VERHEYEN BAND, Carl (The) – Live In L.A. (DVD)
Carl Verheyen est un guitariste de la trempe de Al Di Meola et de Allan Holdsworth. C’est un habitué du Spirit of 66, où il vient régulièrement faire admirer sa technique, son feeling et la variété de ses compositions, tantôt blues, tantôt country, tantôt jazz, mais le plus souvent un mélange de ces influences diverses.
Son groupe, le Carl Verheyen Band, comprend Carl Verheyen (Supertramp), guitares, acoustique et électrique, Cliff Hugo (Supertramp, Manhattan Transfer), guitare basse, choeurs, et Bernie Dresel (Brian Setzer Band), batterie, choeurs. En invité, Jim Cox (Ringo Starr), orgue, dont on connaît l’excellent état d’esprit, le sérieux et la bonne humeur par le DVD « Shangri-La » de Mark Knopfler (voir notre chronique).
Carl Verheyen est né à Pasadena, en Californie. Il a appris à jouer de la guitare à dix ans, a fréquenté le Berklee College of Music de Boston et l’Université de Massachusetts à Amherst. Il est ensuite parti fonder un groupe à Los Angeles puis a donné des cours de musique.
C’est avant tout un musicien de studio qui a joué notamment avec Robben Ford, Little Richard, Glenn Frey (The Eagles), Joe Jackson, Dolly Parton et Cher, avant de jouer dans Supertramp, avec qui, comme Cliff Hugo, il a participé à trois albums : « Some Things Never Change » (1997), « It Was The Best Of Times » (1999) et « Slow Motion » (2002).
Le présent concert a été enregistré au Zipper Auditorium à la Coburn School for Performing Arts de Los Angeles, en Californie, dans des conditions qui paraissent excellentes étant donné le niveau de qualité de la prestation d’ensemble.
Le DVD débute par « Down Like Hail », composé par Carl Verheyen. D’emblée, on remarque son touché et sa technique parfaite, favorisée par la longueur impressionnante de ses mains. Sa voix est plus que convenable et il paraît toujours de bonne humeur ce qui, avec sa gentillesse, favorise l’excellent contact qu’il a avec le public. Cliff Hugo reste un peu en retrait et ne quitte pas Verheyen des yeux. Il est parfois difficile à suivre et on a intérêt à bien l’observer. Bernie Dresel y va d’un court solo puis reprend son travail consciencieux à la batterie. L’assistance de cette petite salle est composée de connaisseurs qui apprécient les musiciens à leur juste valeur.
Dans une lumière intimiste qui facilite la concentration, avec un bottleneck, Verheyen joue « Slingshot », une autre de ses compositions. Dresel joue de la batterie à l’aide de ses mains nues. L’habitué du Spirit of 66 y va ensuite d’un solo de guitare pas piqué des vers et montre l’étendue de son talent.
Il passe ensuite à « Revival Downs », composé avec le bassiste. Ce morceau comporte un refrain irrésistible et des breaks qui le rendent plus ardu. Il s’agit cependant d’un des meilleurs titres et il fait monter l’ambiance d’un cran pour recueillir des applaudissements nourris. La complicité entre les musiciens est belle à voir et cette fois, Bernie Dresel, très à l’aise dans ce morceau plus rock, se lâche complètement.
« No Walkin’ Blues », également composé par le leader du groupe, est un magnifique blues joué avec beaucoup de panache par l’ami Carl, en grande forme. Il empoigne sa « stage guitar » acoustique (voir explications plus loin) dans une lumière discrète et montre la versatilité de son jeu. Voir ses longs doigts se promener sur le manche de sa guitare est un vrai régal que l’on devrait distribuer dans toutes les écoles où l’on apprend la guitare (je n’ai pas dit où l’on gratte trois accords vite fait). Ce morceau d’anthologie est suivi par un long solo à la basse et Cliff Hugo, pour une fois, est à l’avant-plan pour démontrer l’étendue de son talent et récolter des applaudissements chaleureux des connaisseurs, pendant que le brave Bernie Dresel s’adapte à tout. Verheyen reprend sa guitare électrique pour terminer dans l’enthousiasme général. Quel talent !
« Highland Shuffle », composé avec Randy Cobb, donne lieu à une passe d’armes entre la guitare et la basse, l’une relançant l’autre. Verheyen joue ensuite d’une manière peu orthodoxe avec les deux mains sur le manche.
