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KRISTINA, Sonja – Anthology

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Le label Cherry Red continue d’exploiter le passé de la nébuleuse Curved Air, avec cette fois un double album consacré à une anthologie de Sonja Kristina, chanteuse du groupe puis musicienne solo à la suite de la dissolution de Curved Air à la fin des années 70. Si on a pu déplorer que le contenu de « Rarities series, volume 2 / Curved space & Infinity« , qui regroupait des enregistrements « rares » de Curved Air, était un peu décevant car il mettait résolument Sonja Kristina à l’écart, on retrouve ici Sonja Kristina en exclusivité, avec un résumé de sa carrière solo.

Les choses ont été bien faites puisque c’est Sonja Kristina elle-même qui rédige les notes de commentaires de cette anthologie, ce qui accrédite un travail de compilation sérieux effectué ici par Cherry Red. Sonja y raconte sa jeunesse tumultueuse dans le Londres de 1967, celui des hippies et des contestataires incarné par le regretté Mick Farren, journaliste indépendant et mentor de groupes fous et visionnaires comme les Deviants ou les Pink Fairies. Elle chante dans la comédie musicale « Hair » en 1968, avant de partir dans l’aventure Curved Air, qui va l’occuper pendant une bonne partie des années 70. Dans ce groupe, un jeune batteur du nom de Stewart Copeland la séduit et l’épouse. Ce mariage permettra à Sonja Kristina de vivre à l’abri du besoin durant les années 80 puisque Stewart Copeland va ramener pas mal de pognon à la maison avec son nouveau groupe… Police.

En 1980, Sonja Kristina enregistre un album solo qui porte son nom. Les musiciens qui l’accompagnent viennent de son groupe Escape, un combo rock créé en 1978 mais n’ayant aucune réalisation concrète à son actif. Le violoniste de Curved Air, Darryl Wolf, est également dans le coup. Le disque a de beaux moments, comme « Street run », « Roller coaster », « Saint Tropez » ou « Man he colour ». La voix de Sonja Kristina glisse impeccablement sur des titres d’obédience pop rock. Dix ans plus tard, Sonja Kristina divorce de Stewart Copeland et reprend sa carrière musicale, avec l’album « Songs from the Acid Folk », du nom d’Acid Folk, le groupe qu’elle fonde avec Tim Whitaker (guitare), Simon Whitaker (batterie), Paul Sax (qui, comme son nom l’indique, joue du violon), Honk (basse) et Ali Mckenzie (violoncelle). Cet album porte bien son nom et délivre des chansons plus en finesse, presque mélancoliques et dont certaines, comme « Man he colour » et « Roller coaster » figuraient déjà sur l’album de 1980.

Par la suite, Sonja Kristina complète son œuvre solo avec les albums « Harmonics of love » (1995) et « Cri de cœur » (2003), avant de s’associer en 2005 avec le violoniste Marvin Ayres pour le projet Mask qui sort l’album « Heavy petal ».

On ne retrouve pas ces albums des années 2000 sur la compilation « Anthology » de Sonja Kristina mais ce double disque fournit en abondance des extraits de « Songs from the Acid Folk » (près des trois quarts de l’album original) et une bonne moitié des titres du premier album de 1980. La chanson « Love child » provient de l’album « Lovechild » (1990), qui était un album de Curved Air originalement enregistré en 1973 mais seulement sorti 17 ans plus tard. C’est un joli titre où le violon de Darryl Way fait merveille et où la voix de Sonja Kristina est pure comme le cristal. Par contre, le poids des ans peut être remarqué sur les cordes vocales de celle qui affiche maintenant 68 printemps au moment d’écouter « Frank Mills » et « C’est la vie », deux morceaux qui respectivement ouvrent et closent le premier CD. « Frank Mills » est un extrait de la comédie musicale « Hair » mais a été réenregistré en 2017 par Sonja Kristina. Il en est de même pour « C’est la vie », qui est une reprise d’un morceau de Greg Lake, récemment disparu. Ici, on a du mal à reconnaître la voix de princesse qui fut celle de Sonja Kristina au temps de sa splendeur vocale. Mais justement, c’est la vie et on finit toujours par glisser inexorablement vers la pente fatale.

Souhaitons néanmoins longue vie à Sonja Kristina et apprécions pleinement cet album de belle qualité qui nous rappelle que la scène progressive et folk anglaise des années 70 et 80 a compté dans ses rangs une vocaliste d’exception.

Pays: GB
Cherry Red Records
Sortie: 2017/10/06

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