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MAPA – No automatu

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Pour remettre les enfants turbulents dans le droit chemin, il y a plusieurs méthodes éducatives : les gifles, les coups de ceinturon clouté, le bâton (clouté aussi, si possible), l’électricité (ça fait moderne), la lecture forcée de Saint Thomas d’Aquin (le genre intello) mais on pourrait aussi imaginer l’écoute obligatoire de Mapa. Je peux vous garantir qu’après une heure d’écoute de cet OVNI électro post-rock avant-gardiste et minimaliste, le garnement restera prostré pour un bon bout de temps et n’aura plus envie d’aller chaparder la confiture ou faire du deal de kalachnikovs en bas de la barre d’immeuble.

Mais il faut rester sérieux et prendre des gants avec Mapa car il y a des gens sur cette terre qui écoutent volontairement la musique de ce groupe germano-polonais qui se fend d’un album tous les dix-neuf ans, ce qui reste un rythme acceptable, bien qu’un peu effréné, il faudra quand même veiller à ne pas trop se surmener.

Mapa est un duo composé de Marcin Dymiter (générateur, synthétiseur analogique, petit équipement électronique, cassettes) et Paul Wirkus (boîte à rythmes, synthétiseur analogique, artifices digitaux, batterie et guitare, et sans doute aussi compresseur électro-acoustique intégré, rétropropulseur biosonique à surpression et oscillateur stroboscopique à infrasons dialysés). Ce dernier a un certain casier dans la profession de bruitiste avant-gardiste. Né en 1967 à Cologne, Paul Wirkus opère depuis la fin des années 1990 en tant qu’artiste solo et associé à de multiples projets.

Outre ses albums « Echo » (1999), « Nimikry » (2000), « Inteletto d’amore » (2004) et « Déformation professionnelle » (2006), Paul Wirkus a été aperçu en compagnie d’Uwe Schneider (l’album « 3/5/1 » en 2001), Nacio Moretti (« Na batterie », 2004), Mikolaj Trzaska (« Noc », 2005), Ekkehard Ehlers (« Ballads », 2009) ou Mapstation (« Forest full of drums », 2008). Il participe aux groupes Heban (un album avec Markus Kürten, qui le rejoint également dans le consortium Kürten, Pawłowlski & Wirkus en 2001), September Collective (avec Stefan Schneider, aussi connu sous le nom de Mapstation) et Spokój (un de ses premiers groupes en 1995). Ses activités de jeunesse nous ramènent en fait à l’année 1987, où il fut un temps batteur de Karcer, un groupe punk polonais formé en 1982 et toujours actif de nos jours.

Car il faut quand même reconnaître qu’il y a un petit fond punk dans la Weltanschauung de Paul Wirkus. Plutôt post-punk si l’on en juge par les aberrations géniales émanant de la musique de Mapa. Le nouvel album du duo nous cuisine le cervelet à partir d’une mixture de sons divers, tapotements de peaux de tambours, grincements de montres à quartz, carillonnements incongrus, hypnoses rythmiques, bruits de clé à molette tombant d’une cage d’ascenseur, goutte-à-goutte cosmique, valses d’oscilloscopes ou tripatouillages d’ondes sonores. C’est exclusivement instrumental, anti-harmonique et atonal à l’extrême, absolutiste dans l’anti-accord.

Pour ceux qui sont passés par « Metal machine music » de Lou Reed ou les œuvres de Klaus Schulze, cette petite barcarole électro-bruitiste est un exercice d’endurance supplémentaire. Pour ceux qui n’ont écouté jusqu’à présent qu’Adèle ou les Supremes, cet album « No automatu » pourrait faire l’objet d’un choc émotionnel menant directement à l’asile psychiatrique. A manipuler avec précaution.

Pays: PL
Gusstaff Records
Sortie: 2017/09/01

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