HUMANASH – Reborn from the ashes
On ne sait pas si Humanash a réussi à renaître de ses cendres puisqu’il apparait que cet EP « Reborn from the ashes » est la première réalisation de ce combo italien formé en 2015. Mais l’histoire est plus compliquée que ça puisque Humanash était en fait un projet né dans la tête du chanteur John Goldfinch, alias Giovanni Cardellino, dès 1993. Mais ce projet qui consistait à créer un groupe de speed metal classique des Eighties inspiré par les films d’horreur des Nineties est resté lettre morte, dépassé par un autre projet plus concret de doom metal, L’Impero Delle Ombre, créé en 1995 par le même John Goldfinch.
L’Impero Delle Ombre est une affaire familiale, puisque Giovanni « John Goldfinch » Cardellino y chante en compagnie de son frère guitariste Andrea Cardellino et de sa sœur chanteuse Giusy Cardellino. Le groupe voit passer une myriade d’autres musiciens, pour un résultat de deux albums commis en 2004 (« L’impero delle ombre ») et en 2011 (« I compagni di Baal »). Outre ce groupe, Giovanni Cardellino a chanté dans Hiding Tower et Witchfield (des groupes défunts, où jouait également son frère) et évolue aussi dans Homo Herectus, avec toujours le frérot à la six-cordes.
Autrement dit, Giovanni Cardellino est la tête pensante de la micro-scène doom metal de Gallipoli, jolie station balnéaire de la région de Lecce dans les Pouilles, pas vraiment le genre d’endroit pour une musique sombre et funéraire comme celle qu’affectionne le bon Giovanni. Mais quoi qu’il en soit, ce dernier persiste avec la création, finalement, de son vieux projet Humanash, qui édite ce premier EP « Reborn from the ashes ».
Le but du jeu est de faire un « true metal » dans une veine épique et horrifique mais ici, il faut quand même admettre que le romantisme italien mûri sous le doux soleil de Méditerranée soustrait beaucoup de la férocité originelle du concept pour y substituer des ambiances plus mesurées. L’introduction de l’album mérite une mention puisque Giovanni Cardellino a réussi à inviter le mythique chanteur Steve Sylvester, animateur depuis 1977 du non moins mythique groupe Death SS, pionnier du heavy et doom metal italien et inspiration principale de Giovanni Cardellino. Le vénérable Sylvester vient réciter quelques paroles à la fin de ce premier titre qui ouvre la voie à une série de morceaux tantôt speedés (« Night adventure in a desecrated church »), tantôt ralentis et tentant d’en imposer (« The nightmare begins »). On parle bien ici de tentative d’en imposer car le chant reste toujours un peu timoré, sans doute plus pour des raisons de production que pour des raisons de puissance vocale. Mais c’est ainsi, on traverse ce mini-album avec toujours un sentiment de rendez-vous manqué avec ce qui aurait pu être du grand heavy metal épique à l’ancienne si les musiciens avaient eu un peu plus de hargne et la production un peu plus de boutons dans le rouge. Bref, il manque le petit plus, la petite cerise sur le gâteau qui fait passer un disque de la normale à un stade supérieur. Des morceaux comme « Reborn from the ashes » ou « Liberation from the cursed spirits » donnent tout ce qu’ils ont en termes de vitesse et d’énergie mais il y a toujours quelque chose de bridé qui empêche l’accomplissement total du boucan et de la dévastation qui va avec. De plus, on ne va pas trop insister sur l’originalité car on reste ici bien confiné dans du classique non remis en question, genre Judas Priest, Loudness, Savatage, Iron Maiden ou Helloween, c’est-à-dire des choses bien connues et visitées par d’autres groupes concurrents à de multiples reprises.
On ressort de cet album en n’ayant pas eu peur (alors que c’était le but affiché), en n’ayant pas les tympans qui saignent mais en gardant quand même une pensée sympathique pour les efforts fournis par Giovanni Cardellino et sa bande, auxquels il faut reconnaître la sincérité des propos. Vingt-quatre ans pour passer de l’idée d’un groupe à sa réalisation concrète, il y a peut-être eu de l’énergie primale et de la spontanéité gaspillées en cours de route.
Pays: IT
Jolly Roger Records
Sortie: 2017/12/01