SERENITY – Lionheart
Rares sont les groupes masculins de power métal symphonique à faire recette, à l’exception notable de Kamelot. Après le succès de son album précédent «Codex Atlanticus» (sorti le 29 janvier 2016) qui lui a valu sa première entrée dans les charts, le groupe Serenity, originaire du Tyrol autrichien, nous revient avec un nouvel opus, «Lionheart», centré une fois encore sur une figure historique : Richard Cœur de Lion. Il faut dire que Georg étant docteur en histoire et passionné par le Moyen Âge, on comprend mieux les thèmes historiques récurrents dans la discographie des Autrichiens.
Après avoir parlé de Léonard de Vinci, Serenity s’attaque donc à un autre mythe : Richard Cœur de Lion. Il s’agit ici de retracer l’histoire de cet illustre personnage et pas son côté romanesque à la Robin des Bois. L’album parle de l’affrontement avec son père et ses frères, de ses efforts pour sauver sa sœur en Sicile, de son départ pour les croisades et de sa captivité en Autriche sur la route du retour.
Pour retracer cette histoire Georg Neuhauser (lead et backing vocals) est toujours entouré de Fabio D’Amore (basse, lead et backing vocals), Chris Hermsdörfer (guitares et backing vocals) et Andreas Schipflinger (batterie et backing vocals). Pour cet album, le groupe a fait appel à deux chanteuses extérieures: Katja Moslehner (ex-Faun) avec laquelle Georg chante en duo sur la ballade «Heaven» et Federica Lana (Sleeping Romance) qui illumine de sa présence l’extraordinaire morceau «The Final Crusade». Sans oublier le producteur Jan Vacik qui fait une apparition chantée très remarquée sur «My Fantasy».
Le nouvel opus poursuit dans la lignée de son prédécesseur par les thèmes historiques, un petit côté «Game of Thrones» et le goût des belles orchestrations, mais «Lionheart» se veut résolument plus métal avec une place prédominante réservée aux guitares de Chris et à la batterie. Globalement plus sombre et plus vigoureux, cet album contient plus de chants qui sont autant d’hymnes de fraternité sur la route des Croisades. Il y a un côté plus glorieux, plus conquérant et moins bombastique que dans Codex.
Après l’instrumental «Deus Lu Vult» qui ouvre l’album de main de maître (on se croirait dans un célèbre feuilleton américain), on attaque d’emblée avec «United» le second single, une mélodie très énergique contenant tous les ingrédients classiques de la narration musicale de Serenity, avec en outre des chœurs masculins qui ajoutent un petit côté presque martial à ce titre:
Le premier single sorti est la plage titulaire de l’album. De fait, «Lionheart» commence sur un rythme soutenu de batterie et à grands coups de riffs de guitare. Le côté plus incisif est clairement marqué, ce qui fait de ce titre un exemple très représentatif de l’album. Jugez plutôt :
«Hero» commence également sur des rythmes de guitare bien décidés sur fond de batterie incisive. Très jolie composition avec un refrain qui résonne comme un cri. «Rising High» commence en revanche sur un chœur comme on en entend dans les chants guerriers. Vient ensuite une intro à la guitare, toujours sur un rythme très volontaire. Un morceau qui aura tôt fait de gagner ses galons d’hymne en concert.
«Heaven» est le premier morceau plus doux. Car Serenity excelle aussi dans l’art subtil de la ballade. Avec la très jolie voix de Katja, comme dit précédemment. Le rythme assez lent au début va crescendo pour finir sur un joli mid-tempo. «King’s Landing» est un joli instrumental au piano qui reprend le thème de l’intro sur un mode presque nostalgique.
«Eternal Victory» commence par le bruit de la pluie et le son d’un accordéon qui joue une mélodie comme on pouvait en entendre dans les bars de marins. Le thème est ensuite repris à la guitare électrique et à la batterie dans un rythme beaucoup plus soutenu. L’orchestration vient compléter le tableau. La mélodie est variée et très entraînante. Le côté catchy des mélodies est d’ailleurs le grand point fort des spécialistes autrichiens du métal symphonique.
«Stand And Fight»est le chant guerrier, version métal, par excellence. Avec une partie chantée par Fabio (qui excelle vraiment dans l’exercice), un refrain chanté à plusieurs voix et un très joli instrumental avec solo de guitare en dernière partie de morceau. Le suivant est un de mes préférés : «The Fortress (Of Blood And Sand)». Intro mystérieuse sur une musique orientalisante, suivie par des riffs de guitare et une mélodie sous-jacente qui rappelle pendant quelques secondes l’ambiance de certains titres de Kamelot. La guitare est très à l’avant-plan et Georg reste dans des tonalités moins hautes que d’habitude. On a vraiment une l’impression d’être porté par une force invisible. Vers la fin, un moment plus calme, comme une accalmie au milieu de la tempête, avant de repartir une dernière fois vers le refrain pour terminer ce titre. Un des morceaux les plus réussis de l’album par le climat original qu’il parvient à créer.
«Empire»est toujours construit sur une guitare très présente, soutenue par une batterie vigoureuse. Le tempo est soutenu. Il faut d’ailleurs noter que le tempo de la plupart des morceaux est plus rapide que sur l’album précédent, ce qui accentue l’impression de force qui se dégage de l’ensemble. Chris s’en donne ici encore à cœur joie avec les solos de guitare.
«My Fantasy» commence par une partie plus lente, chantée par Jan comme une prière. Aussitôt la guitare reprend le dessus et Georg poursuit au chant en mid-tempo électrique. Le refrain fait penser à du Serenity de la plus belle eau. C’est efficace, bien écrit et diablement entraînant.
«The Final Croisade» est le morceau qui ferme l’album. Un bijou d’un peu moins de six minutes qui raconte la fin de Richard Cœur de Lion. Intro ciselée à la guitare classique, arrivée tonitruante de la batterie et de la guitare électrique pour prendre la relève. Richard voit repasser le film de sa vie : les moments glorieux évoqués par les couplets, les combats difficiles évoqués par les grunts de Chris et la nostalgie, voire une certaine tristesse, incarnée par la voix de la très talentueuse Federica Lana.
«Lionheart» est un nouveau jalon majeur dans la carrière du groupe Serenity qui se dirige vers un power metal plus dur et plus dark, avec pourtant des moments très lumineux. Malgré le virage amorcé, la mélodie reste la préoccupation centrale et le principal atout des Tyroliens. Le résultat est de très haut niveau.
À se procurer de toute urgence!!!
Pays: AT
Napalm Records
Sortie: 2017/10/27