« Maggie’s Ladder », comme tous les morceaux suivants, a été composé par le maître. Il démontre toute sa dextérité et la variété de son jeu, avec une réplique parfaite de Cliff Hugo et de Bernie Dresel, qui se mettent à son service. Ce dernier est très sobre à la batterie mais il est toujours là quand il faut, sans effets de manches ni gestes inutiles. Quand il y va d’un solo un peu appuyé, il récolte les applaudissements qu’il mérite. Le bassiste, lui, réagit au quart de tour aux nombreuses sollicitations dont il est l’objet. Son regard énigmatique et goguenard en dit parfois plus long sur sa complicité avec son leader que toutes les déclarations verbales ne pourraient le faire.
« Diamonds » montre le jeu très complet et nuancé du guitariste. Puis, le bassiste y va d’un solo impressionnant montrant que lui aussi sait y faire. Le batteur ajoute des percussions qui complètent son jeu à la batterie, auquel succède un nouveau solo de guitare. Chacun est ainsi mis successivement en valeur dans ce morceau jazzy.
Carl Verheyen change de guitare et adopte la guitare acoustique pour « Place For Me ». Jim Cox apparaît ici pour habiller ce titre d’un manteau très jazz à l’aide de son Hammond B-3. Suivent les improvisations à la guitare. Chacun suit le leader avec tout son talent, le tout étant ponctué par l’orgue. Du très bon travail, vraiment.
Dans la foulée, « Rumor Mill », plus rock, voit apparaître un jeu remarquable à la guitare, avec toujours une réponse de Jim Cox, très en verve. Suivent les improvisations à la guitare, avec une réponse en temps réel de la section rythmique, dont la faculté d’adaptation et la complicité sont immenses. Le chant est aussi excellent. L’orgue prend progressivement plus de place mais Carl Verheyen se montre brillant au point de susciter les applaudissements du public de connaisseurs présent là-bas.
En rappel, le Carl Verheyen Band joue un excellent blues, « Wasted Blues », dans lequel Jim Cox est vraiment déchaîné et s’amuse manifestement. Tout cela crée une excellente ambiance pour terminer le set sous des applaudisements nourris.
Ce concert peut être joué en entier mais on peut aussi décider de choisir le morceau que l’on veut regarder. En bonus, on peut aussi choisir de regarder les répétitions du groupe (rehearsal), ce qui permet de voir la façon très professionnelle du groupe d’aborder le travail ; on voit d’abord le bassiste puis la batterie et la guitare enchaînent simultanément. Les scènes en noir et blanc, réservées aux essais et erreurs, alternent avec les scènes en couleurs qui en montrent les résultats après ajustements. On voit ensuite des scènes vidéo tournées en coulisses (behind the scenes video), notamment la présentation de son matériel par Carl lui-même, en commençant par les amplis et en terminant par les guitares. Il insiste sur les mérites de sa « stage guitar », une Avalon acoustique venant d’Irlande du Nord. Il ne l’utilise que sur scène. Vient ensuite une galerie de photos où le groupe est immortalisé dans les attitudes les plus diverses, en solo ou en groupe. Tout est réalisé avec beaucoup de bonhomie. Et puis bien sûr, on peut voir défiler les « credits » du DVD dont le producteur s’appelle Mark Waldrep. Bref, c’est un outil didactique qui frise la perfection.
Rappel des titres :
- « Down Like Hail », extrait de l’album « Slang Justice », 1995
- « Slingshot », extrait de l’album « Slingshot », 1998
- « Revival Downs », extrait de l’album « Atlas Overhead », 2000
- « No Walkin’ Blues », extrait de l’album « Slingshot », 1998
- « Highland Shuffle », extrait de l’album « No Borders », 1988
- « Maggie’s Ladder », extrait de l’album « Six », 2003
- « Diamonds », extrait de l’album « Slingshot », 1998
- « Place For Me », extrait de l’album « Six », 2003
- « Rumor Mill », extrait de l’album « Six », 2003
- « Wasted Blues », extrait de l’album « Atlas Overhead », 2000
Pays: US
AIX Records / Provogue / Mascot Records PRDVD 7159-7
Sortie: 2005/06/13