NO MONEY KIDS – Hear the silence
Né d’une rencontre entre deux musiciens parisiens en 2013, No Money Kids a tout du groupe sur lequel les fées se sont penchées, à un tel point que c’est presque trop beau pour être vrai. Quand Hollywood et le monde de la haute couture viennent subitement s’intéresser à un petit groupe de blues rock électro, c’est qu’il y a sans doute quelque chose d’énorme qui se cache derrière tout cela. Le talent, sans doute. Mais si ce talent est incontestablement réel sur le plan musical, l’équipe entourant No Money Kids pourrait revoir ses méthodes de promotion commerciale car, on ne sait trop comment, le deuxième album du groupe ne nous est parvenu que ces temps-ci alors que l’album a été édité en mars dernier.
Mais la séance de rattrapage est nécessaire, ne serait-ce que pour faire connaître le phénomène qui entoure ce projet monté par Félix Matshulat (guitare et chant) et JM Pelatan (basse et boîtes à rythme). Les deux garnements mettent sur pied un rock qui intègre harmonieusement des éléments blues, pop et électro, transcendés par des textes forts, qui parlent de misère, de tristesse, de détresse et d’espoir. Jusque-là, on est dans une configuration relativement classique avec un duo qui n’a pas de quoi se payer un troisième membre, genre Black Box Revelation, Royal Blood ou Black Keys. Là où on monte en puissance, c’est quand on voit que No Money Kids se met à rafler quelques prix dans les concours de groupes et surtout qu’il se fait repérer par le haut du pavé du grand business.
Par conséquent, le duo se voit sollicité pour refiler quelques chansons sur des bandes-son de films américains (« Misconduct », avec Al Pacino et Anthony Hopkins ou la série télé « Goliath ») ou sur des défilés de mode (défilés Schwarzkopf, Backstage Agency), ainsi que pour des campagnes promotionnelles de chaînes de vêtements (la marque Cotélac, qui distribue des EP promos dans ses boutiques).
L’engouement du grand commerce libéral et friqué pour un groupe qui se veut fondamentalement blues et qui revendique des textes d’obédience sociale est quand même assez paradoxal. Mais il ne faut pas chercher à comprendre les motivations du capital. S’il y a un petit billet à se faire quelque part, le business serait capable de se convertir au maoïsme en cas de besoin.
Il faut donc se départir un peu de toute cette hype commerciale qui a presque avalé No Money Kids pour défendre quand même ce groupe que l’on pourrait accuser un peu trop vite d’avoir été récupéré et d’avoir vendu son âme au diable. Car dans le même temps, le groupe continue à tourner dans des petites salles de la province française (quelques concerts prévus en 2018 passeront par ces mégalopoles internationalement connues que sont Ville-En-Sallaz, Sant-Martin-de-Belleville, Fougères, Châteaudun ou Chevagnes) et à être relativement peu relayé sur les sites de musique (pas de fiche Wikipédia, peu de choses sur Rate Your Music ou sur Discogs).
Et on espère d’ailleurs que No Money Kids saura garder la tête froide pour rester lui-même et continuer à attirer un public authentique avec une musique vraie, comme celle de cet album « Hear the silence », traversée par quelques braves morceaux blues rock et pop en même temps (« Man down », « Loaded gun », le dansant « Burning game », « The hangman », « My love », « Shot the master »). Et pour en revenir à notre exemple de tout à l’heure, si la Belgique a Black Box Revelation, l’Angleterre Royal Blood, les Etats-Unis les Black Keys et l’Allemagne The Picturebooks, la France pourrait bien reconnaître en No Money Kids son duo blues rock moderne.
Pays: FR
Roy Music
Sortie: 2017/03/28