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USNEA – Portals into futility

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Avec la fin de l’été, l’automne n’a pas perdu de temps et répand déjà sur nos têtes des litres de pluie et les gifles d’un vent lugubre. C’est le moment idéal pour s’enfoncer encore plus dans la déprime avec une petite cure de doom metal funéraire. Et dans le genre, je pense que les croque-morts d’Usnea vont être parfaits dans le rôle de promoteurs d’une tristesse et d’un désespoir qui feraient passer les poèmes de Baudelaire pour des sketches de Francis Dubosc.

Formé à Portland dans l’Oregon, Usnea a toujours connu le même line-up dès son origine : Joel Williams (basse et chant), Zeke Rogers (batterie), Johnny Lovingood (guitare) et Justin Cory (guitare). Notons, pour compléter notre culture de la meilleure façon afin de briller devant les copains ou les collègues, que Zeke Rogers est également actif dans le groupe de death/thrash californien The Makai et qu’il a fait partie d’Amarok, groupe de doom californien. Quant à Justin Cory, il avait fait ses classes dans Nanda Devi, formation sludge de l’Oregon, séparée depuis.

Usnea commet son premier forfait en 2013, avec un album éponyme sortie chez Orca Wolf. On y trouvait deux longs morceaux de près d’un quart d’heure chacun, une signature typique du groupe qui aime s’étendre sur de très longs titres. La fameuse maison Relapse Records remarque le style mortuaire et torturé d’Usnea et prend le groupe sous son aile pour les albums « Random cosmic violence » en 2015 (quatre morceaux d’environ quatorze minutes chacun) et le nouveau « Portals into futility » qui débarque en ce mois de septembre.

Pour les obsédés du détail, signalons que cet album a été enregistré du 2 au 9 février 2017 aux studios Caravan Recordings et Haywire de Portland, et qu’il a été mixé au studio Telegraph Audio. Musicalement, Usnea nous enfonce la tête dans un marécage de tristesse lente, traversée par de monumentales coulées de guitares massives et un chant schizophrène oscillant entre borborygmes de troll sous clorazépate dipotassique et hurlements de putois émasculé. Les types ne sont pas venus ici pour rigoler et profèrent des paroles qui ne laissent aucun doute sur la perdition du genre humain, abandonné à des dirigeants cyniques et ignobles, sujet à une possible invasion cosmique qui le détruira en fin de compte.

Brutal, discordant et neurasthénique, le doom d’Usnea brille sur de longs titres comme « Eidolons and the increate », « Lathe of heaven », « Pyrrhic victory » et surtout le mégalithique « A crown of desolation » qui approche dangereusement des vingt minutes. Là, on touche à la grandeur intouchable avec un démarrage tout en douceur pensive débouchant sur de longues phases ultralourdes et dépressives. Vulcain est trahi par les cyclopes et passe sa colère sur ses enclumes en se lamentant avec une force lente. La terre s’ouvre et laisse jaillir une armée de géants granitiques prêts à tout écraser sur leur passage. Pas de doute, ça va dézinguer à coups de masse géante et il vaut mieux se faire tout petit devant un tel déballage de rage froide et gigantesque. Puis le titre revient vers des rivages plus calmes, plus contemplatifs mais toujours avec cette profonde tristesse qui lui colle aux basques.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Usnea sait y faire en matière de puissance évocatrice et qu’il est capable de nous glacer le sang tout en nous écrasant sous l’immensité majestueuse de son doom metal. Les amateurs du genre auront compris ce qu’ils doivent écouter en ce début d’automne. Pour l’hiver, on verra plus tard.

Pays: US
Relapse Records
Sortie: 2017/09/08

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