FISCHER’S FLICKER – Open 28 hours
Revoici Scott Fischer et son groupe Fischer’s Flicker qui poursuit une carrière étonnante et non-conformiste, loin des modes et des caprices du village musical mondial. Amateur de sentiers peu battus et cultivateur d’un certain humour non-dépourvu de classicisme seventies, Scott Fischer nous revient ici avec son septième album « Open 28 hours ».
La discographie du bonhomme est d’ailleurs peu évidente à reconstituer. On ne sait pas par exemple si ces sept albums sont à mettre au seul compte de Fischer’s Flicker ou s’ils se répartissent dans les groupes précédents de Scott Fischer, à savoir Déjà Voo Doo (le disque « Carpe P.M.: Honor comes only after humility » en 1998, le EP « Sick on sushi »), Powderhouse, Babanganoo (« Famous last words ») ou en solo (« The trials and tribulations of the plastic people »), avant que tout ceci ne devienne Fischer’s Flicker (les albums « Katmandon’t« en 2012 et « Forever and never« en 2015). Car c’est toujours un peu le même combo sous des noms différents qui accompagnent Scott Fischer depuis une vingtaine d’années. Encore aujourd’hui, Scott Fischer (chant et claviers) peut toujours compter sur Tim Gavin (batterie), Andy Sviatko (guitare), Rick Lyons (guitare) et Turan Yon (basse, nouveau venu dans l’équipe).
Scott Fischer est un musicien qui ne laisse pas indifférent. Son style plaît ou déplaît, il n’y a pas vraiment de milieu. Notre camarade Philippe Thirionet avait eu un peu de mal à avaler les pilules des deux derniers disques dans ses chroniques précédentes mais je dois admettre que pour ce nouvel album, les choses passent assez bien. Il y a toujours l’humour des couvertures d’albums, avec ici un Scott Fischer déguisé en une espèce de mage travaillant nuitamment sur un ordinateur et s’endormant peu à peu au fil des autres photos visibles sur l’album. Peut-être ne résiste-t-il pas au régime forcené de l’ouverture 28 heures sur 24, comme le suggère le titre. On peut comprendre cette appellation quand on sait que Scott Fischer a beaucoup de fers au feu, avec notamment des projets hommage à Rod Stewart (The Rod Stewart Experience, avec Carmine Appice et d’autres anciens employés de l’ancien Faces) ou à Frank Zappa (le podcast Zappacast).
Le rythme de travail soutenu se ressent sur cet album « Open 28 hours » qui nous fait découvrir un Scott Fischer tout excité par le boulot et inspiré dans l’écriture d’un rock dynamique, frais et franc. Les compositions nous renvoient directement dans les années 70, avec un classicisme volontiers débordé par quelques tendances folingues, pas aussi dingues que chez Frank Zappa mais pas bien loin quand même. Cuivres et guitares en roue libre associent funk rock (« The in-betweener »), progressif dansant (« You & everybody »), grunge bon enfant (« 3 6 9 ») et longs morceaux propices à de belles envolées de guitares (« Spiders ») ou à des incursions dans un univers de fête incontrôlable (« Mother of a ship »). La voix de Scott Fischer prend parfois de petites intonations à la David Lee Roth et le style de ses chansons convoque à la fois le souvenir de Frank Zappa, le Bonzo Dog Doo Dah Band, Pete Brown & Piblokto, les Red Hot Chili Peppers, Kid Creole & The Coconuts, Elton John, les Wings, Pacific Gas & Electric… Bref, c’est un joyeux carrefour animé où tout entre en collision dans une confusion chaotique et fêtarde.
Sans être un modèle de génie inventif, Scott Fischer brasse avec doigté tout un tas d’influences classic rock et pop pour faire remonter à la surface de lointaines fragrances seventies, rigolotes, détendues et pleines de joie de vivre. Voilà un album qui permet d’accrocher un peu de soleil et de lumière à sa fenêtre, en plein milieu d’un hiver gris et triste.
Pays: US
Lavender Katydid Music
Sortie: 2017/10/28