ZARTHAS – Reflections
Avec Zarthas, on part faire un petit tour en Finlande, du côté d’Oulu, cinquième ville du pays et cité la plus septentrionale de l’Union européenne. Comme il fait donc assez froid là-bas, il faut se réchauffer un peu les côtes avec de la musique qui fait bouger. La musique de Zarthas tombe à pic (à glace) pour faciliter divers mouvements du corps, principalement les cervicales et le crâne. Car nous avons ici du hard rock sympathique, comme on l’appelait dans ma jeunesse, alors que maintenant les classificateurs modernes obsédés par le détail le mettraient plutôt dans le power metal ou l’AOR extrême, un truc dans le genre.
Marqué à ses débuts par un line-up en perpétuel changement, Zarthas stabilise ses effectifs en 2008 avec la reprise en main du groupe par Lauri Huovinen (chant et guitare), Sanni Luttinen (claviers) et Pekka Junttila (basse). On n’attend plus que Toni Virtanen à la batterie (ah, le voilà) pour commencer la discographie de Zarthas qui met dans son premier album « So mote it be » (2011) non seulement ses racines métalliques de toujours mais aussi un peu d’électronique et du progressif. Après la sortie de ce disque, le groupe s’élargit avec un second guitariste en la personne de Jarmo Luttinen, sans doute frère du claviériste.
En 2013, au moment où Zarthas termine son deuxième album, le label Violent Journey Records propose de sortir le disque, ce qui est chose faite en juin avec la parution de « Spit/Ignite ». Sur le microsillon, de nombreuses critiques n’y voient qu’un disque pop sans grande originalité mais sur les planches, le groupe excelle dans des shows dynamiques surchargés en effets lumineux et pyrotechniques. Il faut bien se réchauffer sous le soleil glacé de Finlande et le plus amusant, c’est que Zarthas parvient à aller se montrer en Chine en 2014, au cours d’une mini-tournée d’une semaine, commettant un exploit que peu de groupes occidentaux ont pu réaliser, à savoir une incursion dans un des pays les plus fermés à la culture rock.
Le groupe est bien conscient qu’il faudrait revenir à des racines plus métalliques s’il veut rester crédible. Peu de temps après la tournée chinoise, les hommes de Zarthas intronisent le musclé Jani Vahera à la batterie en remplacement de Toni Virtanen. Avec ce sang neuf, Zarthas trouve un chemin qui mène à une certaine résurrection de ses envies de faire du bruit. C’est ainsi qu’il accouche de son album le plus cohérent et le plus costaud à ce jour, « Reflections ». Sorti sous le patronage du label italien WormHoleDeath, cet opus convoque de bonnes ambiances hard-rockeuses qui rappellent… mais qui donc, au fait? On trouve un peu de tout dans le genre hard mélodique et on ne sait pas très bien à quelle référence rattacher la musique de cet album. Un peu de Dokken, un peu de Deep Purple, un peu d’In Flames, un peu de Thunder, un peu de White Lion, enfin, vous voyez le genre. C’est bon sans être franchement original, ce qui est peut-être la caractéristique récurrente de Zarthas, perdu au milieu du peloton, qui n’en sortira jamais mais qui pédale avec entrain et confiance.
Toujours est-il qu’on passe un moment agréable avec ce « Reflections » qui sait distiller de bonnes idées et des moments de force, surtout sur sa première moitié (« Riot now », « The green and the red light », « Bad wannabe », l’excellent « Back to a black hole », « Pulse! », « First night of forever »). La seconde partie a épuisé l’effet de surprise mais parvient encore à capter l’attention avec de bons titres (« Isolate », « Illusion of immortality »). Sans révolutionner le monde du power metal FM, cet album s’en tire quand même avec une mention honorable. Zarthas semble voir été moins inspiré dans son passé, encourageons-le donc à persévérer dans cette nouvelle voie.
Pays: FI
WormHoleDeath Records
Sortie: 2017/07/21