blondinets suédois à moustaches vêtus de pantalons à pattes d’éléphant pour convaincre les accros au Revival Rock Seventies. Il ne nous reste plus a espérer qu’après 39 ans d’oubli, l’album connaîtra enfin le succès qu’il mérite et que ce succès donnera envie à d’autres musiciens d’aller faire un peu de ménage à la cave et au grenier.
L’album (33’10) :
- Special Flight (3’42)
- She’s A Fancy Lady (3’19)
- Interception (3’39)
- Wild Things (The Troggs cover) (3’00)
- Electric Eyes (2’52)
- Twitch (Let’s Go) (3’21)
- Storm (2’53)
- Poison (3’49)
- The Door (Face Behind The Mask (3’17)
- Gladiator Romp (3’18)
Le groupe :
- John Mikl Thor : Chant
Pays: CA
Deadline Music (Cleopatra Records) CLO 0595
Sortie: 2018/01/26