HOT FUR – Hot Fur
Hot Fur est un groupe israélien composé de Lior Frenkel, guitares, chant, synthés, Nadav Bachar, guitares, Shaul Eshet, claviers, Oran Ben Avi, saxophones, Lior Ron, trompettes, Ben Hendler, basse, Erez Koskas, batterie, Yael Kraus, chant.
Ce CD, sorti en 1998, a été remixé et remasterisé et réédité en mai 2005. Les influences principales de Lior Frenkel sont Frank Zappa, Olivier Messiaen et Miles Davis mais il s’est aussi livré à des expérimentations électroniques.
« Adventure In Space » est un rock progressif instrumental avec des accents jazz, sur lequel une large place est réservée aux claviers. Les guitares prennent la relève et multiplient les distorsions.
« There’s A Face In The Sky », également un instrumental, débute sur un tempo rapide avec les guitares et les synthés en vedette. Ils sont rapidement relayés par les cuivres qui donnent de l’ampleur au morceau, qui prend des allures de plus en plus jazzy.
« Moon » est le premier morceau chanté. Pour le reste, il comporte des accents de rock symphonique tirant sur le classique.
« Sabres 15003 » montre le savoir-faire des musiciens et l’inventivité du compositeur. Ce morceau expérimental de plus de six minutes est remarquablement joué et déroute totalement par sa variété et son caractère mélodique trés spécial. L’aspect théâtral est également privilégié dans les représentations en direct, agrémentées de danse.
« Habhabibi Give Me A Kiss » est un morceau inclassable tout en atmosphères, auquel les voix parlées apportent une dramatisation supplémentaire, entrecoupée par le son feutré des guitares et des synthés, alors que des samples de cris intriguent. Le rythme très lent aide encore à la création d’un climat de mystère tandis que le morceau se termine de façon abrupte.
Le très jazzy « Ladies & Gentlemen » comporte aussi une ligne mélodique très marquée où les improvisations servent le morceau et ne sont pas seulement des exercices de style gratuits. La voix apporte aussi une note d’humour bienvenue.
« Johnny Baby’s Nightmare » commence comme une pièce classique très douce marquée par la basse qui lui donne son aspect répétitif, pendant que les synthés s’efforcent de maintenir la musique dans l’éther. Cette opposition entre musique aérienne et basse terrienne crée une image très riche de l’opposition entre l’esprit et la matière. La musique monte progressivement en vitesse et en puissance vers un paroxysme qui représente la fin parfois brutale d’un rêve qui se transforme en cauchemar. On ne peut s’empêcher d’y voir une métaphore de la situation au Moyen-Orient.
« Man & Ape » débute par des percussions, suivies par une musique assez guillerette. Les synthés y partagent le premier plan avec la belle voix féminine, les autres instruments étant là pour faire de la figuration. Le style de ce morceau, difficile à définir, est quand même jazzy mais comporte des éléments expérimentaux qui rappellent le maître Frank Zappa.
C’est la voix de Sagi Shutrit que l’on entend sur « The End Of The Play ». Le morceau est clairement d’inspiration jazz mais mélangé avec de la musique traditionnelle. La voix masculine y introduit de nouveau une touche humoristique tandis que la voix féminine y met de la douceur et de la fantaisie. Cela crée une ambiance duale, comme si l’on décrivait les différentes facettes de la vie en société. Ici aussi, on peut y voir un symbole de la richesse apportée par le brassage des cultures.
La voix alto que l’on entend sur « Heretz » est celle de Noa Frenkel. Le morceau fait presque douze minutes et son caractère répétitif crée une dramatisation qui suscite un intérêt très marqué. La musique se fait discrète et soutient les paroles récitées. Les cuivres ajoutent un peu de fraîcheur à ces propos que l’on devine graves et lourds de signification. Hélas, l’hébreu n’étant pas notre langue maternelle, nous n’avons aucune chance de comprendre ce qui est dit et c’est bien dommage. La deuxième partie de ce morceau d’anthologie est plus tonique et joyeuse que le début et le côté traditionnel semble surgir plus fréquemment à la surface. La voix féminine évoque des émotions fortes et l’aspect théâtral est également très présent. Parfois interrompu par les distorsions des guitares, le morceau se termine quand même dans un calme retrouvé.
« 5 Camels » comporte un dialogue disputé entre les guitares et les synthés. Ce sont ensuite les percussions qui émergent et se mêlent au son des guitares.
« Tomatoes » est plus de l’expérimentation à caractère jazz affirmé, où les improvisations se succèdent, avec une présence des cuivres assez marquée. Cette très belle musique issue de cultures et d’influences diverses ressemble à un acte de foi dans l’avenir.
Cette belle musique, qui s’adresse à une élite, ne fera pas l’unanimité, c’est sûr. Outre son caractère politique, elle mérite pourtant l’intérêt des esprits curieux voire même aventureux par la recherche dans les thèmes musicaux. Très bon album.
Pays: IL
Musea Records FGBG 4593.AR
Sortie: 2005/05/29 (réédition, original 1998)