URUK – I leave a silver trail through blackness
Derrière cet album au titre mystérieux se cache une association entre deux musiciens n’ayant pas peur de l’expérimentation. D’une part, Massimo Pupillo s’est fait un nom dans des groupes comme Zu ou Triple Sun. D’autre part, Thighpaulsandra est allé tripoter de l’électronique chez le mythique Julian Cope, les non moins mythiques Spiritualized et d’autres combos comme Coil (où il séjourna entre 1999 et 2004) ou UUUU. Mettons déjà les choses au point en distinguant ce groupe Uruk d’un autre Uruk texan qui donne dans le black metal et qui a sorti un album en 2016.
Si quelques formations choisissent de s’appeler Uruk, c’est qu’il y a une raison. Cette raison est à aller chercher du côté de la Mésopotamie antique où, il y a près de 8000 ans, s’est formé une des premières villes de l’histoire humaine, Uruk. Le nom a d’ailleurs fort probablement donné le nom de l’Irak actuel, pays où se trouvent les ruines d’Uruk. Ces temps immémoriaux suscitent facilement les fantasmes, avec leur imagerie de dieux anciens, de civilisations disparues où peuvent néanmoins survivre des histoires fantastiques et mythologiques sur des démons assyriens, des sectes secrètes et des pratiques ésotériques.
Chez Uruk, le groupe qui nous intéresse ici, on peut dire que toute cette fantasmagorie est d’autant plus facilement sollicitée que le style d’Uruk ouvre les portes à tous les imaginaires, avec son drone ambiant qui va très loin dans l’expérimentation électronique et l’émission de sons venus d’un autre monde. Avec Massimo Pupillo et Thighpaulsandra, on voit carrément le système solaire s’inviter dans le salon. Leur album est simple dans son contenu puisqu’il ne propose qu’un seul morceau de près de 39 minutes qui diffuse des ondes sonores lentes et douces, suscitant un trip cosmique ou une déambulation dans des tunnels sombres, quand ce ne sont pas des ruines d’une ville oubliée où peuvent traîner des esprits et des fantômes.
Le duo construit ici, par couches successives, un espace sonore qui ne tarde pas à prendre des dimensions immenses, tant sa composition subtile s’enrichit sans cesse d’apports nouveaux en termes de sonorités synthétiques, mêlant à la fois froideur cosmique et angoisses existentielles. Un long prologue de près de six minutes plane dans nos oreilles, jusqu’à ce que des vibrations plus sèches et robotiques suscitent le réveil d’une intelligence artificielle qui va jouer sa propre partition au milieu de ce vaste espace sonore. L’ambiance reste cependant monolithique au cours de cette quarantaine de minutes mais on ne sombre jamais dans la musique de relaxation. De sombres notes de basse raisonnent dans un lointain inquiétant et diffus. L’auditeur se sent épié.
On se verra donc soit en train de flotter à l’intérieur du Nostromo sans se douter qu’une créature maléfique nous observe dans l’entrelacs des câbles électriques, doit en train d’errer au milieu des ruines sombres d’Uruk, hantée par la force invisible de Pazuzu ou le spectre de Gilgamesh. Mais en tout état de cause, la musique d’Uruk ne laisse pas indifférent et elle maintient l’imagination en éveil.
Pays: IT/GB
Consouling Sounds
Sortie: 2017/12/08