PROSPEKT – The illuminated sky

Il y a des groupes pour qui le deuxième album est une étape délicate, surtout pour ceux qui ont fait un excellent premier album et que tout le monde attend au tournant. Pour les Anglais de Prospekt, la logique est quelque peu inversée. Après un premier album « The colourless sunrise » (2015) qui inspectait correctement mais sans plus les arcanes du métal progressif, le groupe d’Oxford arrive ici avec un deuxième opus qui va commander qu’on prenne une chaise pour s’asseoir et qu’on écoute tout ceci avec attention car un énorme pas a été franchi vers les hautes sphères de la qualité.

Raison majeure de cette spectaculaire montée en puissance, le changement de chanteur, avec l’arrivée de Michael Morris en remplacement de Richard Marshall, qui tenait le micro et le clavier. Pour ce dernier instrument, Prospekt a également recruté Rox Caprioti. Et le groupe a fait une excellente affaire avec ces deux oiseaux rares qui vont rapidement se révéler formidables dans leur spécialité. Avec déjà un guitariste hors-pair nommé Lee Luland, Prospekt a maintenant toutes les cartes en main pour s’imposer sur l’échiquier du métal progressif.

Ses atouts reposent essentiellement sur la technique et l’acharnement au travail parce que, pour ce qui est de l’originalité, Prospekt n’apporte pas vraiment de nouvelles idées, se plaçant avec obéissance derrière les grandes ombres des prédécesseurs cruciaux, genre Symphony X, Porcupine Tree et surtout Dream Theater.

Mais ceci a finalement peu d’importance devant cet excellent « The illuminated sky » qui va mettre sur la table tous les éléments qui font un album captivant dans le genre métal progressif. Les morceaux longs et alambiqués, souvent époustouflants (« The illuminated sky », « Beneath Enriya », « Alien makers of discord », « Cosmic emissary », « Where masters fall ») sont toujours rehaussés de solos échevelés à la Yngwie Malmsteen, de chevauchées rythmiques irrésistibles et d’un chant dont il va falloir se souvenir. La congrégation des vocalistes à cinq octaves vient de s’enrichir de Michael Morris, dont le style navigue entre ceux de Geddy Lee (Rush), Geoff Tate (Queensrÿche) ou James LaBrie (Dream Theater).

Prospekt réalise ici son chef-d’œuvre, ce qui ne mange pas de pain quand on a que deux albums au compteur, mais on peut espérer qu’il persistera dans cette voie. Le groupe a su donner un souffle à son disque, emporté par de magnifiques solos de guitares et d’orgue, charpenté par la batterie de Blake Richardson qui n’est pas manchot non plus. Les spécialistes du genre ont déjà entendu tout ceci bien des fois et ceux qui veulent découvrir ce qu’est du bon métal progressif pourront sans crainte se pencher sur ce « The illuminated sky », qui illumine effectivement le ciel de ses parements radieux.

Pays: GB
Sensory Records
Sortie: 2017/07/21