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MOSCOW DEATH BRIGADE – Boltcutter

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Ça ne devait pas rigoler beaucoup à Moscou dans les années 90. Je le sais, j’y étais. Un rapide séjour de trois jours dans la capitale russe en 1993 m’a vite fait découvrir l’ambiance assez lourde qui régnait à l’époque dans l’ex-empire soviétique. Le Soyouz en avait prix plein le pif, avait perdu ses pays satellites d’Europe et ses républiques fédérées et se retrouvait ridiculisé par un monde occidental capitaliste triomphant. Dans les rues, des bandes de jeunes désœuvrés se rangeaient derrière la musique de l’Ouest et choisissaient leur camp, entre techno, hardcore et rap. C’est dans cet univers que grandissent les futurs membres de Moscow Death Brigade, qui assistent aux joutes et aux bagarres des gangs de rappeurs, de technoïdes et de punks qui veulent assurer leur suprématie culturelle les uns sur les autres.

C’est pour surmonter ces antagonismes que Boltcutter Vlad, Ski Mask G et Ghettoblaster G-Ruff ont l’idée de fusionner les trois genres rap, techno et hardcore pour en faire un style fédérateur de la jeunesse et inciter les fans de musique à un dialogue interculturel. Le risque avec ce genre de fusion, c’est d’aboutir à se faire détester de tout le monde parce qu’on est trop rap pour les uns et pas assez techno pour les autres, et qu’on a osé impliquer l’immuable hardcore punk dans des mouvances bien trop révolutionnaires pour ce style quand même assez conservateur.

Mais ce que font les gens de Moscow Death Brigade reste quand même intéressant même si, personnellement, j’ai un peu de mal avec le côté techno et surtout rap de leur musique, qui prend parfois certains petits aspects irritants (« All for one »). Le style rappelle Prodigy rencontrant Front 242, pour se remémorer des références déjà assez anciennes. Dans ce sens, Moscow Death Brigade n’innove pas trop mais tire quelques marrons du feu grâce à la politisation de ses textes, qui tentent d’apporter un regain de conscience à ceux qui l’écoutent.

L’enchaînement des titres, toujours lourdement empreints de rap et de techno, donne un peu l’impression de monotonie, pour ceux qui comme moi attendent le côté hardcore en priorité. On sent surtout le hardcore en filigrane dans les atmosphères lourdes et agressives qui émaillent le son et le chant. Les guitares restent dans les housses jusqu’aux deux derniers morceaux, présentés comme des bonus et qui s’avéreront les meilleurs de ce deuxième album, selon nos goûts.

Même si le style de Moscow Death Brigade n’est pas trop notre tasse de thé, il faut quand même reconnaître que le groupe fait un travail solide et est porté par une indéniable sincérité. Si vous n’êtes pas trop hermétiques au rap, vous pouvez apprécier plus sereinement cet album.

Pays: RU
Fire And Flames Music
Sortie: 2018/01/26

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