LABYRINTH ENTRANCE – Monumental Bitterness
Nous n’avons pas encore tout à fait séché les larmes versées sur l’album mélancolique d’Absque Cor que déjà le label extrême indépendant Godz Ov War Productions nous propose de découvrir un autre « one-man-band » polonais affilié à la scène Black Metal. Celui-ci s’appelle Labyrinth Entrance et il est mené par le terrifiant Hunger. Contrairement à Vos (NDR : le seigneur et maître d’Absque Cor), Hunger n’a rien d’un illustre inconnu, puisqu’il est l’un des membres du gang Death/Black polonais Stillborn dont nous avions chroniqué l’album « Testimonio De Bautismo« en 2016.
Deux ‘one-man-bands’, tous deux Polonais, tous deux affiliés à la scène Black Metal, tous deux signés sur le même label. Stop ! Les comparaisons s’arrêtent là. Car il n’y a pas grand-chose de commun entre le Black Atmosphérico-dépressif décliné par Absque Cor sur « Wędrówkę haniebnie zakończyć » et la musique sombre, épique et plombée que propose Labyrinth Entrance tout au long de son premier album intitulé « Monumental Bitterness ».
Plutôt que de tenter, comme son compatriote, de nous faire sombrer dans la dépression suicidaire, Hunger préfère nous conter une descente aux enfers épique ; celle qu’avait imaginée le poète italien Dante Alighieri au 13e siècle, lorsqu’il avait écrit sa célèbre Divine Comédie. Comme l’œuvre de Dante, « Monumental Bitterness » est divisé en cinq chants distincts (NDR : Canto I, II, III, IV et V ; ’’Canto 0’’ n’est qu’une intro destinée installer l’ambiance). Afin, probablement, de donner plus d’impact encore aux décibels rageurs de sa musique, le musicien polonais a choisi d’habiller le livret de son CD à l’aide de quelques-unes des gravures que le célèbre Gustave Doré avait créées pour illustrer le sombre poème dans une édition parue au milieu du 19e siècle.
Côté musique, on ne peut pas dire que l’ami Hunger nous mène en bateau (NDR : sauf, peut-être, durant les quelques secondes qu’il consacre à nous conter la traversée de l’Acheron sur la barque de Charon). Nous sommes presque tentés d’affirmer que son album frise la perfection en nous proposant 40 minutes d’un Metal Extrême, solidement charpenté, qui a souvent la bonne idée de s’éloigner des sentiers habituels de la scène Black Metal traditionnelle. Bien qu’intensément noir et énergique, son Metal évolue souvent sur un tempo pachydermique proche du Doom et inclus, par moment, des passages mélodiques aussi surprenants qu’inattendus. C’est le cas, par exemple, sur l’instrumental « Canto II », où Hunger se laisse aller à distiller quelques superbes harmonies de guitares jumelles ou encore sur le majestueux final de l’épique « Canto III ». Le chant, extrême de bout en bout, est parfois soumis à d’étranges traficotages électroniques, ce qui dans le style, est assez inhabituel.
Noir, épique, original et envoutant ; à coup sûr, notre album extrême préféré de ce début d’année !
L’album (40’18) :
- Canto 0 (1’41)
- Canto I (8’21)
- Canto II (6’29)
- Canto III (8’32)
- Canto IV (7’34)
- Canto V (7’38)
Le groupe :
- Hunger : Tous les instruments
Pays: PL
Godz Ov War Productions GOWP DCXCIII
Sortie: 2018/01/15