NERVENBEISSER – Zeitenwandel
La chronique de cet album de Nervenbeisser va être l’occasion de faire un petit rappel sur ce qu’est la Neue Deutsche Härte. Ce style, dont le nom signifie littéralement « nouvelle dureté allemande » est un mélange de métal alternatif, musique électronique, hardcore et rock industriel. Autrement dit, c’est ce bon vieux gros boucan dont sont familiers nos amis d’outre-Rhin, depuis que les Allemands ont troqué leurs canons antiaériens et leurs chars lourds contre des guitares et des batteries, pour faire de la musique plutôt que la guerre.
Bien sûr, quand on parle de Neue Deutsche Härte, on pense immédiatement à l’inévitable Rammstein, le plus populaire et le plus mondial de ces groupes qui font de la musique pour hauts-fourneaux. Il y a aussi Oomph!, antérieur à Rammstein puisqu’il se forme en 1989, alors que Rammstein voit le jour en 1994. Mentionnons aussi d’autres petits maîtres du genre, comme Stahlhammer, Samsas Traum, Schweisser, Stahlmann ou Megaherz.
Et tout en bas de la hiérarchie de ces groupes martiaux se tiennent de petits groupes qui évoluent modestement dans l’ombre de ces titans d’acier. Nervenbeisser est un de ceux-là, avec une existence déjà longue (2001) mais juste deux albums au compteur, à savoir l’imprononçable « Geschlechterschlacht » (2004) et ce nouveau « Zeitenwandel » qui sort donc treize ans après son prédécesseur.
Et à l’écoute de ce nouvel album signé Olaf Seider (chant et programmation), Walter Stobbe (guitare, basse et programmation) et Chris Löffel (batterie), on comprend que Nervenbeisser se maintienne simplement dans les couches basses du genre, sans espoir de promotion. Car ce qui ressort de cet album n’est ni plus ni moins que du sous-Rammstein, impeccablement copié-collé mais dépourvu de toute imagination personnelle quand il s’agit de rajouter une petite plus-value à l’influence Rammstein. Si, peut-être, on peut distinguer Nervenbeisser de Rammstein par un son plus aigrelet, une production moins ample et une orientation davantage industrielle que métallique.
Après une longue introduction quelque peu fastidieuse censée nous placer dans un conditionnement genre film d’horreur de science-fiction (« Tagesablauf »), on retombe vite sur terre avec un « Verkehrte Welt » qui révèle vite ses limites, entre refrains martiaux déjà mille fois entendus, solos de guitare incongrus et sonorité peu virile. Ce n’est que vers le milieu de l’album que le groupe se veut légèrement plus convaincant, avec des morceaux comme « Zeitenwandel », « Goldener käfig » ou « Du gehst », dont la continuité cohérente est ruinée par un « Glücklich allein » effroyablement mal chanté.
Pour le reste, l’ombre de Rammstein est tellement imposante qu’elle couvre tout, sauf la production qui reste quelque peu famélique. Quitte à faire du Rammstein, autant reprendre le son énorme et les guitares surpuissantes qui ont fait la réputation de ce groupe. Ici, on n’a même pas ça et c’est assez dommage.
Pays: DE
Echo Zone
Sortie: 2017/10/27